Comment peut-on encore se prévaloir d’une quelconque notion de « patriotisme » quand on assiste, de fait, à un tel retournement, suivi d’une telle capitulation ?
L’affaire Alstom touche à sa fin, annonce-t-on.
Annonce toutefois un peu prématurée, comme celle faite en début de week-end par le gouvernement pour annoncer l’entrée de l’État français dans le capital de cette société… alors que rien n’était encore conclu : la négociation avec Bouygues pour le rachat de 20 % des parts que ce groupe détient dans Alstom achoppait à ce moment encore.
Bouygues exigeait 35 euros par action et le gouvernement n’entendait pas en lâcher plus de 28…
Non, alors que rien n’était encore finalisé, les déclarations ont néanmoins fusé.
De plus, alors que le gouvernement s’opposait depuis des mois à l’offre de General Electric, voilà brusquement qu’il annonce vendredi soir « préférer l’offre de l’américain GE à celle déposée par le tandem germano-nippon Siemens/Mitsubishi Heavy Industries, et son intention d’entrer au capital d’Alstom à hauteur de 20 % afin d’exercer sa « vigilance patriotique », selon les mots d’Arnaud Montebourg », écrit le Monde.fr.
Comment peut-on encore se prévaloir d’une quelconque notion de « patriotisme » quand on assiste, de fait, à un tel retournement, suivi d’une telle capitulation ?
« Ce groupe devait rester français, c’est stratégique […]
L’activité énergie d’Alstom, qui représente 70 % de son chiffre d’affaires, va passer sous pavillon américain », a ainsi constaté Florian Philippot, vice-président du Front national.
Et en plus, on va payer pour ça !
Car quel que soit le montant final du rachat de l’action au groupe Bouygues, c’est le contribuable français qui sera sollicité : l’argent de l’État est avant tout le sien !
La déclaration d’Arnaud Montebourg — l’entrée de l’État au capital d’Alstom coûtera zéro euro aux contribuables – ajoute par ailleurs au mensonge délibéré la médiocrité d’une affligeante démonstration, à peine digne d’un animateur de télé-achat :
« Aujourd’hui, parce que nous avons vendu un peu de Safran, d’Airbus et d’Aéroports de Paris, nous disposons de 2,7 milliards d’euros en caisse. Une partie de cette somme nous a permis de financer le réinvestissement (800 millions d’euros) dans PSA, lors de l’entrée du chinois Dongfeng. Et nous sommes confortables pour intervenir dans Alstom. »
Arnaud Montebourg, faux patriote, mais champion hors pair du bonneteau économique, donc…
Quant à l’argument du « droit de veto » que détiendrait à l’avenir l’État français dans cette entreprise industrielle – qui, rappelons-le, développe des technologies d’avenir comme les énergies renouvelables – pour la maintenir sous contrôle national, le fou rire nerveux l’emporte sur la perplexité : quelles pourront bien être les modalités de ce droit de veto gouvernemental en détenant seulement 20 % du capital… alors que la loi met à 33 % le seuil pour un veto possible ?
Et enfin, que penser de l’attitude du groupe Bouygues, touchant des millions d’euros de commandes de l’État français pour la construction du nouveau ministère de la Défense… et qui fait ainsi monter les enchères pour lui vendre ses parts dans Alstom ?
Le « patriotisme économique », pour Martin Bouygues, n’est, semble-t-il, qu’un simple argument de négociation.
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