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mardi 26 mai 2015

Crash de l'A320 dans les Alpes : deux mois après, des pompiers dénoncent

Dimanche 24/05/2015 à 12H13 - mis à jour le Dimanche 24/05/2015 à 12H13


Actualités - Crash de l'A320 dans les Alpes : deux mois après, des pompiers dénoncent



Les opérations de recherche des corps puis de dépollution ont duré plusieurs semaines sur le site. Photo ministère de l’intérieur/Dicom/Yves Malenfer


Deux mois après la catastrophe de la Germanwings, ils se plaignent des conditions dans lesquelles ils ont travaillé


Il parle mais garde les dents serrées.
 Charles* ne décolère pas, deux mois après la catastrophe aérienne de la Germanwings.
 Pour ce pompier, les supérieurs ont joué avec la sécurité de leurs hommes.
 "Dès les premiers jours, les pompiers se sont plaints de maux de tête et de vomissements. Et ont demandé la venue d'un véhicule risque chimique, raconte-t-il. Ils n'ont pas voulu. On nous a répondu que la protection des pompiers n'était pas la priorité. Qu'il fallait aller vite."


"Ce sont des pros, ils ont fermé leur gueule"


Le kérosène.
Voilà ce qui aurait causé les nausées et les migraines des pompiers, sur le site du crash.
"Mais au début, on ne le savait pas, poursuit Charles. C'est le lundi qui a suivi la catastrophe, soit six jours après, que les marins pompiers de Marseille sont venus faire une chromatographie. Ils ont prélevé l'air et ont relevé la présence de kérosène à hauteur de 300 parties par millions (PPM). Alors que la dose maximale est de 5 PPM.
Avant cela, ni les PG (peloton de gendarmerie en haute montagne, NDLR) ni les pompiers-montagne n'avaient de masque. Le lendemain, ils en portaient tous un, ajoute-t-il. Mais les gendarmes restaient une journée par relais de quatre heures. Alors que les pompiers sont restés quatre à cinq jours sans relais et ont travaillé 10 h par jour sur le site. Avec, en plus, des morceaux de cadavres à vue !", s'étrangle Charles.
Selon cet homme, l'ambiance au sein de la corporation serait devenue "très tendue".
"Les premiers hommes arrivés sur place puaient le kérosène. Et lorsque là-haut, ils ont appris les résultats de la chromatographie..."
Charles s'arrête, cherche ses mots.
"Pour eux, c'est une honte, un scandale ! Mais ce sont des pros, ils ont fermé leur gueule. C'est comme ça : quand tu es volontaire et que tu n'es pas content, tu quittes les pompiers. Si t'es un pro, tu te tais. Après, ils ont fait ce qu'on leur a demandé de faire. Tout ça, ça va être rangé au fond d'un tiroir, déplore notre interlocuteur. Maintenant, niveau ambiance, ça va mieux. Ceux qui n'ont pas été bien sont partis s'aérer."

Et Charles n'est pas seul à vouloir sortir du silence.
Ces deux hommes-là ne se connaissent pas. Et pourtant, ils racontent la même histoire...

"Les normes sanitaires ont été respectées"


Pour cet autre pompier bas-alpin, "le kérosène a formé des poches au sol, grosses comme des ballons de foot. Chaque fois qu'elles étaient grattées, on se prenait le kérosène en pleine figure", lâche-t-il. 
Quant aux appareils de mesures apportés sur site, "ils sonnaient constamment tellement c'était haut. Au final, on n'y faisait même plus attention."

Du côté de l'organisation des secours, on se dit particulièrement surpris par de tels propos.
"Le premier jour, aucun intervenant sur site ne s'est plaint", nous affirme-t-on.
 Et les jours qui ont suivi le drame, seulement deux personnes se sont plaintes de maux de têtes et de nausées."
Aussi, toujours du côté de l'organisation des secours, dès lors que les résultats d'analyses de l'eau et de l'air ont été donnés, les conditions de sécurité ont été respectées : il s'agissait d'appliquer les normes de la médecine du travail : lavage le soir même des tenues de pompiers ou port de vêtements spéciaux et port de masques de type "carrossier".
 "On ne peut réagir qu'à ce qu'on connaît", nous dit-on.
Et en l'occurrence, d'après une source proche de l'organisation des secours, "nous n'avons jamais dépassé les normes données par la médecine du travail".

* Le prénom a été changé


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