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jeudi 5 février 2015

Ukraine : Obama veut-il la guerre totale ?


 
 
 Le 05/02/2015
 

Qui alimente le brasier ?

La guerre fait rage au Donbass.
 L’est de l’Ukraine n’aura pas connu la trêve hivernale que beaucoup attendaient ou espéraient.
Une guerre que trop de journalistes s’entêtent à qualifier de « civile »…
En avril 2014, le nouveau pouvoir, issu du coup d’État du Maïdan du 22 février 2014, lance une vaste opération « antiterroriste » contre les régionalistes russophones du Donbass.
 Ceux-ci, devant l’intransigeance de Kiev, se radicalisent peu à peu et réclament l’autonomie au sein d’une fédération ukrainienne.
Las, l’affaire dégénère vite après le massacre d’Odessa le 2 mai et le régionalisme se mue en séparatisme.
 D’après les Nations unies, le conflit aurait fait au total quelque 5.000 victimes civiles.
Depuis le 9 janvier, l’intensité des combats ne cesse d’augmenter et parallèlement le nombre des morts… alors que plusieurs milliers de soldats gouvernementaux se trouvent pris au piège du « chaudron » de Debaltsevo.
Mais qui alimente le brasier ?
 Kiev ne cesse de clamer que la Russie fournit des armes et des hommes aux nouvelles républiques autonomes de Donetsk et Lougansk.
Moscou oppose, pour sa part, démentis sur démentis à ces accusations, les dénonçant comme infondées, les autorités ukrainiennes n’ayant jusqu’à présent jamais fourni la moindre preuve à l’appui de leurs dires.
Un certain écart apparaît d’ailleurs à ce sujet entre les déclarations des politiques et celles des militaires ukrainiens : le 31 janvier dernier, le général Victor Moujenko, chef d’état-major général, n’a-t-il pas avoué que « l’armée ukrainienne ne combattait pas contre des unités régulières de l’armée russe… la participation de citoyens et militaires russes aux combats n’étant que des faits isolés » ?
 Des propos à comparer avec ceux, aussi péremptoires que contradictoires, du président ukrainien Petro Porochenko, du secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg et, aux États-Unis, du belliqueux sénateur McCain.
Du côté américain, le 2 février, Washington confirmait une information du New York Times selon laquelle le commandant en chef des forces de l’OTAN, le général Philip Breedlove, serait favorable à la fourniture à l’armée ukrainienne d’armes défensives – élégant euphémisme — et autres équipements.
 La veille, un mémo d’experts cosigné par une brochette de diplomates et de militaires de haut rang était rendu public sous la forme d’un rapport pour Le maintien de l’indépendance ukrainienne et l’opposition à l’agression russe. Ce que doivent faire les États-Unis et l’OTAN*.
 Ce document, publié sous l’égide de l’Atlantic Council, de la Brookings Institution et du Conseil de Chicago pour les affaires globales, recommande fortement l’envoi au profit de l’armée ukrainienne d’équipements militaires létaux, parmi lesquels les fameux lance-missiles antichars Javelin… ceci pour un montant 3 milliards de dollars.

Une très mauvaise idée pour Berlin car « une solution militaire, ce n’est pas celle que le gouvernement fédéral voit comme issue possible à cette crise ».
 Déclaration frappée au sceau du bon sens de la porte-parole du gouvernement allemand, Christiane Wirtz.
Celle-ci rejoignait la position exprimée à la Maison-Blanche par Ben Rhodes, conseiller adjoint à la Sécurité nationale du président Obama.
Celui-ci estime en effet de façon dissonante que « la livraison d’armes aux forces ukrainiennes n’aiderait pas à régler le conflit dans le Donbass ».
 Dont acte !
Restera finalement à savoir si les intentions affichées à Washington auront été purement déclaratives, ou si le camp des partisans de la confrontation Est/Ouest, notamment au Sénat, parviennent à l’emporter.

 En ce cas, l’escalade risque bien de se transformer très rapidement en montée aux extrêmes.

 Demain la guerre aux frontières de l’Union ?

* Parmi les signataires figurent l’ex-ambassadeur américain à l’OTAN Ivo Daalder, l’ancienne sous-secrétaire à la Défense Michèle Flournoy, l’ancien sous-secrétaire d’État Strobe Talbott, les anciens ambassadeurs des États-Unis en Ukraine Steven Pifer et John Herbst et l’ancien commandant adjoint du commandement de l’OTAN en Europe James Stavridis.

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