Par Ivan Rioufol le 17 septembre 2014 12h20
Le paradoxe est d’observer le monde politique s’agiter et faire des phrases, tandis que les Français lassés n’écoutent plus.
"La France est malade", a justement diagnostiqué Emmanuel Macron, ministre de l’Economie, ce mercredi matin sur Europe 1.
"Le pays est en panne", avait reconnu quelques minutes plus tôt François Fillon, sur RTL.
Mais alors qu’il faudrait tout reconstruire sur les ruines d’un monde détruit, les dirigeants se montrent incapables de la moindre audace, de la moindre inventivité.
Manuel Valls n’entend pas, il l’a redit hier devant les députés, toucher au modèle social français qui est une pierre accrochée au cou des entreprises.
Comme cela était prévisible (bloc-notes du 11 juillet), le premier ministre ne débloquera donc pas le pays.
François Hollande, qui tiendra sa conférence de presse jeudi, confirmera l’immobilisme en appliquant la maxime de Confusius : "Ils troublent l’eau pour la faire croire profonde".
Cela fait quarante ans que dure cette comédie du pouvoir, avec les désastres que l’on sait.
C’est pourquoi Nicolas Sarkozy, qui fait annoncer son retour à coup de buccins pour dimanche soir sur France 2, n’est guère plus espéré que les autres.
Les Français ne veulent plus de hâbleurs.
Ils veulent des résultats.
La France ne sortira de l’ornière qu’avec le secours des citoyens eux-mêmes.
Il est faux de soutenir que les politiques agissent toujours avec prudence car ils craignent de bousculer le pays.
En réalité, le pays est prêt tout au contraire à bousculer les politiques, pourvu qu’on lui en donne les occasions légales.
Les sondages montrent que les Français sont beaucoup plus lucides et réformistes que leurs représentants, pour qui "le lieu le plus obscur est toujours sous la lampe" (pour rester dans les dictons chinois).
A moins que Sarkozy n’avalise la pratique du référendum sur des sujets pour l’instant inabordables (immigration, intégration, sécurité sociale, éducation), il lui faudra beaucoup de persuasion pour convaincre qu’il aurait changé.
Le président que les Français ont remercié en 2012 avait été globalement impuissant, trop sensible à l’air du temps, contradictoire bien souvent, guidé par l’actualité davantage que par une vision cohérente.
Si Sarkozy croit être l’homme providentiel au prétexte que l’actuel chef de l’Etat n’est, en effet, pas à la hauteur, il se trompe.
La montée de Marine Le Pen est le résultat des aveuglements de la droite comme de la gauche.
Gagnera celui qui saura redonner la parole au peuple trop longtemps méprisé.
Mais n’est-ce pas cela, la démocratie?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.