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vendredi 25 octobre 2013

Jean Raspail : Notre civilisation est en train de disparaître



Photo de Jean Raspail. Crédits © Patrick Iafrate

Entretien. Écrivain, Jean Raspail décrivait en 1973, dans son roman “le Camp des saints”, la submersion de l’Europe par la multitude des migrants du tiers-monde.
 
Que vous inspire la situation actuelle ?
 
Vous savez, je n’ai guère envie de me joindre à la grande ronde des intellectuels qui passent leur temps à débattre de l’immigration…
 J’ai l’impression que ces colloques ne servent à rien.
 Le peuple sait déjà toutes ces choses, intuitivement : que la France, telle que nos ancêtres l’ont façonnée depuis des siècles, est en train de disparaître.
 Et qu’on amuse la galerie en parlant sans cesse de l’immigration sans jamais dire la vérité finale.
 Une vérité d’ailleurs indicible, constatait mon ami Jean Cau, car celui qui la proclame est immédiatement poursuivi, condamné puis rejeté.
 Richard Millet s’en est approché, voyez ce qui lui est arrivé !
 
On dissimule aux Français la gravité du problème ?

 
Oui. À commencer par les dirigeants politiques !
 Publiquement, “tout va très bien, Madame la marquise”.
 Mais, la porte fermée, ils reconnaissent que “oui, vous avez raison : il y a un vrai problème”.
J’ai sur ce sujet des lettres édifiantes de hauts responsables de gauche, de droite aussi, à qui j’avais envoyé le Camp des saints.
 “Mais vous comprenez : on ne peut pas le dire…”
Ces gens-là ont un double langage, une double conscience.
Je ne sais pas comment ils font ! Je pense que le désarroi vient de là : le peuple sait qu’on lui cache les choses.
Aujourd’hui, des dizaines de millions de gens ne partagent pas le discours officiel sur l’immigration.
 Ils ne croient aucunement que ce soit une chance pour la France.
 Parce que le réel s’impose à eux, quotidiennement. Toutes ces idées bouillonnent dans leur crâne et ne sortent pas.
 
Vous ne croyez pas possible d’assimiler les étrangers accueillis en France ?
 
Non. Le modèle d’intégration ne fonctionne plus.
Même en admettant qu’on reconduise un peu plus de clandestins à la frontière et qu’on réussisse à intégrer un peu plus d’étrangers qu’aujourd’hui, leur nombre ne cessera pas de croître et cela ne changera rien au problème fondamental : l’envahissement progressif de la France et de l’Europe par un tiers-monde innombrable.
 Je ne suis pas prophète, mais on voit bien la fragilité de ces pays, où s’installe une pauvreté insupportable et sans cesse croissante à côté d’une richesse indécente.
 Ces gens-là ne se retournent pas vers leurs gouvernements pour protester, ils n’en attendent rien.
Ils se tournent vers nous et arrivent en Europe par bateaux, toujours plus nombreux, aujourd’hui à Lampedusa, ailleurs demain.
 Rien ne les en décourage. Et par le jeu de la démographie, dans les années 2050, il y aura autant de jeunes Français de souche que de jeunes étrangers en France.
 
Beaucoup seront naturalisés.
 
Ce qui ne signifie pas qu’ils seront devenus français.
 Je ne dis pas que ce sont de mauvaises gens, mais les “naturalisations de papier” ne sont pas des naturalisations de coeur.
Je ne peux pas les considérer comme mes compatriotes. Il faudra durcir drastiquement la loi, en urgence.
 
Comment l’Europe peut-elle faire face à ces migrations ?
 
Il n’y a que deux solutions. Soit on essaie de s’en accommoder et la France — sa culture, sa civilisation — s’effacera sans même qu’on lui fasse des funérailles.
 C’est à mon avis ce qui va se passer.
 Soit on ne s’en accommode pas du tout — c’est-à-dire que l’on cesse de sacraliser l’Autre et que l’on redécouvre que le prochain, c’est d’abord celui qui est à côté de soi. Ce qui suppose que l’on s’assoit quelque temps sur ces « idées chrétiennes devenues folles », comme disait Chesterton, sur ces droits de l’homme dévoyés, et que l’on prenne les mesures d’éloignement collectif et sans appel indispensables pour éviter la dissolution du pays dans un métissage général.
Je ne vois pas d’autre solution.
J’ai beaucoup voyagé dans ma jeunesse. Tous les peuples sont passionnants mais, quand on les mélange trop, c’est bien davantage l’animosité qui se développe que la sympathie.
 Le métissage n’est jamais pacifique, c’est une utopie dangereuse. Voyez l’Afrique du Sud !
Au point où nous en sommes, les mesures que nous devrions prendre seraient forcément très coercitives.
 Je n’y crois pas et je ne vois personne qui ait le courage de les prendre.
Il faudrait mettre son âme en balance, mais qui est prêt à ça ? Cela dit, je ne crois pas un instant que les partisans de l’immigration soient plus charitables que moi : il n’y en a probablement pas un seul qui ait l’intention de recevoir chez lui l’un de ces malheureux…
 Tout cela, c’est de la frime émotionnelle, un maelström irresponsable qui nous engloutira
 

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