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lundi 15 décembre 2014

Immigration: l'Espagne autorise les «reconduites à chaud»

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Par Mathieu de Taillac
Mis à jour le 14/12/2014 à 22:34
Publié le 14/12/2014 à 18:10

 
Des candidats à l'émigration font la queue aux alentours de la station de police de l'enclave espagnole de Melilla au Maroc en mars dernier.
 
Des candidats à l'émigration font la queue aux alentours de la station de police de l'enclave espagnole de Melilla au Maroc en mars dernier. Crédits photo : BLASCO DE AVELLANEDA/AFP

 
La Loi de sécurité citoyenne, adoptée jeudi dernier par le Congrès des députés, prévoit désormais des reconduites directes à la frontière.

Puisqu'aucune clôture ne semble assez haute pour empêcher les migrants de passer, autant faciliter les reconduites à la frontière.
Tel est le raisonnement qui semble avoir inspiré la politique migratoire du gouvernement espagnol, qui contrôle les seules frontières terrestres entre l'Europe et l'Afrique.
 À Ceuta et Melilla, deux enclaves espagnoles sur le territoire marocain, des milliers de migrants africains tentent chaque année de franchir des clôtures toujours plus hautes, mieux équipées… et plus dangereuses
Dans le texte de la très polémique Loi de sécurité citoyenne, adoptée jeudi dernier en Espagne par le Congrès des députés (la Chambre basse), une disposition a fédéré contre elle l'opposition de gauche, les ONG de défense des droits de l'homme et l'Église catholique.
L'article prévoit de légaliser des pratiques qui jusque-là étaient considérées contraires à la législation espagnole et aux normes européennes.
Les devoluciones en caliente (reconduites à chaud) pratiquées par la police et la garde civile consistent à remettre aux autorités marocaines les migrants juste après qu'ils ont posé le pied sur le sol espagnol.

Une conduite a priori incompatible avec le droit à recevoir le conseil d'un avocat, à demander l'asile ou la protection spéciale due aux mineurs.
Le ministère de l'Intérieur récuse le terme de «reconduite à chaud» et lui préfère celui de «rejet à la frontière».
Selon la théorie du ministre, Jorge Fernández Díaz, les migrants entrent en Espagne non pas quand ils passent les clôtures de Ceuta et Melilla mais lorsqu'ils franchissent le cordon policier.

Lames de rasoir

Face aux critiques de l'Église, dénonçant une loi qui «augmente la souffrance des migrants sans faire diminuer leurs arrivées», Fernández Díaz a revendiqué la valeur de la laïcité.
Une première pour un responsable public connu pour son catholicisme militant et pour avoir concédé la médaille d'or du mérite policier à la statue d'une vierge andalouse.
Malgré l'installation d'une deuxième puis d'une troisième ligne de barrières, l'implantation de caméras de surveillance et même l'ajout de lames de rasoir, 28.000 personnes sont parvenues à rentrer sur le territoire espagnol au cours des dix dernières années.
En dépit d'investissements colossaux - 140 millions d'euros au cours des 15 dernières années, selon les calculs du journal El País-, le mouvement s'intensifie.

Les images des tentatives massives de passage choquent une opinion publique déjà émue par les arrivées de bateaux de fortune sur les côtes de la Péninsule et dans les îles Canaries.

 Impuissant, le gouvernement espagnol s'exaspère de l'inaction des institutions européennes en matière d'immigration qu'il juge promptes à donner des leçons d'humanité.

 Fernández Díaz a proposé aux critiques de lui fournir «leur adresse» afin de «leur envoyer rapidement ces pauvres gens».

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