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lundi 16 décembre 2013

Municipales 2014 - Hénin-Beaumont. Gérard Dalongeville : "C'est entre le Front national et moi"

  


Gérard Dalongeville.
Gérard Dalongeville. © Philippe Huguen / AFP


  Le Point.fr - Publié le - Modifié le

L'ancien maire d'Hénin-Beaumont, condamné à trois ans de prison ferme pour corruption et détournement de fonds, se représente aux municipales. Entretien.
 
Ce soir-là, dans le Pas-de-Calais, les rues d'Hénin-Beaumont sont animées.
Guillaume Canet tourne son prochain film entre les maisons aux briques rouges de la ville.
 Derrière les vitres du café de la paix, sur la place du marché de Noël, Gérard Dalongeville, accoudé au bar, un petit noir à la main, fait, comme à l'accoutumée, son numéro de charme.
 Il discute avec quelques piliers de comptoir, les appelle tous par leur prénom, serre autant de mains qu'il peut.
"Nan, me dîtes pas que vous vous représentez ?" lui demande un habitué des lieux.
 "Et ben si", s'entend-il répondre.
 Un compagnon de boisson intervient : "C'est pas vrai ! Moi, je vote pour toi."
 
 Le Point.fr a rencontré Gérard Dalongeville.
 
 Pendant ces quelques minutes d'entretien, l'interview a été sans cesse interrompue par des personnes venant saluer "Gérard", "M. le Maire" ou "M. Dalongeville".
 Et lui-même de s'exclamer fièrement : "Vous avez vu ? Tout le monde me dit bonjour.
 Et encore, ici, ce n'est même pas mon fief !"
 
Interview avec une grande gueule de la politique.

 Le Point.fr : Vous avez été maire de Hénin-Beaumont de 2001 à 2009, avant d'être exclu du PS et condamné à trois ans de prison ferme cet été pour corruption et détournements de fonds publics.
 Pour certains, vos méthodes de campagne sont du pur clientélisme.
Pensez-vous vraiment pouvoir être de nouveau candidat aux municipales ?

 Gérard Dalongeville : J'ai fait appel et je peux donc me présenter (l'appel suspend la condamnation, NDLR).
 Et si la cour d'appel devait confirmer ma condamnation, j'irais jusque devant la Cour de cassation s'il le faut.
 Si je suis là, c'est justement pour me justifier.
 Je n'ai eu aucun mal à constituer ma liste, qui restera ouverte jusqu'en mars.
 Si j'avais voulu, j'aurais même pu en faire trois.
 Pendant 4 ans, la gauche avait un boulevard dont elle n'a pas su profiter.
 L'éclatement du parti socialiste (PS) joue en ma faveur et en la faveur de Steeve Briois (candidat FN).
 
Très objectivement, les municipales vont se jouer entre le Front national et moi.
 Si Briois fait 35 % au premier tour, je serai à 25 %. Je suis prêt à le parier.
 Vos adversaires politiques ne comprennent même pas comment vous pouvez avoir l'aplomb de vous représenter.
 Et c'est justement votre gestion de la ville et votre condamnation par le tribunal correctionnel de Béthune qui a entraîné la déliquescence socialiste, non ?

 Et qu'est-ce qu'ils ont fait depuis 4 ans, vous pouvez me le dire ?
 Désormais, Hénin-Beaumont est une ville de gauche qui vote Front national.
 L'anti-Dalongeville, on l'agite sans cesse comme un chiffon rouge.
Que j'entende dire : "Dalongeville était en taule, il a été condamné."
 Ok, je peux l'accepter.
 Mais c'est quand même pas ma faute si Bouquillon est allé voir la police à Lille.

NDLR : Georges Bouquillon (MRC) a violemment critiqué le bilan de l'actuel maire de Hénin-Beaumont, Eugène Binaisse, dont il est adjoint.
L'élu est même allé jusqu'à déposer quelques dossiers à la police judiciaire de Lille.
 "Il y avait des choses anormales en mairie (...) Si je suis allé voir le commandant Meurant, c'est aussi pour me dégager de toute responsabilité dans ce qui pourrait se passer", a affirmé Georges Bouquillon à "La Voix du Nord".

 Si je ne me présente pas, Briois gagne au premier tour, c'est certain.
Mon seul ennemi, en politique, c'est le Front national.
 Il y a des gens qui vont jurer qu'ils votent républicain, et qui finiront par mettre un Briois dans l'urne.
Il y a les très méchants, le Front national, et en face des bisounours.
 Moi je suis sur le terrain, tout le monde me connaît ici, je n'ai pas besoin pour l'instant de coller des tracts.
 Je ne fais pas ma campagne sur les blogs.
 Je ne me planque pas.
Mais suite à votre retour en politique, les échos ne doivent pas être très agréables sur le terrain.
Même si les gens vous serrent la main, cela ne veut pas dire qu'ils vont voter pour vous...

 C'est comme partout, il y a ceux qui m'apprécient et ceux qui ne m'apprécient pas.
 Les mecs qui m'interpellent sur ma condamnation, c'est une personne sur je-ne-sais-combien.
C'est comme Steeve Briois, avec les gens qui l'insultent de fasciste et de raciste dans la rue.
Après, sincèrement, c'est difficile de retourner sur le marché ou d'aller boire un pot après ça (la condamnation, NDLR).
 Le regard des autres, c'est dur.
 Mais j'ai du flair. Sur le terrain, je sens les choses.
Ce que vous avez oublié, c'est l'indifférence.
 
Si les gens ne voulaient pas me parler, ils pourraient très bien passer à côté de moi et faire semblant de ne pas me voir. Je ne leur en voudrais pas.

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