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samedi 5 juillet 2014

En « Punissant » la France, les États-Unis ont tout simplement accéléré la mort du Dollar.

    

Même nous n’avions pas anticipé cette conséquence « non intentionnelle », suite à l’amende de plusieurs milliards venant des États-Unis envers la BNP (touchant profondément la France).

Il y a quelques instants, personne d’autre que cet homme très influent, le Gouverneur de la Banque nationale française Christian Noyer (1), président du conseil d’administration de la Banque des règlements internationaux ( BRI), membre du Conseil des Gouverneurs de la Banque Centrale Européenne, a lancé cette bombe, dans un long entretien donné au magazine français Investir: (repris par Bloomberg et al.) :

Question posée à C. Noyer : « Le rôle du billet vert comme devise internationale ne constitue-t-il pas un risque systémique ? »
 
Réponse de C. Noyer : Au-delà de ce cas particulier, l’accroissement des risques juridiques venant de l’application des règles américaines à l’ensemble des transactions en dollar de par le monde peut pousser à une diversification des devises utilisées.
 
BNP Paribas a été l’occasion pour de nombreux observateurs de se rappeler qu’il y avait déjà eu un certain nombre de sanctions et de penser qu’il y en aurait certainement d’autres dans le futur.
 
Un mouvement de diversification des devises utilisées dans le commerce international est inévitable. Le commerce entre l’Europe et la Chine n’a pas besoin d’utiliser le dollar et pourra être intégralement libellé et réglé en euro ou en renminbi. La marche vers un monde monétaire multipolaire est l’orientation naturelle, dès lors qu’il existe plusieurs grands ensembles économiques et monétaires très puissants.
 
La Chine a ainsi décidé de développer le renminbi comme monnaie de règlement. La Banque de France a été à l’origine du swap BCE-Banque populaire de Chine (BPOC) et nous venons de conclure un mémorandum sur la création d’un système de compensation du renminbi offshore à Paris. On a une très forte coopération avec la BPOC dans ce domaine. Mais ce sont des évolutions qui prennent du temps.
 
Il ne faut pas oublier qu’il s’est passé plusieurs décennies après que les États-Unis sont devenus la première économie du monde pour que le dollar remplace la livre sterling comme première monnaie internationale. Mais le phénomène de l’extension de l’application des règles américaines à toutes les transactions en dollars de par le monde peut avoir un effet d’accélération. » (2)
 
En d’autres mots, le Président de la Banque de France, membre de la BCE, vient juste d’émettre une menace envers l’actuelle monnaie de réserve (jusqu’à maintenant), le dollar des États-Unis.

Mettons cette épisode en contexte : dans une tentative de punir la France pour continuer la livraison du navire de guerre amphibie (Mistral) à la Russie, les États-Unis « punissent » la BNP (avec une tentative de chantage échoué).
Rappelons-nous ce que Poutine avait révélé (3), la pénalité de BNP était utilisée comme une carotte pour démotiver la France de conclure la transaction des Mistral : si Hollande avait abandonné l’accord, on aurait probablement puni la BNP avec une amende bien inférieure, voir abandonné complètement l’amende.
Ce chantage c’est par contre retourné d’une façon terrible quand, en conséquence, le responsable de la banque centrale française précise clairement que non seulement le statut de monnaie de réserve du dollar n’est pas sacro-saint, mais que « le monde » cherchera maintenant activement à éviter des transactions en USD pour échapper au tentacule « pax Americana ».

Puis, la plus grande ironie de tout est que dans « la punition » de la France pour commercer avec la Russie, ce pays principal de l’alliance eurasienne de la Russie et la Chine, les États-Unis ont simplement accéléré la gravitation de la France (et de toute l’Europe) précisément vers l’Eurasie, vers un monde multi-polaire (désolé pour les partisans fanatiques d’un monde à monnaie unique basé sur le Droit de tirage spécial (SDR) et le dollar US (USD …) et loin du billet vert.

Le statut de posséder la monnaie de réserve ne dure pas éternellement :
Evolutions du statut de monnaie de réserve de 1400 à nos jours
Evolutions du statut de monnaie de réserve de 1400 à nos jours US = États-Unis ; Britain = Royaume-Uni ; Netherl = Pays-Bas ; Spain = Espagne
Pendant ce temps, quelque-part, Poutine continue à rire.

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