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vendredi 4 juillet 2014

Ambiance tendue à la Ronde Couture .


CHARLEVILLE-MEZIERES (08). Sept voitures incendiées et quatre endommagées, tel est le bilan de la nuit de mardi à mercredi à la Ronde Couture. Cet acte fait échos aux nombreux faits divers que vit le quartier depuis plusieurs mois.

Latente et sourde depuis la fusillade mortelle du 23 juin, la colère s’est peut-être exprimée au cours de la nuit de mardi à mercredi, où onze voitures ont été détruites ou endommagées par le feu.
Malgré les appels au calme de l’imam de la mosquée de Charleville-Mézières, la violence a donc surgi sans crier gare dans le quartier de la Ronde Couture, quelques heures à peine après les obsèques de Jaouel Rondeau, ce père de deux enfants tué d’une rafale d’arme automatique lors d’un différend survenu après une bagarre avec les utilisateurs d’un quad.
Outre les appels religieux à la modération, la période du ramadan, lors de laquelle les fidèles s’interdisent en principe toute pensée impure, comme le recours à la violence, avait très vraisemblablement contribué à maintenir le calme.
 « Mais tout le monde n’est pas musulman à la Ronde Couture, ni même pratiquant », fait observer sur place un travailleur social.
À tort ou à raison, ces incendies relèvent pour beaucoup du coup de semonce.
« À mon avis, les personnes qui ont fait ça voulaient marquer le coup. Il est dommage que cela se répercute sur des personnes (les propriétaires des automobiles) qui n’avaient rien demandé », poursuit l’éducateur.
 L’avertissement est vraisemblablement adressé aux services de police et à la justice, à qui il est reproché de ne pas travailler assez vite, ni assez efficacement.
 « Certes, le tireur présumé a été arrêté et mis en prison. Mais vous trouvez normal que les deux commanditaires ne soient même pas allés au bout de leur garde à vue avant d’être relâchés ? De même, vous trouvez normal que le tireur du Lidl, qui partage des liens avec la famille des commanditaires de la fusillade, soit encore en liberté alors que tout le monde sait de qui il s’agit ? », pestait, la veille des faits, un participant à la marche silencieuse.
 La police a beau rétorquer qu’il lui faut « des preuves tangibles » pour ficeler un dossier solide – « ce qui n’est pas toujours facile à faire comprendre », admet le même travailleur social –, la Ronde Couture a un besoin évident de justice.
« En tout cas, ce n’est pas une bonne manière de nous le faire comprendre en brûlant les véhicules d’honnêtes gens », assène un policier.
 Chose rare dans le quartier, beaucoup se disent prêts à collaborer avec les enquêteurs sur l’affaire de la fusillade.
 « D’habitude, on se heurte à la loi du silence dans ce genre de dossier. Là, les gens sont prêts à parler, et même à écrire leurs témoignages sur les murs(*)  », remarque un habitant de la Ronde Couture.

Un épiphénomène pour le préfet des Ardennes

Dire que la police, présente mais discrète, a été surprise par les événements serait mentir.
Celle-ci n’a, en revanche, pas l’intention d’envenimer les choses.
 Un point de vue partagé par le préfet des Ardennes, Frédéric Périssat : « Il n’y a pas de raison de faire revenir les forces mobiles à ce stade. Nous allons renforcer les équipes habituelles qui travaillent sur le secteur. Dans le quartier, il y a beaucoup d’inquiétude, mais pas d’agressivité particulière. Nous ne sommes pas dans l’affrontement. Il n’y a d’ailleurs eu aucune provocation ni violence à l’encontre des forces de l’ordre. Pour moi, il s’agit d’un épiphénomène, certes grave et pénalisant pour les victimes et pour lesquelles toutes les investigations nécessaires seront entreprises, mais il ne s’agit pas d’un épisode de violence urbaine. »

Les jours prochains donneront peut-être raison au préfet.
 En attendant, la police est disposée à recevoir les témoignages qui pourraient permettre d’identifier le ou les incendiaires.

(*) Au lendemain du drame, des messages adressés aux personnes supposées impliquées dans la tuerie ont été écrits sur les murs du lieu de la fusillade.

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