Pages

jeudi 23 janvier 2014

Dossier. La révolte qui gronde. (vidéo)

Jeudi 23 Janvier 2014 à 09:40 (mis à jour le 23/01/2014 à 09:47)
Par



Quinze tonnes de fumier déversées devant l'Assemblée nationale sur le camion de l'agriculteur excédé, l'inscription "Hollande et toute la classe politique dehors !" Photo © MaxPPP

Poudrière. À mesure que se creuse la fracture entre le peuple et les élites, que les Français se “droitisent” et que leur pouvoir se “gauchise”, qu’ils s’expriment dans des révoltes souterraines et que le gouvernement les écrase de son mépris, une vérité s’impose, incontestable : jamais les Français n’ont été aussi révoltés contre leur classe dirigeante. Et la colère monte…
 
C’est un rendez-vous prisé des observateurs de la vie politique, particulièrement de ceux qui refusent d’ignorer cette colère qui monte au sein du peuple français.
 Chaque année, l’institut OpinionWay publie, en partenariat avec le centre de recherches politiques de Sciences Po, le Cevipof, une grande enquête intitulée Baromètre de la confiance politique.
 En fait de confiance, cette étude révèle depuis plusieurs années l’incroyable défiance des Français vis-à-vis de leurs élites.
 Enrichissante, cette batterie de sondages l’est aussi en ce qu’elle révèle la vague de fond de l’opinion, communément nommée par les experts “droitisation de la société”.
C’est le journal le Monde qui a pris l’habitude de publier dans ses colonnes les résultats de cette enquête, insistant chaque année davantage sur le “pessimisme” et la “morosité” des Français.
Pourtant, cette année, l’enquête, commanditée par le Conseil économique, social et environnemental, est moins relayée dans la presse que par le passé.
 On évoque toutefois le même “pessimisme” que les années précédentes, la même “lassitude”, le même sentiment de “défiance” vis-à-vis des institutions.
Difficile, pourtant, de se procurer les résultats intégraux de cette étude.
 L’enquête n’a été dévoilée que partiellement le 13 janvier. Sur les sites du Cevipof et d’OpinionWay, ne figurent que 41 de ses 84 pages.

Volonté de cacher certains résultats ou simple volonté du client, le Cese, de les garder pour son usage exclusif ?
Ces résultats “oubliés”, que Valeurs actuelles s’est procurés, sont éloquents (lire notre analyse complète page 18).

 On y apprend, par exemple, que 50 % des Français souhaitent que la France ait “à sa tête un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ni des élections”, que 75 % des Français interrogés n’ont “pas confiance en l’État pour résoudre les problèmes du pays”, que 69 % jugent que “la démocratie ne fonctionne pas bien” (en hausse de 15 points en un an), et que 75 % d’entre eux se disent “fiers d’être français” !

Les résultats publiés sont, eux aussi, enrichissants.
 Les sondés sont en quête d’autorité, de repères, de valeurs, ulcérés par la chape de plomb du politiquement correct (67 % affirment qu’il y a “trop d’immigrés en France”, phrase qu’on ne peut imaginer prononcer sur un plateau de télévision) et profondément détournés des partis politiques traditionnels (88 % disent “ne pas leur faire confiance”).

Tous ces chiffres révèlent une France en passe d’exploser.

En réponse à ce ras-le-bol généralisé, qu’offre donc le système politicomédiatique, sinon de balayer d’un revers de main toutes ces préoccupations ?
 Meilleure illustration, s’il en fallait une, de cette faille historique entre le peuple et sa représentation : lors de la conférence de presse de Hollande, pourtant plus que décrié (87 % des Français jugent, au bout de vingt mois de mandat, qu’il “n’a pas l’étoffe d’un président de la République”), éditorialistes, journalistes et politiques — jusqu’à certains de droite ! — ont ajouté leur coup d’encensoir au concert de louanges…

« Cette enquête du Cevipof confirme de manière définitive, pour ceux qui en doutaient encore, la victoire idéologique de la droite, jubile Guillaume Peltier, chef de file de la Droite forte et fin connaisseur des sondages.
 Jamais à ce point le peuple français n’a attendu la révolution idéologique et programmatique de ses élites. Si cette prise de conscience ne se produit pas, alors le peuple se substituera aux élites. »

Grâce à ses deux meetings par semaine, Peltier se fait fort de faire remonter à Paris les aspirations de cette “France d’en bas” qu’il voit étouffer comme sous le couvercle d’une Cocotte-Minute : « Il y a cinquante ans, droite et gauche se sont réunies autour d’une table pour ce que j’appelle un “Yalta des élites”, poursuit Peltier.
 La droite a dit : “Laissez-nous l’économie, la gestion et le pouvoir politique.” La gauche a accepté, à condition d’avoir les médias et le pouvoir intellectuel. Le résultat ? Il y a eu Mai 68, mai 1981 et mai 2012. La gauche a su mener des victoires idéologiques avant de remporter des victoires politiques. Or, jamais le peuple français n’a été à ce point dans une complicité intellectuelle et idéologique avec la vraie droite ! »

Difficile de lui opposer des faits : en une décennie, les tabous qui verrouillaient le corpus doctrinal de la droite ont sauté un à un.

Le mythe de l’Europe fédérale est mort dans les urnes en mai 2005, quand près de 55 % des Français ont, contre tous les pronostics, refusé le projet de Constitution européenne

source

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.