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dimanche 17 août 2014

Pour en finir avec l’euro.


Sortie de l'euro


Le 16 août 2014

   
Il est temps de prendre conscience que le projet européen est mort.

[...] La France stagne.
Elle recule même, puisque l’augmentation de la population devrait se traduire par une croissance mécanique.
 Elle en est à demander une fois de plus l’ajournement du retour aux 3 % de déficit public par rapport au PIB, ce chiffre quelque peu artificiel qu’elle avait introduit au temps où elle prenait l’Allemagne par la main.
 Outre-Rhin, on n’est pas prêt à entendre l’appel.
 Berlin continue à imposer l’autre solution, celle d’un cercle vertueux qui assainit les comptes publics, réduit les déficits, améliore la compétitivité et permet aux Européens de prendre une part importante du marché mondial.
Malgré le mauvais résultat du second trimestre, l’économie allemande reste vertueuse et exportatrice.
 Sa logique de l’offre est même confortée par l’amélioration de la situation espagnole après une terrible cure d’austérité qui laisse un quart de la population au chômage.
Néanmoins, l’Europe – et singulièrement l’Euroland – est désormais l’homme malade du monde. C’est un continent vieillissant qui marche au ralenti et se fait doubler ou distancer par ses concurrents.
 Sa richesse est en stock plus qu’en flux.
Les revenus de distribution et d’assistance y entretiennent une aisance relative davantage que la production et les échanges.
Toutefois, il y a quelques rescapés au premier rang desquels se situe le Royaume-Uni.
L’évidence saute alors aux yeux.

 Les seuls pays européens à échapper à la contagion sont ceux qui se sont protégés du virus de l’euro, ce mark bon marché qui est une monnaie trop chère pour les économies de la plupart des autres pays, notamment ceux qui ne se relançaient qu’en dévaluant, comme la France ou l’Italie.
 On ne peut bâtir une monnaie que sur une économie convergente avec un gouvernement économique responsable et des systèmes de transfert compensatoire.
 La croissance a fait espérer cette convergence.
 La crise et l’absence de croissance ont douché cet espoir.
 Le canard sans tête européen continue donc sa course aveugle vers un abaissement du niveau de vie que l’Allemagne elle-même va connaître.
 Par ailleurs, l’Europe est totalement absente de la scène mondiale et subit la politique américaine à domicile.
Faute de moyens et de volonté, elle réduit sa capacité de défense et croit trouver une solution à son déficit démographique dans un remplacement de population qui menace une identité et une tradition culturelle d’une prodigieuse richesse.
Il n’y a de politique que lorsqu’un projet est soutenu par une volonté.
 Il est temps de prendre conscience que le projet européen est mort, qu’il n’y aurait aucune personne, aucune institution pour incarner la volonté de le mettre en œuvre s’il existait toujours.
 Il y a une machine, un automate chasseur d’inflation, qui s’appelle l’euro, qui continue à fonctionner mécaniquement alors que la déflation est là.
 Sa valeur internationale donne l’illusion de la force quand elle accentue la faiblesse des zones périphériques dans un processus qui va atteindre le corps tout entier.
 Comme l’écrit François Heisbourg, ce n’est pas être anti-européen que de demander aujourd’hui le retour aux monnaies nationales.
 L’instrument monétaire est un outil indispensable du pouvoir politique.
Il n’y a pas et il n’y aura pas de pouvoir politique européen à moyen terme.
 Il y a seulement des gouvernements impuissants parce qu’on leur a retiré leurs armes.
On a voulu bâtir une Europe politique sur l’économie.

 L’échec économique risque de tuer définitivement l’Europe politique.

 Il faut, pour repartir de l’avant, redonner aux États la liberté nécessaire au redressement de leurs économies, en fonction de contextes qui se sont différenciés au lieu de se rapprocher.

Extrait de La fin salutaire de l’euro.

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