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dimanche 5 avril 2015

Trafic d'enfants. 9 000 € et une BMW : c’était le prix pour un bébé

Marseille - 10h05

 

Dix personnes comparaissent mardi et mercredi à Marseille, accusées d’avoir pris part à un sordide trafic de nourrissons.
 
Au cœur de ce trafic, selon l’accusation, un Roumain de 35 ans, et les compagnons de ses trois sœurs, âgés de 25, 33 et 42 ans.
 Tous les quatre sont poursuivis pour traite d’êtres humains et comparaîtront détenus devant le tribunal correctionnel de Marseille, où ils encourent 10 ans d’emprisonnement.
D’autres de leurs proches, ainsi que des « clients », issus de la communauté des gens du voyage, seront également jugés.
Il s’agit de deux couples qui ont acheté un bébé et un autre homme, accusé lui aussi d’avoir voulu acquérir un enfant - une transaction qui ne s’était finalement pas faite.

Les pleurs d'une jeune mère

L’affaire éclate en juillet 2013, quand une dénonciation anonyme attire l’attention des services de police sur un accouchement qui vient d’avoir lieu à Marseille.
 La mère, une jeune Roumaine, qui vient de donner naissance à un garçon a intrigué le personnel soignant par ses pleurs fréquents.
 Un couple est également fréquemment remarqué auprès d’elle dans sa chambre.
Selon l’accusation, il n’y a pas de doute : le couple en question, des gens du voyage, ont acheté le bébé qui vient de naître.
Sa mère n’est autre qu’une des sœurs du Roumain de 35 ans considéré comme le cerveau du trafic.
Au cours de l’instruction, tous les protagonistes démentent un achat, multiplient les déclarations contradictoires mais peinent à expliquer pourquoi les époux ont donné en tout 9 000 € et une BMW au compagnon et au frère de la maman.

Des couples démarchés

L’enquête marseillaise est en outre très vite rapprochée d’un cas similaire survenu en Corse.
 Cette fois-ci, selon l’accusation, c’est un petit garçon né en mai 2013 qui a été vendu, par une autre des sœurs du cerveau, et son compagnon, à nouveau à un autre couple de gens du voyage.
Deux autres cas de vente, qui n’ont pas abouti, sont également mis au jour par les enquêteurs, impliquant dans un cas encore l’enfant d’une troisième sœur du suspect numéro 1, et dans l’autre, l’enfant d’un autre couple.
La méthode, relatée notamment par une femme approchée pour vendre son bébé, semble rodée : le Roumain de 35 ans, que l’accusation dépeint comme ayant un « rôle prépondérant » dans un réseau « particulièrement bien organisé », « démarche » de potentiels acheteurs avec un de ses beaux-frères dans des camps de gens du voyage, notamment dans le sud de la France et en Corse, passant de caravane en caravane pour trouver des couples stériles à la recherche d’enfants.

De 5000 à 10 000 euros par bébé

Le prix oscille autour de 5 000 à 10 000 euros par enfant, des sommes parfois complétées par une voiture, comme dans le cas du nourrisson né à Marseille.
 Une fois l’accord passé, les acheteurs sont chargés d’accueillir jusqu’à son accouchement la mère biologique de l’enfant, acheminée depuis la Roumanie, avant de déclarer l’enfant auprès des autorités.
Les deux hommes « ne comprennent pas pourquoi ils sont poursuivis, pour eux, ce n’est pas très grave », souligne leur avocat Daniel Roscio.
 
Pour l’accusation en tout cas, qui évoque la « facilité déconcertante avec laquelle les ventes d’enfants étaient décidées », le système était sans doute en place depuis un moment, et d’autres transactions que celles qui seront jugées à Marseille ont sûrement eu lieu auparavant.

ouest-france.fr via fdesouche

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