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mardi 3 février 2015

L'agresseur des trois militaires blessés à Nice était suivi par la DGSI .

Par Jean-Marc Leclerc, Christophe Cornevin
Mis à jour le 03/02/2015 à 23:02
Publié le 03/02/2015 à 17:30            

Les trois soldats agressés étaient membres du 54e régiment d'artillerie.
 
Les trois soldats agressés étaient membres du 54e régiment d'artillerie. Crédits photo : ERIC GAILLARD/REUTERS
 
Les trois soldats ont été légèrement blessés mardi dans le centre de Nice, alors qu'ils patrouillaient devant un centre communautaire juif dans le cadre du plan Vigipirate. Le parquet antiterroriste a été saisi. La police a perquisitionné le domicile du suspect à Mantes-la-Jolie.
 
Depuis des semaines, le scénario était redouté par les forces de l'ordre.
Il aurait pu se dérouler en région parisienne, qui concentre à elle seule plus de la moitié de 10.500 militaires mobilisés dans le cadre du plan Vigipirate.
Il a eu pour théâtre le centre-ville de Nice.
Mardi peu avant 14h30, un inconnu descend du tram à un arrêt situé aux abords de la place Masséna.
 Pour une raison qui reste à déterminer, il s'approche de trois militaires protégeant dans le cadre du plan Vigipirate le consistoire israélite.
 Le bâtiment, situé avenue Jean-Médecin, abrite par ailleurs Radio Shalom et une association juive.
 Faisant tomber un sac en plastique pour détourner l'attention des sentinelles, l'homme sort soudain de sa manche un de ses deux couteaux, long de vingt centimètres, et attaque le premier militaire à sa portée.
 Constatant qu'il portait un gilet pare-éclats, l'agresseur lui porte un coup au visage, provoquant une entaille très profonde au niveau de la pommette.

Ses deux camarades, affectés tout comme lui au 54e régiment d'artillerie, bondissent aussitôt sur l'agresseur qui se rebelle.
 L'un d'eux, qui a esquivé plusieurs coups, a été blessé à l'avant-bras.
 L'autre, touché de manière plus superficielle à la main, a plaqué l'individu au sol avant que des CRS interpellent le forcené.
 Les militaires blessés ont été évacués vers le service des urgences de l'hôpital Saint-Roch.
Leur pronostic vital n'est pas engagé.
 Lors de sa garde à vue, les policiers ont retrouvé sur le suspect des papiers au nom de Moussa Coulibaly, a priori simple homonymie avec Amedy, le tueur de l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris.
Né en novembre 1984 à Mantes-la-Jolie, où il dispose de son dernier domicile connu, l'homme était signalé par les services de renseignement.

Refoulé par la Turquie

Déjà condamné à six reprises pour violences à dépositaires de l'autorité publique, vol, outrage et rébellion, usage de stupéfiants ainsi que vandalisme, Moussa Coulibaly est apparu très récemment sur les écrans radars de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
Le 28 janvier dernier, il avait éveillé les soupçons de la Police aux frontières en quittant la France depuis Ajaccio, où il aurait séjourné plusieurs jours, pour rejoindre la Turquie, muni d'un aller simple.
Ce critère «objectif» suffit pour déclencher une alerte sur tout djihadiste potentiel en partance pour la Syrie.
 «Il a donc été signalé sans délai par la DGSI aux autorités turques qui l'ont refoulé», a expliqué une source proche du dossier.
 «À son retour, il a été entendu par la DGSI, mais son entretien administratif n'a pas permis de recueillir d'informations suffisantes pour judiciariser son dossier», a-t-elle ajouté.
Un élément qui suscitait dès mardi soir un début de polémique: «Pourquoi un homme au passé judiciaire chargé, qui s'est rendu dans une région sensible, connue pour ses foyers terroristes, a pu rentrer en France et être libre de tout mouvement?» s'interroge ainsi le député UMP de Nice, Éric Ciotti.

La salle de sports que fréquentait Coulibaly dans les Yvelines avait d'ailleurs signalé son basculement dans l'islam radical dès la mi-décembre.
«Les services de renseignements s'étaient aussitôt mis dessus mais il avait disparu de la circulation», confie au Figaro une source informée.
Peu après l'agression des trois militaires, la section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert une enquête dans l'après-midi confiée à la Sous-direction antiterroriste (Sdat) ainsi qu'à la DGSI.
 La police a perquisitionné son domicile à Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Les perquisitions ont commencé à 20h, dans un immeuble de huit étages du Val-Fourré, un quartier sensible de la ville.

Daech profère de nouvelles menaces

Un second suspect a été interpellé mardi sur la place Masséna à Nice.
Âgé de 43 ans, né au Tchad et de nationalité canadienne, il a été repéré alors qu'il circulait sans billet dans le même tram que Coulibaly.
Des vérifications étaient en cours mardi soir pour voir s'il y a un lien avec cet attentat.
 La police a également perquisitionné dans la soirée le domicile de Moussa Coulibaly au Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie.
Plusieurs membres de sa famille ont été emmenés par les policiers afin d'être entendus.
Joël Mergui, président du Consistoire de France, a réagi mardi en déplorant que les attentats de janvier n'aient pas servi «d'avertissement aux extrémistes, qui n'ont de cesse de s'en prendre à la communauté juive».
Considérant que ce «mode opératoire utilisé à Nice laisse craindre le passage à l'acte», il évoque «un mot d'ordre des islamistes radicaux dont les vidéos d'appel aux meurtres pullulent sur les réseaux sociaux».

Dans une vidéo diffusée mardi sur des forums islamistes et comptes djihadistes, le groupe État islamique a proféré de nouvelles menaces contre la France en affirmant avoir des milliers de partisans dans ce pays prêts à mener des attaques.

 Entouré de six autres hommes en treillis, armés et masqués, un combattant a appelé en français les musulmans à prendre pour cible les millions de personnes qui avaient défilé en janvier pour afficher leur solidarité avec Charlie Hebdo.

 L'homme encourage les musulmans à attaquer au couteau les policiers et les soldats pour se procurer des pistolets et des fusils.

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