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lundi 25 novembre 2013

En longeant la diagonale de la misère. Elle fait quoi la gauche caviar pour eux?

Loin des grandes villes, le vert des champs, la beauté du blé et des rivières auraient tendance à faire oublier que la misère s'est aussi installée dans les zones rurales.

 Des Ardennes aux Pyrénées, cinq photographes de l'agence MYOP ont parcouru pour le Secours catholique cette diagonale du vide et de l'exode rural. Pour ce 17 octobre, jour du refus de la misère, voici un de leurs reportages.

  1. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Givet, Ardennes. Abords de l’usine Cellatex. C'est le point de départ de notre voyage dans la diagonale du vide. 
    En 2000, la liquidation judiciaire de la société Cellatex est marquée par une occupation du site de Givet, dans le département des Ardennes. Les ouvriers menacent d’utiliser des produits chimiques pour faire sauter les installations ou polluer la Meuse. Ce mouvement rencontre un écho médiatique important et permet aux ouvriers d’obtenir des mesures d’accompagnement plus significatives.
     
  2. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Revin, Ardennes. La démolition de la tour Porcher. Symbole du passé industriel, la tour Porcher a été détruite intégralement début juin  2013. Les industries qui faisaient la fierté de la vallée de la Meuse ferment les unes après les autres.

     
  3. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Fumay, Ardennes. Stéphanie, 35 ans. Stéphanie vit dans un logement social, avec ses quatre enfants. Son concubin, intérimaire, travaille irrégulièrement dans cette région désindustrialisée. Elle calcule toutes ses dépenses pour nourrir sa famille. « En l’espace de quelques mois y’a trois magasins qui ont fermé à Revin. On est obligés d’aller tout le temps à Charleville. »
     
     
  4. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Antheny, Thiérache. Manfred, 27 ans. Manfred vit dans la partie agricole des Ardennes, la Thiérache. Il est dans l’impasse. Il n’arrive pas à trouver du travail dans une région touchée par la crise depuis des années. Il s’est installé dans ce petit village car il a trouvé un appartement avec un loyer bon marché de 216 €. Il y a très peu de transports en commun qui lui permettraient d’aller chercher du travail.
     
     
  5. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Signy-L’Abbaye, Thiérache. Murielle, 54 ans. Le mari de Murielle était agriculteur. Il s’est suicidé trois mois avant que nous la rencontrions, début juin. Selon l’Institut national de veille sanitaire, près de 500 suicides ont été enregistrés sur les trois années 2007, 2008, 2009, chez les agriculteurs français.
     
  6. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    La Férée, Thiérache. Claire, 56 ans. « Le jour où vous n'avez plus d'argent, vous ne voyez plus personne. »
     
     
  7. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    La Férée, Thiérache. Claire, 56 ans. Claire tient ses comptes au centime près. Elle a fait appel au Secours catholique pour l’aider à payer sa facture EDF.

  8. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    La Férée, Thiérache. Ferme abandonnée.
     
  9. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Orbais-L’Abbaye, Marne. Marie-Line, 47 ans.  Marie-Line travaille à La Poste depuis vingt ans pour un salaire de 1 200 € par mois, jamais augmenté. Elle vit seule avec une fille de 10 ans. Interdit bancaire par la Banque de France après avoir fait une demande de dossier de surendettement. Elle part très tôt le matin pour faire ses tournées et c’est son père qui emmène et va chercher sa fille à l’école. Son « reste à vivre » est de 14 € par jour. Elle essaye de s’en sortir en élevant des poules et en vendant dans des brocantes des meubles récupérés qu’elle remet en état pour payer ses factures.
     
  10. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Champagne sud. Les habitants protestent contre la fermeture des écoles dans les petits villages.
     
  11. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Prémery, Nièvre. Centre-ville commerçant.
     
  12. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Prémery, Nièvre. Marie-France, 40 ans. En se séparant de son compagnon, elle avait décidé d’aller dans une petite ville en pensant qu’elle vivrait mieux. Un juge lui a donné tort, en lui reprochant de vivre en autarcie, et a confié la garde de ses deux enfants à son ancien compagnon resté en banlieue parisienne. Elle avait plein de projets pour trouver du travail, mais a été obligée de vendre sa voiture car elle ne pouvait pas payer son assurance.
     
  13. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Colmery, Nièvre. Christine, 54 ans, et Patrick, 57 ans. Ils ont trouvé leur maison sur le site du Bon coin, dans un hameau de la Nièvre. Ils vivent de la seule allocation handicapé de Christine. Leur devise a toujours été « on paye d’abord les factures et on verra ce qui reste ». Ils se réjouissent d’avoir trouvé cette maison où ils ont un petit jardin et un propriétaire conciliant. Ils espèrent faire pousser des légumes. « Je pense que ce sera beaucoup mieux. Si on a des bons alimentaires, ce serait l’Amérique. »
     
  14. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Chambon-sur-Voueize, Creuse. Freddy, 55 ans. Il ne peut se permettre les « un euro vingt » de café qui sont pourtant essentiels à quelques minutes de socialisation.

     
  15. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Parsac, Creuse. Élie, 44 ans. Élie a été à la rue. Il se cachait de ses enfants pour ne pas qu’ils le voient. « C’est très dur pour moi de faire voir à mon fils que je suis SDF, que je dors dehors, que je mange pas. » Un jour un de ses fils l’a vu et il lui a dit : « Je sais papa que tu es SDF. » Il a cette famille recomposée à laquelle il s’accroche et il considère tous les enfants de sa compagne comme ses enfants. Il est recouvert de tatouages qui représentent ses parents et ses enfants. Il rêve d’avoir 3 000 € pour acheter un camion afin de trouver du travail.
     
  16. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Lavaufranche, Creuse. Brigitte et Bernard. Brigitte et Bernard viennent de Lille. Ils ont rompu avec leur famille pour s’installer dans la Creuse. Bernard était ferrailleur et a vécu des années dans une décharge publique. Aujourd’hui, ils glanent les invendables à la fin des marchés.
     
  17. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Riom-ès-Montagnes, Cantal. Jean-Pierre, 43 ans. Jean-Pierre est éleveur célibataire en difficulté dans le Cantal. Sa mère habite avec lui car il a repris l’exploitation familiale. Il a demandé un micro-crédit au Secours catholique pour relancer son exploitation. « Il faut aimer le métier. C’est pour cela que je me suis installé, mais des fois on se dit pourquoi... À la fin, à la retraite, on travaille toute une vie pour une maigre retraite, et pas de vacances. Les dernières vacances, ça a été à l’hôpital quand je me suis fait opérer de l’appendicite. Trois opérations, un mois et demi d’hôpital. »
     
     
  18. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Riom-ès-Montagnes, Cantal. Jean-Pierre sur son exploitation agricole.
     
  19. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Saint-Paul-lès-Dax, Aquitaine. Jean-Marie, 54 ans. Jean-Marie habite en caravane depuis 25 ans dans le domaine d’Abesse, une forêt aux portes de Dax. « Je ne veux pas payer de loyer pour un truc dégueulasse. Je préfère vivre dans un truc insalubre, mais chez moi. » Il s’est installé ici pour la liberté, mais se trouve aujourd’hui sous la menace d’une expulsion, et il n’a aucun autre endroit où aller.
     
     

  20. © Lionel Charrier et Alain Keler / MYOP / SC

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    Saint-Paul-lès-Dax, Aquitaine. Caravane de Jean-Marie.
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     Le travail des cinq photographes sur la précarité en monde rural sera exposé du 20 novembre au 1er décembre au Point Éphémère, 200, quai de Valmy, Paris 10e. Le vernissage aura lieu le 20 novembre à 19 h 30.

  22. Mediapart publiera les trois autres reportages durant les trois prochaines semaines.

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