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mercredi 24 septembre 2014

Le retour en France des trois djihadistes présumés vire au fiasco

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Par Jean-Marc Leclerc
Mis à jour le 24/09/2014 à 08:11
Publié le 23/09/2014 à 22:20
 

(Photo d'illustration)

(Photo d'illustration) Crédits photo : THOMAS SAMSON/AFP
 

DOCUMENT - L'opération devait illustrer la réactivité de Paris face à la menace terroriste. Et pourtant, les trois djihadistes présumés sont rentrés de Turquie par leurs propres moyens, sans être inquiétés. Ils n'ont pas été arrêtés à leur arrivée à l'aéroport de Marseille.

L'opération devait illustrer la réactivité de Paris face à la menace djihadiste.
 Elle a viré au fiasco par une communication hasardeuse qui met soudain en exergue les failles du bouclier antiterroriste français.
Mardi midi, le ministère de l'Intérieur avait annoncé un peu vite l'arrestation de trois individus dangereux «dès qu'ils ont posé le pied en France».
 Ils revenaient en principe de Turquie, où ils avaient été arrêtés en août dernier, après avoir combattu, dit-on, dans les rangs des islamistes radicaux en Syrie.
 Parmi eux, Abdelouahed Baghdali, 29 ans, n'était autre que le mari de Souad Merah, sœur de Mohamed Merah, le terroriste qui sema la mort à Montauban et Toulouse en mars 2012.
 Déjà connu des services de police pour ses liens avec une école coranique radicale, il était parti en Syrie en février dernier.
Souad Merah l'y avait rejoint avec ses enfants en mai.
 Le second djihadiste présumé était Imad Djebali, 27 ans, ami d'enfance de Mohamed Merah.
Il a grandi dans le même quartier toulousain que le tueur au scooter.
Il avait déjà été condamné en 2008 à quatre ans de prison pour son appartenance à la filière dite «d'Artigat», nom d'un village ariégeois où résidait le chef présumé d'une filière de recrutement djihadiste en Irak.
Reste le troisième individu, Gael Maurize, un converti à l'islam radical originaire d'Albi, lui aussi connu des services antiterroristes.
Le tableau était presque parfait.
 Mais voilà: le récit du ministère de l'Intérieur était partiellement faux.
Les trois djihadistes sont rentrés en France par leurs propres moyens, sans être inquiétés.
Ils n'ont pas été arrêtés à leur arrivée à l'aéroport de Marseille où ils se sont posés comme des fleurs, prétendant même aujourd'hui, par l'entremise de leurs avocats, se tenir à la disposition de la justice.


Mes Pierre Dunac et Apollinaire Legros-Gimbert, deux de leurs avocats, ont ainsi expliqué que les trois hommes n'avaient pu embarquer dans le vol initialement prévu au départ de la Turquie et à destination de Paris, mais qu'ils avaient pu prendre un vol suivant à destination d'un aéroport de province.
Marseille, donc, selon nos informations.

 
Le commandant de bord a refusé de les embarquer

L'attaché de sécurité intérieure français basé en Turquie avait pourtant bien préparé leur retour avec les autorités à Paris et Ankara.
Mais, au moment de monter dans l'avion d'une compagnie turque, le commandant de bord, voyant à quels passagers il avait affaire, aurait refusé de les embarquer, comme c'est son droit.
 Il a fallu les faire rentrer par un vol suivant, qui atterrissait à Marseille, où rien visiblement n'était prévu pour les cueillir, puisqu'ils étaient attendus à Paris.
 Le ministère de l'Intérieur a confirmé cette version dans un communiqué: «Les services français ont été informés par leurs homologues turcs de ce changement de vol après l'arrivée sur le sol français des trois ressortissants expulsés.»
 Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a parlé mercredi d'une «initiative malencontreuse» d'Ankara de changer d'avion.
Evoquant sur France Info un «cafouillage», un «couac», M. Le Drian a assuré qu'une «solution sera vite trouvée», mais «l'initiative des autorités turques de changer d'avion a été malencontreuse».

«Le ministère de l'Intérieur a, à mon avis, dégainé un peu trop vite en annonçant leur arrestation.
 Ils n'ont pas du tout été arrêtés.
 Ils sont dans la nature, prêts à s'expliquer, à être interrogés », a déclaré mardi soir Me Legros-Gimbert.
 L'avocat s'est même montré très surpris que le passeport de son client et ceux des deux autres djihadistes présumés n'aient pas déclenché de signal dans l'aéroport d'arrivée.

Un couac dû à une panne du système de contrôle informatique à Marseille, selon le site d'informations de RTL.

Son confrère Me Pierre Dunac savoure: «Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'est la réalité. Ils ont voyagé avec leur passeport. Ils n'ont pas été inquiétés à leur arrivée.»

 Un sérieux serrage de vis s'impose dans les rangs de la police nationale, où l'amateurisme que révèle cet épisode risque d'éclabousser jusqu'au ministre.

DOCUMENT - Le communiqué de presse du Ministère de l'Intérieur
 

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