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jeudi 17 juillet 2014

Incivilités et cambriolages : un village au bord de la crise

Publié le
Par Albane WURTZ


Par peur des représailles, certains habitants préfèrent contacter la mairie plutôt que les gendarmes directement.
   Nogent-sur-Aube - À quelques kilomètres d’Arcis-sur-Aube, un petit village de 360 âmes est en proie au désarroi. Incivilités, vandalisme, menaces, cambriolages : tous se sentent abandonnés.   Par peur des représailles, tous (ou presque) préfèrent témoigner de façon anonyme.
 À Nogent-sur-Aube, plusieurs habitants ne cessent de déposer plainte.
 En cause : une petite poignée d’autres administrés de la commune.

« Des mineurs pour la plupart », explique-t-on à la mairie.

À l’origine, les incivilités avaient l’allure de blagues de potaches.
Boîtes aux lettres cassées, sonnettes arrachées, coups de pied dans les portes la nuit : des « bêtises » de mineurs désœuvrés, livrés à eux-mêmes, déscolarisés.
Mais depuis près de trois ans, les incivilités revêtent une tout autre forme.
 Contraventionnelles, elles deviennent délictuelles.
Le père de Valérie*, par exemple, a déjà reçu des jets de pierre, a vu les vitres de sa maison cassées, son muret embouti par une voiture.
 Depuis quelque temps, il est même réveillé toutes les nuits par des coups donnés sur ses volets.
 Mais comme beaucoup d’autres, ce Nogentais a peur des représailles.
« Les gens voient tout mais ne parlent pas », déplore l’un des rares habitants à témoigner à visage découvert, le commandant honoraire André Belleville.
Certains n’osent même plus appeler les gendarmes eux-mêmes et contactent d’abord la mairie qui, elle, sert de relais auprès des militaires de la gendarmerie.
« On contacte les gendarmes au moins deux ou trois fois par semaine », étaye la municipalité.

De multiples dépôts de plainte

Moyens de locomotion volés, parfois incendiés : à Nogent-sur-Aube, le repos n’est toujours que de courte durée.
Valérie*, par exemple, s’est fait voler sa voiture.
Véhicule finalement retrouvé non loin de l’agglomération troyenne.
Réparé, il sera à nouveau volé quelques jours plus tard.
 Et brûlé.
 Pour le compte de son père, Valérie a déjà déposé plainte cinq ou six fois.
 Pour elle, trois ou quatre fois. Sans compter les autres épisodes pour lesquels elle n’a pas contacté la gendarmerie.
S’ils avouent avoir fait l’acquisition d’armes, les habitants ne sont pas rassurés pour autant. « Certains d’entre nous n’osent plus laisser leurs enfants jouer seuls dehors », avance l’un d’eux.
 « Il y aura bientôt un mort à Nogent », lance un autre habitant, excédé.
Lui a déjà porté plainte plus d’une dizaine de fois.
Persuadés de vivre au sein d’une « zone de non-droit », les Nogentais racontent aussi qu’ils se sentent abandonnés par la gendarmerie locale.
« Depuis des années, on entend qu’ils ne peuvent rien faire », se désolent-ils.

Vol et saccage sous les yeux des propriétaires

Mais depuis quelques semaines, les larcins encagoulés ont remplacé les insultes à visage découvert.
Fin juin, un samedi, au domicile d’un couple de personnes âgées.
La femme de ménage quitte la maison, la chienne aboie depuis plus d’une demi-heure.
Plusieurs hommes encagoulés font alors irruption dans la maison, bousculent le propriétaire et lui réclament argent et armes.
L’homme refuse de s’exécuter.
 Les assaillants commencent alors à tout saccager.
Et repartent avec la sacoche et le portefeuille du propriétaire.
 Sous les yeux de son épouse, malade.
« Les traces de leur fuite étaient bien visibles dans le jardin et vers le muret mais personne n’a pris la peine d’effectuer des relevés », s’agace l’un des enfants du couple.
 Qui, lui, a déjà déboursé plus de 5 000 € dans des systèmes de vidéoprotection.
Une semaine plus tard, dans la nuit du vendredi au samedi suivant, à quelques mètres de là, une autre dame âgée, veuve, a subi le même traumatisme.
Réveillée par ce qu’elle croit être des éclairs, elle est finalement intriguée par leur mouvement. « Quand la cuisine s’est entièrement illuminée, j’ai paniqué et je me suis levée », raconte-t-elle, encore sous le choc.
Trois hommes encagoulés fouillaient dans ses tiroirs. Ils repartent finalement sans heurts avec un sac à main et des livres.

« Les livres ne les intéressaient pas, bien évidemment. Le sac a été retrouvé près d’une mare, abandonné », souligne la victime.

Le groupement de gendarmerie de l’Aube a pris le problème à bras-le-corps.
 Des opérations vont être menées (voir ci-dessous)…

* Le prénom a été changé.

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