Tous les témoignages concordent : M. Hollande est un optimiste invétéré, un optimiste incorrigible. Certains osent même : un optimiste incurable.
Tous les témoignages concordent : M. Hollande est un optimiste invétéré, un optimiste incorrigible.
Certains osent même : un optimiste incurable.
Il n’est donc pas besoin de dire dans quel état l’avait mis la série inattendue de bonnes nouvelles — bonnes pour lui – qui s’étaient succédé la semaine passée.
Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il reprenait du service et, pour l’avoir vaincu il y a deux ans et demi, le président de la République, qui s’est persuadé qu’il le battrait de nouveau dans deux ans et demi, s’en frottait les mains d’avance.
Pour la première fois depuis neuf mois, le chômage avait reculé au mois d’août, probablement en raison de l’emploi de travailleurs saisonniers, et le président de la République voyait déjà s’inverser la courbe fatale qui a tant contribué à la chute de sa popularité.
Ce premier succès signifiait que la croissance tant désirée était enfin de retour.
La balance commerciale cessait d’être un fléau.
Un cycle vertueux s’enclenchait.
L’armée française, enfin, à qui l’on demande d’en faire toujours plus avec toujours moins de moyens, accourait au secours des États-Unis en difficulté avec toute sa force de frappe.
Ce n’étaient plus les ennuis mais les Rafale qui volaient en escadrilles et, du coup, le président de la République regagnait quatre points dans les sondages.
Tel Hynkel dans Le Dictateur de Chaplin, M. Hollande s’était fait apporter un globe terrestre et contemplait, pensif, les terres émergées, les terres immergées, les pays émergents et se demandait où il allait faire tomber sa prochaine foudre.
Le temps et l’humeur du chef de l’État étaient au beau fixe.
Ce mieux n’était qu’une trompeuse rémission.
Dès dimanche soir, les grands électeurs infligeaient une nouvelle correction au Parti socialiste.
Le lundi, l’UNEDIC publiait des prévisions pessimistes suivant lesquelles le chômage allait continuer de monter tout au long de l’année 2015.
Le mardi, les pharmaciens baissaient le rideau de fer dans toute la France et les retraités descendaient dans la rue pour dénoncer l’amputation de leur pouvoir d’achat.
Le ministre de la Santé, tout en protestant de son amour pour la famille, rognait sur le congé parental et les primes à la naissance.
La dette publique franchissait le seuil des 2.000 milliards.
Les médecins annonçaient une grève et les professions libérales une manifestation.
Et chacun comprenait bien que ça ne faisait que continuer et peut-être même que commencer.
Le Président tint conseil et dit : « Nous ne laisserons pas occuper la rue par des factieux, nous ne capitulerons pas devant la violence, jamais, jamais. Le moment est venu d’organiser une contre-manifestation de masse qui montrera à tous que nous avons toujours le soutien de la vraie France, de la France profonde, de celle qui se lève tard pour ne pas aller travailler, de celle qui approuve et soutient le programme de réformes que nous avons engagé et que nous envie l’Allemagne… »
Les ministres, autour de la table, baissaient la tête et n’osaient se regarder.
« C’est bon, dit le Président, ce silence vaut approbation. Comment voyez-vous la chose, Monsieur le Premier ministre ? »
Le Catalan ombrageux qui lui faisait face gratta la terre du pied avant de foncer, tel ces toros bravos qui sont adeptes du parler-vrai.
« C’est une excellente idée », dit-il avec un accent grave et un rictus sinistre, « mais, ne nous le dissimulons pas, nous ne pouvons faire appel aux ouvriers, qui nous vomissent, aux paysans, qui nous haïssent, aux classes moyennes, que nous avons matraquées, aux retraités, qui crient comme des écorchés, aux familles, que nous venons de frapper, aux jeunes, aux adultes et aux vieux, qui ne croient plus en nous ni en rien… Appuyons-nous sur les forces qui nous sont restées fidèles. »
Après débat, il fut donc décidé que les députés socialistes, frondeurs exceptés, prendraient la tête de la Manif pour quelques-uns.
Les suivraient les sénateurs socialistes – du moins ceux qui avaient gardé leur siège.
En queue du cortège viendraient enfin les maires et les conseillers municipaux, en tout cas ceux qui n’avaient pas été balayés en mars dernier.
Les agents territoriaux qui avaient conservé leur emploi fermeraient le défilé.
Le lieu retenu pour cette démonstration de masse était la place de Furstenberg, dans le sixième arrondissement de Paris.
Certains osent même : un optimiste incurable.
Il n’est donc pas besoin de dire dans quel état l’avait mis la série inattendue de bonnes nouvelles — bonnes pour lui – qui s’étaient succédé la semaine passée.
Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il reprenait du service et, pour l’avoir vaincu il y a deux ans et demi, le président de la République, qui s’est persuadé qu’il le battrait de nouveau dans deux ans et demi, s’en frottait les mains d’avance.
Pour la première fois depuis neuf mois, le chômage avait reculé au mois d’août, probablement en raison de l’emploi de travailleurs saisonniers, et le président de la République voyait déjà s’inverser la courbe fatale qui a tant contribué à la chute de sa popularité.
Ce premier succès signifiait que la croissance tant désirée était enfin de retour.
La balance commerciale cessait d’être un fléau.
Un cycle vertueux s’enclenchait.
L’armée française, enfin, à qui l’on demande d’en faire toujours plus avec toujours moins de moyens, accourait au secours des États-Unis en difficulté avec toute sa force de frappe.
Ce n’étaient plus les ennuis mais les Rafale qui volaient en escadrilles et, du coup, le président de la République regagnait quatre points dans les sondages.
Tel Hynkel dans Le Dictateur de Chaplin, M. Hollande s’était fait apporter un globe terrestre et contemplait, pensif, les terres émergées, les terres immergées, les pays émergents et se demandait où il allait faire tomber sa prochaine foudre.
Le temps et l’humeur du chef de l’État étaient au beau fixe.
Ce mieux n’était qu’une trompeuse rémission.
Dès dimanche soir, les grands électeurs infligeaient une nouvelle correction au Parti socialiste.
Le lundi, l’UNEDIC publiait des prévisions pessimistes suivant lesquelles le chômage allait continuer de monter tout au long de l’année 2015.
Le mardi, les pharmaciens baissaient le rideau de fer dans toute la France et les retraités descendaient dans la rue pour dénoncer l’amputation de leur pouvoir d’achat.
Le ministre de la Santé, tout en protestant de son amour pour la famille, rognait sur le congé parental et les primes à la naissance.
La dette publique franchissait le seuil des 2.000 milliards.
Les médecins annonçaient une grève et les professions libérales une manifestation.
Et chacun comprenait bien que ça ne faisait que continuer et peut-être même que commencer.
Le Président tint conseil et dit : « Nous ne laisserons pas occuper la rue par des factieux, nous ne capitulerons pas devant la violence, jamais, jamais. Le moment est venu d’organiser une contre-manifestation de masse qui montrera à tous que nous avons toujours le soutien de la vraie France, de la France profonde, de celle qui se lève tard pour ne pas aller travailler, de celle qui approuve et soutient le programme de réformes que nous avons engagé et que nous envie l’Allemagne… »
Les ministres, autour de la table, baissaient la tête et n’osaient se regarder.
« C’est bon, dit le Président, ce silence vaut approbation. Comment voyez-vous la chose, Monsieur le Premier ministre ? »
Le Catalan ombrageux qui lui faisait face gratta la terre du pied avant de foncer, tel ces toros bravos qui sont adeptes du parler-vrai.
« C’est une excellente idée », dit-il avec un accent grave et un rictus sinistre, « mais, ne nous le dissimulons pas, nous ne pouvons faire appel aux ouvriers, qui nous vomissent, aux paysans, qui nous haïssent, aux classes moyennes, que nous avons matraquées, aux retraités, qui crient comme des écorchés, aux familles, que nous venons de frapper, aux jeunes, aux adultes et aux vieux, qui ne croient plus en nous ni en rien… Appuyons-nous sur les forces qui nous sont restées fidèles. »
Après débat, il fut donc décidé que les députés socialistes, frondeurs exceptés, prendraient la tête de la Manif pour quelques-uns.
Les suivraient les sénateurs socialistes – du moins ceux qui avaient gardé leur siège.
En queue du cortège viendraient enfin les maires et les conseillers municipaux, en tout cas ceux qui n’avaient pas été balayés en mars dernier.
Les agents territoriaux qui avaient conservé leur emploi fermeraient le défilé.
Le lieu retenu pour cette démonstration de masse était la place de Furstenberg, dans le sixième arrondissement de Paris.
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