Jean-Christophe Chanut |
Pour faire face à la dégradation de la situation financière des régimes de retraites Arrco/Agirc, le Medef préconise de minorer les pensions servies aux nouveaux retraités, à compter de 2017.
Ils versent chaque année plus de 70 milliards d'euros de pensions.
Or, les perspectives financières ne cessent de se dégrader.
Les deux régimes sont en déficit depuis 5 ans. En 2013, le déséquilibre a atteint 4,4 milliards d'euros, soit plus de 6% des dépenses.
Les réserves financières des régimes asséchées dès 2018 ?
Nombreux sont les opérateurs financiers à signaler que le régime des cadres retire ses fonds investis afin de faire face à ses obligations dans le versement des pensions.
En 2014, ce montant est tombé à 6,7 milliards d'euros.
A ce rythme, l'Agirc pourrait avoir épuisé ses réserves financières dès 2018... mais avec déjà moins de trois mois d'allocations de réserve dès 2016.
Pire, le besoin de financement augmente
Aussi, les organisations patronales et syndicales, gestionnaires de des deux régimes, ont débuté en février un round de négociations pour trouver des solutions.
Une prochaine réunion importante va se tenir le 27 mai.
Le scénario d'un abattement sur les pensions servies par les deux régimes à compter de 2017 est plus que jamais sur la table.
C'est, en tous cas, la piste privilégiée par le Medef qui a rencontré l'ensemble des organisations syndicales ces dernières semaines dans des séances bilatérale pour préparer l'échéance du 27 mai.
Et des syndicats comme la CFE-CGC, la CFDT, et la CFTC sont prêts à y consentir, dans certaines conditions.
L'idée du Medef: un abattement dégressif
De fait, légalement, pensions de base et pensions complémentaires ne sont pas liées.
Selon le quotidien « L'Opinion » l'abattement atteindrait 22 % du montant des complémentaires servies la première année, puis ce pourcentage baisserait chaque année pour totalement disparaître à 67 ans : 17% à 63 ans, 12% à 64 ans, 8% à 65 ans, 4% à 66 ans.
Cependant, selon nos informations, le taux d'abattement de 22% proposé par le Medef n'est pas encore complètement acté.
Les petites pensions ne seraient peut-être pas minorées
Actuellement, sont exonérés de CSG les retraités dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 10.633 euros pour une part et 16.311 euros pour deux parts en 2015.
Au-dessus de ces plafonds, les retraités sont soumis à une CSG de 3,8% ou de 6,6% selon l'importance de leurs revenus.
Mais cette idée d'exonération n'est pas encore actée.
Cela va faire partie des discussions entre organisations patronales et syndicales.
C'est exactement la même chose concernant une éventuelle hausse de cotisations pour les retraites complémentaires.
Officiellement, le camp patronal ne veut pas en entendre parler.
Alors que la CGC propose d'augmenter de 1,25 point la cotisation Agirc (mais qui ne génèrerait des droits supplémentaires qu'à hauteur de un point) et que FO propose une hausse des cotisations Arrco et Agirc de 0,4%.
Fusion des régimes: Medef et CFDT d'accord. La CGT pas du tout
Enfin, le Medef et la CFDT se retrouvent pour demander une fusion des régimes Agirc et Arrco.
Au total, beaucoup de questions restent donc encore à trancher.
Mais un point semble acquis : il y aura des minorations de pensions des retraites complémentaires dans les années à venir.
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