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dimanche 18 mai 2014

Trafic de drogue à La Courneuve: Qui sont les frères Houmani, les parrains du 93?

 Créé le 15/05/2014 à 18h56 -- Mis à jour le 15/05/2014 à 19h19


Vue d'une entrée de la ville de La Courneuve.
 
 PORTRAIT - «20 Minutes» épluche le casier judiciaire de la fratrie après le coup de filet à la cité des 4.000...
 
Il y a ceux qui poursuivent leur chemin, faisant mine de ne pas avoir entendu; ceux qui lancent d’un regard inquisiteur «Qu’est-ce que vous leur voulez?»; et ceux qui s’épandent facilement avec une lueur d’admiration.
A La Courneuve (Seine-
Saint-Denis), quelles que soient les réactions, l’évocation du nom Houmani ne laisse pas indifférent. Les habitants du quartier Balzac, au cœur de la cité des 4.000, ont assisté aux premières loges, mardi soir, à l’interpellation de onze personnes dont deux des frères Houmani, Djamel et Hamid, soupçonnés d’être à la tête d’un important trafic régional de drogue.
Depuis deux jours, peu d’informations ont filtré du côté des policiers qui les interrogent sur commission rogatoire d’un juge d’instruction.
 La durée de leur garde à vue va sans doute «aller au terme des 96 heures», dit-on simplement de source judiciaire.
Quatre jours qui se justifient par les faits reprochés: «trafic de stupéfiants en bande organisée». 
«Du lourd», des «gros poissons», commente un policier du 93.
 
«Des bandits ultra-violents»
 
Il faut dire que la fratrie Houmani (Hamid, 30 ans; Djamel, 28 ans; Kamel, 27 ans; Karim, 25 ans) est entrée dans la légende policière du département le 16 mai 2009.
Ce jour-là, Djamel, suspecté d’avoir tiré avec un pistolet à grenailles sur une voiture de police dans la cité des 4.000, est arrêté et conduit avec deux autres compères à l’hôpital de Bondy.
Mais sur le chemin, le car Police Secours se retrouve bloqué à la hauteur du carrefour des Six Routes par un autre véhicule.
 Plusieurs individus en sortent et l’un d’entre eux fait feu à la Kalachnikov à plusieurs reprises sur le convoi.
Stupéfaction des policiers qui répliquent.
 Mais l’assaillant, lui, continue de tirer et parvient à libérer Djamel qui sera rattrapé par la police peu après et interpellé.

 «On a affaire à des bandits ultra-violents, sans foi ni loi, qui n’ont aucun code de l’honneur», souffle Christophe Crépin, délégué syndical d’Unsa-Police.
 
Rançon d’un million d’euros
 
Cette violence s’est retournée contre eux le 4 janvier 2010.
 La mère, Fatima et un de ses fils, Kamel, handicapé physique et circulant en fauteuil roulant depuis l’âge de 16 ans après avoir été victime de tirs, sont enlevés au cours de la nuit dans le parking souterrain du domicile des parents.
 Les ravisseurs réclament une rançon d’un million d’euros à Hamid, un des frères Houmani avec qui ils sont en contact.
Ce dernier fait appel à la police pour retrouver ses proches.
 Alliance improbable…
 Mais les agents de l’antigang prennent l’affaire au sérieux et parviennent à «loger» l’endroit où la mère, diabétique et le fils, handicapé, sont retenus: un pavillon à Cépoy (Loiret).
 Le 5 janvier à 23h, ils investissent les lieux et interpellent le gardien, un certain Salim Charifi, qui sera condamné à 12 ans de prison pour ce rapt.
 
Enquête peu solide

Le rapprochement de circonstance entre les Houmani et les policiers ne va pas durer.
Six mois plus tard, en juillet 2010, les enquêteurs du groupe d’intervention régional (GIR) commencent à s’intéresser de près aux activités de la famille, «soupçonnée de se livrer au blanchiment de fraude fiscale et au recel de trafic de stupéfiants».
Le 13 décembre 2011, Hamid est interpellé dans la sandwicherie à la sortie de la gare du RER B La Courveuve-Aubervilliers au cours d’une perquisition.
Les enquêteurs saisissent 3.700 euros, un millier de tickets-restaurants et une voiture Porsche Cayenne.
 Karim est arrêté un peu plus tard.
Et Djamel, déjà incarcéré, va être transféré de son lieu de détention.
 
Un frère handicapé millionnaire

Mais cette enquête va se révéler peu solide.
Condamnés en première instance à de la prison ferme, les trois suspects vont être relaxés devant la cour d’appel de Paris en mai 2012.
 Selon les juges parisiens, l’affaire instruite à Bobigny n’aurait pas dû faire l’objet d’une comparution immédiate.
 Et les preuves de l’implication des frères Houmani sont insuffisantes.
 
Affliction et stupéfaction chez les policiers.
 
 D’autant que c’est au cours de cette enquête qu’ils s’aperçoivent que Kamel, le frère handicapé, est millionnaire.
 En juin 2003, il a été victime d’un tir d’arme à feu.
Une balle tirée par un des fils Ben Faïza, une autre fratrie de dealers dans le quartier Balzac, est venue se loger dans son dos.
 
Pour éviter une guerre des gangs sanglante, les Ben Faïza auraient promis à Kamel de l’indemniser en lui cédant des halls d’immeuble pour son trafic.
 
 Mais surtout, notent les policiers, Kamel a touché «six millions d’euros» des assurances et «bénéficie d’une rente mensuelle de 7.700 euros».
 

William Molinié

source
 

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