On veut bien croire que les députés socialistes à qui leur refus de voter la confiance au gouvernement de Manuel Valls n’ont obéi qu’à leur conscience...
Tous les experts de l’art militaire le savent et le disent depuis l’Antiquité et l’Anabase de Xénophon : rien de plus difficile à réussir qu’une manœuvre de retraite. La victoire fait la force et l’unité des armées.
C’est quand tout va mal, quand les revers se succèdent, quand les mauvaises nouvelles s’accumulent qu’il y a du mérite à garder son sang-froid et à serrer les rangs.
C’est à leur comportement dans l’épreuve qu’on distingue et qu’on reconnaît les vieilles troupes.
On veut bien croire que les députés socialistes à qui leur refus de voter la confiance au gouvernement de Manuel Valls n’ont obéi qu’à leur conscience.
Mais auraient-ils eu la même audace si la ligne politique adoptée par François Hollande et appliquée par son Premier ministre avait rencontré l’assentiment général et ne s’était pas traduite par les défaites électorales que l’on sait ?
Quoi qu’il en soit, on a voulu signifier en haut lieu à ces égarés que l’on ne pouvait tolérer plus longtemps leurs écarts, et l’adjudant serre-file du groupe socialiste à l’Assemblée – Bruno Le Roux – a été chargé de leur montrer de quel bois on se chauffait à l’Élysée.
Les frondeurs, du moins la plupart d’entre eux, car il y en avait quelques-uns qui étaient trop en vue ou trop protégés pour qu’on se risquât à les affronter, avisés par ses soins qu’ils ne retrouveraient pas leur place sur les bancs de la commission des affaires sociales, ont été versés d’autorité dans d’autres commissions, jugées moins intéressantes.
Une décision à peu près aussi impressionnante que si, après une mutinerie, on se contentait de muter ses auteurs dans une autre compagnie du même bataillon.
Il eût été plus normal d’exclure les coupables des rangs de la majorité et de leur retirer l’investiture du parti.
Mais c’était une rigueur qu’on ne pouvait se permettre.
Cette demi-sanction est une preuve, non de force, mais de faiblesse. Croit-on vraiment qu’elle amènera les « frondeurs » à rentrer dans le rang ?
À la première occasion, ils récidiveront et mettront la crosse en l’air.
Autre signe avant-coureur d’une prochaine débandade.
Claude Bartolone qui, lorsqu’il aspirait à remplacer Jean-Marc Ayrault, avait laissé percer le bout de l’oreille, s’était calmé depuis qu’il avait vu son ambition déçue.
Le voilà qui sort avec fracas de son silence et de la réserve que devrait lui imposer son rang de quatrième personnage de l’État, en tant que président de l’Assemblée nationale, et qui annonce dans un livre — bien mal venu pour ses amis alors que ceux-ci, en proie à mille difficultés, perdent pied et s’embourbent jour après jours dans leur gestion calamiteuse du quotidien —, qu’on se le dise, qu’il ne se taira plus.
L’heure est venue, selon M. Bartolone, de refonder la République, de rogner sur le pouvoir excessif que s’est peu à peu arrogé le chef de l’État, de lui enlever l’arme absolue qu’est le droit de dissolution, et de le contraindre à comparaître une fois par an devant le Parlement pour y exposer et y défendre son action.
La V République selon Claude Bartolone serait-elle donc un retour à la IVe ?
En aucune façon, puisque le père de la Constitution à venir prétend également supprimer la fonction de Premier ministre et réduire les pouvoirs de l’Assemblée en enlevant à celle-ci le droit de renverser le gouvernement.
Le Président serait comme aux États-Unis le chef d’une administration qui ne serait responsable que devant lui et son message annuel serait comparable au discours rituel sur l’état de l’Union.
Claude Bartolone, en somme, découvre l’Amérique.
Je ne sais ce qu’il adviendra du projet qu’il soutient.
Mais le moment est assurément mal choisi (ou trop bien, s’il s’inscrit dans le cadre d’une future candidature présidentielle) pour ouvrir un tel débat et saper une autorité déjà fort ébranlée.
Claude Bartolone en est parfaitement conscient, qui avoue avec une étonnante ingénuité qu’il s’agit dès à présent « de préparer 2017 » et que « le bilan de Hollande ne suffira pas ».
Voilà une succession ouverte avant la mort du patriarche, je veux dire de « Pépère ».
C’est quand tout va mal, quand les revers se succèdent, quand les mauvaises nouvelles s’accumulent qu’il y a du mérite à garder son sang-froid et à serrer les rangs.
C’est à leur comportement dans l’épreuve qu’on distingue et qu’on reconnaît les vieilles troupes.
On veut bien croire que les députés socialistes à qui leur refus de voter la confiance au gouvernement de Manuel Valls n’ont obéi qu’à leur conscience.
Mais auraient-ils eu la même audace si la ligne politique adoptée par François Hollande et appliquée par son Premier ministre avait rencontré l’assentiment général et ne s’était pas traduite par les défaites électorales que l’on sait ?
Quoi qu’il en soit, on a voulu signifier en haut lieu à ces égarés que l’on ne pouvait tolérer plus longtemps leurs écarts, et l’adjudant serre-file du groupe socialiste à l’Assemblée – Bruno Le Roux – a été chargé de leur montrer de quel bois on se chauffait à l’Élysée.
Les frondeurs, du moins la plupart d’entre eux, car il y en avait quelques-uns qui étaient trop en vue ou trop protégés pour qu’on se risquât à les affronter, avisés par ses soins qu’ils ne retrouveraient pas leur place sur les bancs de la commission des affaires sociales, ont été versés d’autorité dans d’autres commissions, jugées moins intéressantes.
Une décision à peu près aussi impressionnante que si, après une mutinerie, on se contentait de muter ses auteurs dans une autre compagnie du même bataillon.
Il eût été plus normal d’exclure les coupables des rangs de la majorité et de leur retirer l’investiture du parti.
Mais c’était une rigueur qu’on ne pouvait se permettre.
Cette demi-sanction est une preuve, non de force, mais de faiblesse. Croit-on vraiment qu’elle amènera les « frondeurs » à rentrer dans le rang ?
À la première occasion, ils récidiveront et mettront la crosse en l’air.
Autre signe avant-coureur d’une prochaine débandade.
Claude Bartolone qui, lorsqu’il aspirait à remplacer Jean-Marc Ayrault, avait laissé percer le bout de l’oreille, s’était calmé depuis qu’il avait vu son ambition déçue.
Le voilà qui sort avec fracas de son silence et de la réserve que devrait lui imposer son rang de quatrième personnage de l’État, en tant que président de l’Assemblée nationale, et qui annonce dans un livre — bien mal venu pour ses amis alors que ceux-ci, en proie à mille difficultés, perdent pied et s’embourbent jour après jours dans leur gestion calamiteuse du quotidien —, qu’on se le dise, qu’il ne se taira plus.
L’heure est venue, selon M. Bartolone, de refonder la République, de rogner sur le pouvoir excessif que s’est peu à peu arrogé le chef de l’État, de lui enlever l’arme absolue qu’est le droit de dissolution, et de le contraindre à comparaître une fois par an devant le Parlement pour y exposer et y défendre son action.
La V République selon Claude Bartolone serait-elle donc un retour à la IVe ?
En aucune façon, puisque le père de la Constitution à venir prétend également supprimer la fonction de Premier ministre et réduire les pouvoirs de l’Assemblée en enlevant à celle-ci le droit de renverser le gouvernement.
Le Président serait comme aux États-Unis le chef d’une administration qui ne serait responsable que devant lui et son message annuel serait comparable au discours rituel sur l’état de l’Union.
Claude Bartolone, en somme, découvre l’Amérique.
Je ne sais ce qu’il adviendra du projet qu’il soutient.
Mais le moment est assurément mal choisi (ou trop bien, s’il s’inscrit dans le cadre d’une future candidature présidentielle) pour ouvrir un tel débat et saper une autorité déjà fort ébranlée.
Claude Bartolone en est parfaitement conscient, qui avoue avec une étonnante ingénuité qu’il s’agit dès à présent « de préparer 2017 » et que « le bilan de Hollande ne suffira pas ».
Voilà une succession ouverte avant la mort du patriarche, je veux dire de « Pépère ».
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