Chroniqueur politique
Édité par Rémy Demichelis
LE PLUS. À force de vouloir jouer la surenchère sur des sujets comme l’Europe, la loi Taubira ou l’immigration, Laurent Wauquiez est tombé sur un os avec Marion Maréchal-Le Pen, lundi 1er novembre, à "Mots croisés" sur France 2.
Il y a des semaines comme ça où tout va mal !
Prenez Laurent Wauquiez, le "jeune" qui parle à l’oreille droite de Nicolas Sarkozy.
Eh bien, s’il comptait se refaire une santé médiatique, lui qui vient d’être largement distancé par un Bruno Le Maire en pleine forme dans la course des quadras de l’UMP, c’est raté !
Invité par Anne-Sophie Lapix à "Mots croisés", lundi soir, pour venir expliquer "où va la droite", il a clairement répondu qu’elle allait dans le mur à force de faire de l’œil à l’extrême droite.
Concrètement, il s’est fait dévorer tout cru par Marion Maréchal-Le Pen, la toute jeune députée du Vaucluse, ce bébé requin de la politique dont il espérait ne faire qu’une bouchée et qui l’a abandonné, exsangue et ridicule en fin d’émission, sur le plateau de France 2.
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Plus à droite que moi, tu meurs
Décidément, Nicolas Sarkozy a dû être déçu s’il comptait sur Laurent Wauquiez, lundi soir, pour faire le pont entre les militants de l’UMP et les adhérents du Front national, et si le député-maire du Puy-en-Velay avait pour mission de démontrer qu’il y avait davantage que le sondage de "Marianne" pour rapprocher la droite de l’extrême droite.
Les téléspectateurs de France 2, marginalisés par la crise, terrorisés par les bouleversements économiques et sociétaux, tentés par le repli sur soi et la recherche de boucs émissaires, en un mot écœurés par l’impuissance des politiques, se seront sans doute dit, une fois de plus, qu’il n’y avait pas photo.
Entre un Laurent Wauquiez beau parleur mais sans cesse débordé sur sa droite malgré ses efforts nauséeux et la représentante du clan Le Pen intraitable à défendre son fonds de commerce, ils ont forcément préféré l’original à la copie et la jeune députée du Vaucluse à l’élu de la Haute-Loire.
Au petit jeu du "plus à droite que moi, tu meurs" sur des sujets aussi sensibles que la loi Taubira, ou encore sur l’immigration ou sur l’Europe, Laurent Wauquiez, à force d’y aller avec ses gros sabots, s’est pris les pieds dans le tapis, sans doute à la fois par excès d’arrogance et de confiance en lui, mais aussi très clairement par manque de travail.
Cette fois, Laurent Wauquiez se tait
Prenez l’exemple le plus flagrant de cette déconfiture.
Durant l’émission, Laurent Wauquiez est convaincu qu’il va pouvoir facilement terrasser son adversaire sur l’Europe.
Voilà qu’il développe l’argument usé de la sortie de la France de l’UE et qu’il aborde la question de l’abandon de l’euro et du retour au franc.
Comment, concrètement, compte faire le Front national ?
Sauf que Marion Maréchal-Le Pen, qui l’attend de pied ferme sur ce thème, lui retourne l’argument du manque de réalisme.
Comment Laurent Wauquiez, cet éphémère ministre des Affaires européennes de Nicolas Sarkozy, qui veut en finir avec l’Europe des 28, qui souhaite revenir à un "noyau dur" de six membres, compte-t-il faire concrètement pour mener à bien un tel projet ?
Comment compte-t-il contourner l’article 48 du Traité européen qui exige l’unanimité des membres de l’UE pour parvenir à un tel bouleversement ?
Comment peut-il démembrer cette Europe, passer de 28 à 6 sans toucher à cet euro et sans lui-même revenir au franc ?
Cette fois, Laurent Wauquiez se tait, incapable d’opposer un argument sérieux à celle qui le prend soudain en défaut dans son propre domaine de compétence, les Affaires européennes, et qui a pris la précaution, face à lui, de potasser son sujet à fond.
Elle peut être très dangereuse
Or, contrairement à Laurent Wauquiez qui compte sur son brio, sur son expérience des médias et sur sa rhétorique, Marion Maréchal-Le Pen est une incontestable bosseuse.
En 2010, par exemple, elle s’était retrouvée sur la liste des régionales d’Ile-de-France par la volonté d’une amie de la famille Le Pen, Marie-Christine Arnautu.
Celle-ci se souvient :
C’est sans doute l’une de ces fiches qui a fait tomber Wauquiez, lundi soir, chez Anne-Sophie Lapix et qui démontre, une fois de plus, que le Front national évolue et se professionnalise.
La députée du Vaucluse, qui représente sans aucun doute, la nouvelle génération du FN, a démontré qu’elle pouvait être très dangereuse, défendant ses idées les plus nauséabondes avec un sourire d’ange, argumentant comme un vieux briscard, avec une politesse à la fois glaciale et arrogante sans jamais se laisser démonter par la suffisance de son adversaire.
Et surtout, surtout, elle a su l’emporter avec une arme fatale, la connaissance incontestable des sujets qu’elle entendait traiter, au point de tendre des pièges à un Laurent Wauquiez mal préparé, contraint par exemple de faire de la surenchère sur des marqueurs droitiers aussi détestables que l’Aide médicale d'État, l’immigration ou le mariage pour tous.
Florian Philippot trop "à gauche"
Sur la loi Taubira, le député de Haute-Loire a voulu faire la différence, en rappelant que le camp des cathos, c’était sa chasse gardée puisqu’il avait fait toutes les "manifs pour tous" (on se souvient du déplorable "ils ont tiré sur les enfants !").
Et de critiquer la position ambiguë de Marine Le Pen, qui, contrairement à sa nièce, s’était abstenue de défiler contre le mariage gay ou contre l’avortement.
Mal lui en a pris, cette fois encore, car Marion Maréchal-Le Pen a opposé l’unanimité du comité central du FN sur ce sujet aux couacs de Nicolas Sarkozy hésitant entre abrogation et réécriture de la loi et finalement cédant sous la pression de ses militants.
Finalement, on pensera ce qu’on voudra de la députée du Vaucluse, on pourra, comme moi, considérer qu’avec ses idées rétrogrades, elle est très dangereuse pour notre pays, n’empêche, elle est bien, par son incontestable talent d’oratrice et de débatteuse, la digne petite-fille de Jean-Marie Le Pen.
Elle n’a pas non plus usurpé sa place à la droite de sa tante Marine, elle dont les positions les plus réactionnaires ont été plébiscitées par les adhérents du FN lors du comité central à Lyon, au détriment du numéro deux du FN, Florian Philippot, jugé trop "à gauche".
À "Mots croisés", lundi soir sur France 2, Marion Maréchal-Le Pen a saisi l’occasion d’ajouter un nouveau nom, celui de Laurent Wauquiez, à son tableau de chasse de jeune fauve de la politique.
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l' un a fait Normale Sup et l'ENA et l'autre?
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