« Ça sera bien la première fois que tu seras gentil avec une Arabe. »
Voilà la phrase prononcée par Patrick Mennucci, candidat socialiste à la mairie de Marseille, à l’adresse de Bruno Gilles, sénateur-maire UMP, et cela en désignant Samia Ghali, sénatrice socialiste battue aux primaires socialistes marseillaises pour la mairie de cette même ville.
Mais pourquoi ce scandale ?
M. Mennucci a cru bon de présenter ses excuses pour cette phrase.
Or, quand on la lit, il est difficile d’y trouver quelque insulte que ce soit. Si je dis que le prophète Mohammed était arabe, qui songerait à s’en offusquer ?
Si je dis que Rachid Arhab est arabe, est-ce une insulte ?
Les Arabes sont à l’origine des bédouins du Hedjaz qui ont envahi tout le bassin méditerranéen jusqu’à la Perse et jusqu’à l’Andalousie aux viie et viiie siècles. Arabe, c’est leur nom ; c’est leur fierté ; c’est un fait.
Pour insulter les Arabes, il y a toute une palette de termes injurieux que M. Mennucci n’a pas employés.
Tout cela procède de cette tendance à faire dériver le sens des mots en fonction de leur connotation. Ainsi du mot « nègre » qui, venant directement du latin niger, signifie « noir », tout simplement.
Le terme de négritude a été créé par le nègre (ou le noir) Aimé Césaire, et ce n’est donc pas un gros mot.
Sur nos routes, fleurissent d’immenses panneaux qui coûtent cher à l’Équipement par leur surface : « Terrain réservé à la Communauté des gens du voyage ».
Outre que le mot « gens » n’est pas d’une distinction flagrante, on économiserait de la tôle si on écrivait tout simplement : « Terrain réservé aux nomades ».
Aussi nomades que l’ont été, par exemple, Abraham, Isaac et Jacob, au moins en partie. « Nomade » n’est pas plus une insulte que « sédentaire ».
Tiens ! Abraham, l’ancêtre des Juifs (et peut-être des Arabes !).
« Juif » est un terme que, jusque dans les milieux chrétiens, on n’osait plus employer sans trembler.
La dernière version (2010) de la Traduction Œcuménique de la Bible a même remplacé, dans le Nouveau Testament, le mot « juif/s » par diverses expressions (d’ailleurs judicieuses) pour contourner la connotation anti-judaïque de certains textes (faut-il préciser que, contrairement à ce que disent certains théologiens, aucun auteur du Nouveau Testament n’a pu être antisémite puisque tous ces auteurs étaient eux-mêmes juifs ; cela devait-il les empêcher de critiquer leurs compatriotes et coreligionnaires ?).
Le problème n’est donc pas de dire « Juif » ou « Arabe », qui sont des titres que l’on peut et que l’on doit porter fièrement, mais « sale Juif » ou « sale Arabe », propos immondes qui sont généralement assortis de violences physiques, qui sont condamnables et, espérons-le, condamnés.
Manque de culture
Bon… mais après tout, Samia Ghali l’a bien cherché. A-t-on oublié qu’elle a traité le Marseillais Mennucci, ô horreur !, de « Parisien » ?!Mais peut-être Patrick Mennucci a-t-il déjà déposé plainte pour ce qualificatif qui est un sceau d’infamie comme, aux yeux des provinciaux, le « 75 » (très discret depuis Sarko) sur les plaques minéralogiques.
Et bien voilà : l’affaire est une non-affaire.
Sauf que… sauf que… Samia Ghali n’est pas arabe mais d’origine chaouïe, c’est-à-dire Berbère, c’est-à-dire pré-Arabe, c’est-à-dire compatriote de Saint Augustin !
Et d’ailleurs, Rachid Arhab est lui aussi berbère de Kabylie.
Les Berbères ont été envahis par les Arabes, ils ne sont pas plus arabes que les Gaulois n’étaient romains avant Jules César.
Patrick Mennucci n’a donc pas tenu des propos racistes mais des propos incultes.
http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/le-sens-du-mot-arabe-142742
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