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jeudi 4 décembre 2014

Joseph, Marie et l’âne toujours personae non gratae 2.000 ans plus tard…


noel


Le 3 décembre 2014


   
Il n’en est pas de la laïcité comme du mariage, elle n’est pas tout à fait « pour tous ».

L’histoire se répète : comme il y a 2.000 ans et des poussières, à la veille de la Nativité, saint Joseph, l’âne et la Vierge se font virer par les honnêtes gens.
 Ils sont personae non gratae. Au train où on y va, ils vont finir dans une étable.
Cette fois, c’est du conseil général de Vendée qu’on les prie de déguerpir.
Le tribunal administratif de Nantes a jugé que la crèche installée dans le hall d’accueil (à l’initiative, en son temps, de Philippe de Villiers) était un « symbole religieux incompatible avec la neutralité du service public ».
« C’est une crèche de la nativité, donc c’est un emblème religieux, d’une religion particulière » a déclaré de son côté l’association la Libre Pensée, à l’origine du recours.
En 2010, dans le petit village de Montiers, la Libre Pensée avait déjà obtenu du tribunal administratif d’Amiens la disparition de la crèche sur la place de la mairie.
 Forte de ses succès, pourquoi s’arrêterait-elle en si bon chemin ?
 La crèche à la mairie de Béziers, installée par Robert Ménard, est, elle aussi, on le sait, objet de scandale : un élu PCF local, indigné, a saisi le sous-préfet.
Une crèche pour Noël ?
 Il est vrai que c’est stupéfiant, délirant, à peine croyable.
Et pourquoi pas aussi un sapin et des boules, tant qu’on y est ?

Mais jusqu’où va-t-on tirer le fil de la bobine ?
Allons donc au bout de la logique : n’est-ce pas Noël, en soi, qui est « un emblème religieux, d’une religion particulière » ?
Allez, faisons donc un grand feu, et jetons tout en vrac : les étoiles, les anges, les guirlandes lumineuses, les bougies qui scintillent, les nappes dorées, le bolduc, les chants que l’on passe en boucle, les « arbres de Noël » et les « galettes des rois » des administrations, et puis même les yeux émerveillés des enfants car enfin, si l’on gratte, si l’on va au fond du fond, il y a une raison à tout cela, une raison « incompatible avec la neutralité du service public » : la joie de la naissance du Christ.
Cela s’appelle une « racine chrétienne ».
Une de ces si nombreuses racines chrétiennes ramifiées, enchevêtrées, que l’on ne voit plus tant elles sont profondément enfoncées mais sur lesquelles fleurit depuis des siècles la terre française.
À qui le tour, ensuite, dans le broyeur ?
Le calendrier grégorien avec son point zéro tout à fait « incompatible avec la neutralité du service public », les calvaires au croisement des nationales, les multiples noms de villages, d’avenues droit sortis du sanctoral, les clochers bruyants des églises ?
 Une révolution culturelle, en somme.
Les Chinois, dit-on, ont adoré.
Sauf qu’en 2013, la Libre Pensée comme le tribunal administratif semblent l’avoir oublié, l’Observatoire de la laïcité (dépendant du Premier ministre) rappelait : « La séparation des Églises et de l’État ne doit pas être comprise comme visant à l’éviction hors de l’espace public de toute manifestation d’une conviction religieuse. »

Sauf que, toujours en 2013, lorsque le député Guillaume Chevrollier avait attiré l’attention du ministre de l’Intérieur sur la soirée organisée par la mairie de Paris, avec les impôts des Parisiens, à l’occasion du ramadan, il s’était vu répondre que « rien n’interdit aux collectivités publiques d’organiser des manifestations d’ordre culturel ».

Le ramadan serait donc d’ordre culturel, la crèche d’ordre religieux ?

 On voit qu’il n’en est pas de la laïcité comme du mariage, elle n’est pas tout à fait « pour tous ».
Alphonse Daudet en aurait fait une nouvelle : « La dernière crèche ».

 Un agent administratif qui rangerait, la gorge nouée, la Vierge, l’Enfant Jésus, roulés dans du papier journal, au fond d’un vieux carton marqué « décharge ».

Il dirait « Vive la France » et puis « c’est fini… allez-vous-en ».

À moins que quelques élus, culottés et pugnaces, ne décident d’une autre chute ?

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