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samedi 10 mai 2014

Commémorer la fin de l’esclavage ? Quelle rigolade !


Wikimedia


Le 9 mai 2014

   
Franck Briffaut, le maire de Villers-Cotterêts, « refuse d’organiser des commémorations de l’abolition de l’esclavage dans sa ville ».

Les “républicains” patentés, soutenus par la presse de référence, sont grimpés au mât dès le lendemain des municipales pour y surveiller, telle la vigie guettant la terre, les dérapages des nouveaux maires Front national.
 C’est ainsi que Libération est sorti de son coma dépassé pour épingler Franck Briffaut, le maire de Villers-Cotterêts, qui « refuse d’organiser des commémorations de l’abolition de l’esclavage dans sa ville ».
Le maire récalcitrant « a annoncé qu’il ne ferait rien cette année, dénonçant “une autoculpabilisation permanente” ».
Furieuses, les « associations d’outre-mer (CM98 et CREFOM) et de lutte contre le racisme (LDH, MRAP, SOS Racisme) » ont pondu un communiqué où elles dénoncent des propos « dangereux » et « antirépublicains ».
 Comme le loup du conte qui cache ses grandes dents sous un bonnet de dentelle, les mots du maire « portent en eux le germe de la division » : « Aujourd’hui, l’on s’attaque aux commémorations de l’esclavage, demain à celles de la Shoah. Après-demain, ceux qui en sont les acteurs seront traités d’étrangers et d’anti-Français », dit le communiqué.
Et d’en appeler au gouvernement pour qu’il oblige Franck Briffaut à mettre le genou à terre et se couvrir la tête de cendres.


Oui, mais voilà, le gouvernement a le nez ailleurs.
 Quelque part entre le Nigeria, le Mali et la Mauritanie.
 Sur une affaire d’esclavage, justement, et ça n’est pas en fouettant Marine le Pen qu’il va pouvoir la régler.
Monsieur Hollande a bombé le torse, haussé la voix et raidi encore ses petits bras sur la couture du pantalon : la France, a-t-il dit, « fera tout pour aider le Nigeria à retrouver les jeunes filles enlevées mi-avril dans le nord-est du pays ».
 On va même leur envoyer « une équipe spécialisée ».
Spécialisée dans quoi, au fait ?
 Dans la négociation de marchandises humaines ?

Parce que leurs ravisseurs – les abrutis de la secte Boko Haram et leur chef – n’ont pas fait mystère de leurs intentions : on a tous vu ce crétin enturbanné ricanant sous sa barbe crasseuse déclarer qu’il veut « les vendre sur le marché au nom d’Allah ».
 Aux environs de 10 euros la pièce.
Mausi Segun, responsable de l’antenne nigériane de Human Rights Watch, déclarait jeudi à France Info : « Il y a des gens qui font du trafic au Nigeria mais ils ne prennent qu’une personne à la fois et il ne s’agit pas de vente. Les victimes font le voyage avec eux vers les pays occidentaux en imaginant trouver un travail avant d’être forcées à se prostituer. Mais il n’y a pas, à proprement parler, de marché d’esclave au Nigeria. »

Ben non, on évolue là-bas aussi.
Fini le temps des filles à poil dont on regarde les dents comme aux chevaux.
 On négocie sur Internet, c’est plus discret.
 Et on les refile aux diplomates qui les rangent ici avec les serpillières : au fond du placard à balais.
L’Agence nationale pour la prohibition du trafic de personnes (NAPTIP) a tout de même recensé 407 cas de trafic d’êtres humains l’an dernier au Nigeria, dont 23,6 % sur des affaires d’exploitation sexuelle à l’étranger.
Mais que les tenants de la tradition se rassurent, le marché à l’ancienne existe bel et bien chez les voisins.
 Si l’on s’en tient aux statistiques – sans doute difficiles à établir dans ce domaine –, on recense dans le monde 162 pays pratiquant ouvertement l’esclavage.

 En tête arrive la Mauritanie avec 140.000 à 160.000 personnes vendues l’an passé.

C’est le directeur du NAPTIP, Arinze Orakwue, qui le dit : concernant la vente des jeunes lycéennes, « nous regardons vers le Tchad, le nord du Cameroun ou le Niger. Mais nous regardons surtout vers le Mali et la Mauritanie. Le nord du Mali est toujours sous l’influence d’Al-Qaïda et pourrait acheter ces filles. De son côté, la Mauritanie est réputée pour son marché d’esclaves et on sait qu’elle pratique encore aujourd’hui l’esclavage moderne. »

En France, on regarde du côté du Front national.

 C’est plus commode.

1 commentaire:

  1. L'esclavage n'a jamais été aussi abouti et généralisé. On a remplacé les fers et le fouet par la pseudo démocratie et la carte bancaire

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