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mercredi 5 février 2014

Vincent Peillon veut geler l'avancement des fonctionnaires.

Par Cyrille Pluyette, Marc Landré
Mis à jour le 05/02/2014 à 21:07
Publié le 05/02/2014 à 19:59 
Vincent Peillon, ministre de l'Éducation.
Vincent Peillon, ministre de l'Éducation.

Le ministre de l'Éducation nationale souhaite proposer une mesure qui permettrait d'économiser 1,2 milliard par an. Le ministère a démenti dans la soirée.
C'est une proposition choc qui devrait provoquer beaucoup de remous.
 Alors que le gouvernement a ouvert la chasse aux dépenses publiques -plus de 50 milliards d'euros d'économies sont à trouver de 2015 à 2017 pour ramener les comptes publics à terme à l'équilibre mais aussi financer le pacte de responsabilité du président de la République-, Vincent Peillon a voulu, comme tous les ministres sont et seront amenés à le faire, apporter sa contribution.
 Et quelle contribution!
L'idée du ministre de l'Éducation, qu'il devait soumettre mercredi soir à Bernard Cazeneuve, son homologue du budget lors d'un entretien en tête-à-tête dans son bureau: geler, pendant 2 ans, les avancements automatiques à l'ancienneté et les promotions -le glissement vieillesse technicité, ou GVT dans le jargon technique- des quelque 5,2 millions de fonctionnaires au dernier recensement. C'est-à-dire de l'ensemble des trois fonctions publiques (État, hospitalière et territoriale), et pas des seuls agents de l'Éducation nationale sur lesquels Vincent Peillon a autorité.
Cette mesure ô combien radicale permettrait d'économiser, selon les calculs du ministre, pas moins de 1,2 milliard par an.

4 années de gel du point d'indice

Vincent Peillon devrait aussi défendre cette proposition samedi à l'Élysée, lors de la deuxième réunion du conseil stratégique de la dépense publique, piloté par François Hollande.
 Pas sur toutefois que le président de la République la valide.
 Car la mettre en pratique serait impopulaire, et ce d'autant plus que le point d'indice, autre composante importante du salaire des fonctionnaires, n'a pas été revalorisé depuis 2010 et que les syndicats ont fait de sa hausse un de leurs chevaux de bataille.
Voire même un casus belli au cas où le gouvernement aurait le mauvais goût de le geler pour la cinquième année.
L'Élysée reconnaissait d'ailleurs récemment que le président devrait probablement procéder à un «petit geste» sur le dossier sensible du point d'indice au second semestre 2014, dans le cadre des discussions salariales pour 2015.
Un tour de vis supplémentaire, cette fois-ci via le gel du GVT comme le suggère Vincent Peillon, braquerait donc un peu plus les fonctionnaires, à qui Jean-Marc Ayrault a récemment promis que les économies ne se feraient pas «sur leur dos».

Les dindons de la farce

Un engagement, comme le disaient Jacques Chirac et Charles Pasqua, qui n'engage toutefois que ceux qui le croit…
 Car outre la question de rémunération, les fonctionnaires sont très remontés contre les efforts que le gouvernement ne cesse de leur demander depuis l'élection de François Hollande il y a 20 mois.
 Si la méthode du président change de son prédécesseur -Hollande a mis en place la modernisation de l'action publique (MAP) quand Sarkozy avait institué la Révision générale des politiques publiques (RGPP)-, les résultats sont exactement les mêmes.
Mis à part dans l'Éducation nationale et les ministères prioritaires (Justice, Sécurité), les départs en retraite ne sont pas remplacés (parfois même au-delà du sacro-saint ratio de «un sur deux» imposé par Nicolas Sarkozy) et les fonctionnaires ont donc l'impression d'être devenus les dindons de la farce.

Cerise sur le gâteau, la proposition de Vincent Peillon tombe la veille d'une journée de mobilisation et de grève, lancée à l'appel de la CGT.
Et devrait donc naturellement gonfler les rangs des bataillons des contestataires, déjà très pourvus parmi les fonctionnaires, à la politique de François Hollande.

 Dans la soirée, le ministère de l'Éducation nationale a publié un communiqué, dans lequel il «dément formellement avoir proposé un gel des avancements et des promotions des fonctionnaires dans le cadre des discussions budgétaires.»

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