En 2016, 100 000 jeunes toucheront la "garantie jeunes" pour un coût annuel de 500 à 600 millions d'euros. Photo © SIPA
Dépense publique. Elle est passée inaperçue et pourtant les 18-25 ans bénéficient d’une nouvelle allocation, la “garantie jeunes”. Elle pourrait à terme coûter plus de 5 milliards d’euros !
On en a très peu parlé, et pourtant. Depuis le 2 octobre, le gouvernement expérimente la “garantie jeunes” : 434 euros par mois, versés dans un premier temps à 10 000 jeunes sans emploi et ne suivant aucune formation, sélectionnés dans dix territoires pilotes, choisis parmi les zones les plus sensibles où les “décrocheurs” sont les plus nombreux.
Cette allocation est censée permettre l’insertion professionnelle des jeunes les plus précaires, les “Neet” (Not in Education, Employment or Training selon l’acronyme anglais).
La garantie jeunes est cumulable avec des revenus d’activité plafonnés, et doit être obligatoirement assortie d’un accompagnement personnalisé vers l’insertion.
Jusqu’à présent tous les gouvernements s’étaient refusés à accorder le RMI (devenu le RSA socle en 2008) aux moins de 25 ans pour que des jeunes ne s’installent pas dans l’assistanat dès leur sortie du système scolaire.
Malgré tout, le premier ministre Jean-Marc Ayrault souligne aujourd’hui « un besoin urgent » pour tous ceux qui se situent en dehors des dispositifs d’insertion.
La garantie jeunes sera expérimentée d’abord dans l’Aude puis dans les Bouches-du-Rhône, en Seine-Saint- Denis, à La Réunion, dans le Vaucluse, le Lot-et-Garonne, l’Allier et le Puy-de- Dôme, le Finistère, l’Eure, et enfin les Vosges…
La première année, 10 000 décrocheurs bénéficieront de cette mesure pour arriver à 100 000 la troisième année.
Coût pour les finances publiques : 30 millions d’euros en 2014 et de 500 à 600 millions à partir de 2016. En considérant qu’il y a, en France, 900 000 jeunes de 18 à 25 ans disparus des écrans radar (lire notre entretien page 44), c’est-à-dire sortis du système scolaire, de toute formation, sans emploi et pas même inscrits à Pôle emploi, ce sont plus de 5 milliards d’euros qui leur seraient ainsi versés si, à terme, ils devenaient éligibles à cette nouvelle allocation !
Le jeune sélectionné s’engage de son côté à déclarer ses ressources chaque mois et à respecter toutes les prescriptions de la mission locale : suivre une formation, participer aux groupes de travail, accepter les expériences professionnelles, rechercher un logement, recevoir des soins médicaux (payés par la CMU).
Rien ne dit aujourd’hui que les entreprises accepteront de prendre ces jeunes, même pour de courtes périodes.
Cette opération sera considérée comme un succès si le candidat entre en formation ou “s’insère durablement dans l’emploi”.
L’obtention d’un contrat aidé est considérée comme une insertion durable. Quoi qu’il en soit, il ne pourra enchaîner une garantie jeunes, puis un emploi d’avenir de trois ans…
15 % des Neet les plus précaires seront ciblés par cette garantie.
Cet indicateur, adopté par la Commission européenne en 2010, mesure la part des jeunes qui ne sont “nulle part”.
Parmi eux, 57,5 % sont au chômage, tandis que 42,5 % sont inactifs.
Ces Neet sont en majorité des hommes, en provenance d’Europe de l’Est et d’Afrique subsaharienne, arrivés depuis peu en France et n’ayant pas encore obtenu de titre de séjour.
Contrairement aux déclarations sur le nécessaire assainissement des comptes publics, le gouvernement vient donc de rouvrir le robinet de la dépense en inventant cette énième allocation.
Jean-Marc Ayrault et son ministre du Travail, Michel Sapin, semblent aujourd’hui bien plus enclins à signer des chèques aux décrocheurs plutôt qu’aux étudiants en difficulté…
L’avènement du “travailler moins pour gagner plus” : « C’est comme s’ils [le premier ministre et Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée à la Lutte contre l’exclusion, NDLR] payaient les décrocheurs pour qu’ils aillent à l’école ! s’emporte Christophe Madrolle, secrétaire général adjoint du MoDem. C’est un non-sens éducatif et il revient à faire passer l’État pour un tiroir-caisse. »
Les retraités agricoles et les anciens combattants, pour qui les retraites se situent largement au-dessous du seuil de pauvreté, apprécieront.
Les agriculteurs sont les parents pauvres du système des retraites ; ils reçoivent en effet de très faibles pensions, même lorsqu’ils ont cotisé tout au long de leur carrière. Depuis 2009, le gouvernement a instauré un minimum vieillesse pour les agriculteurs. La moyenne nationale des retraites s’établissait fin 2012 à près de 800 euros pour les hommes, à seulement 550 euros pour les femmes.
Tous ont vu calculer leur pension sur l’ensemble de leur carrière, et non sur les vingt-cinq dernières années, comme dans les autres secteurs du privé, ou sur les six derniers mois pour le secteur public.
En prenant sa retraite à 63 ans, un exploitant touchera moins de 700 euros par mois, après avoir travaillé toute sa vie, souvent près de douze heures par jour, sept jours sur sept et 365 jours par an et sans pour cela pouvoir s’octroyer des vacances
...Lire la suite...
http://www.valeursactuelles.com/garantie-jeunes-prime-%E2%80%9Cglandouille%E2%80%9D20131022.html
Cette allocation est censée permettre l’insertion professionnelle des jeunes les plus précaires, les “Neet” (Not in Education, Employment or Training selon l’acronyme anglais).
La garantie jeunes est cumulable avec des revenus d’activité plafonnés, et doit être obligatoirement assortie d’un accompagnement personnalisé vers l’insertion.
Jusqu’à présent tous les gouvernements s’étaient refusés à accorder le RMI (devenu le RSA socle en 2008) aux moins de 25 ans pour que des jeunes ne s’installent pas dans l’assistanat dès leur sortie du système scolaire.
Malgré tout, le premier ministre Jean-Marc Ayrault souligne aujourd’hui « un besoin urgent » pour tous ceux qui se situent en dehors des dispositifs d’insertion.
La garantie jeunes sera expérimentée d’abord dans l’Aude puis dans les Bouches-du-Rhône, en Seine-Saint- Denis, à La Réunion, dans le Vaucluse, le Lot-et-Garonne, l’Allier et le Puy-de- Dôme, le Finistère, l’Eure, et enfin les Vosges…
La première année, 10 000 décrocheurs bénéficieront de cette mesure pour arriver à 100 000 la troisième année.
Coût pour les finances publiques : 30 millions d’euros en 2014 et de 500 à 600 millions à partir de 2016. En considérant qu’il y a, en France, 900 000 jeunes de 18 à 25 ans disparus des écrans radar (lire notre entretien page 44), c’est-à-dire sortis du système scolaire, de toute formation, sans emploi et pas même inscrits à Pôle emploi, ce sont plus de 5 milliards d’euros qui leur seraient ainsi versés si, à terme, ils devenaient éligibles à cette nouvelle allocation !
Le jeune sélectionné s’engage de son côté à déclarer ses ressources chaque mois et à respecter toutes les prescriptions de la mission locale : suivre une formation, participer aux groupes de travail, accepter les expériences professionnelles, rechercher un logement, recevoir des soins médicaux (payés par la CMU).
Rien ne dit aujourd’hui que les entreprises accepteront de prendre ces jeunes, même pour de courtes périodes.
Cette opération sera considérée comme un succès si le candidat entre en formation ou “s’insère durablement dans l’emploi”.
L’obtention d’un contrat aidé est considérée comme une insertion durable. Quoi qu’il en soit, il ne pourra enchaîner une garantie jeunes, puis un emploi d’avenir de trois ans…
15 % des Neet les plus précaires seront ciblés par cette garantie.
Cet indicateur, adopté par la Commission européenne en 2010, mesure la part des jeunes qui ne sont “nulle part”.
Parmi eux, 57,5 % sont au chômage, tandis que 42,5 % sont inactifs.
Ces Neet sont en majorité des hommes, en provenance d’Europe de l’Est et d’Afrique subsaharienne, arrivés depuis peu en France et n’ayant pas encore obtenu de titre de séjour.
Contrairement aux déclarations sur le nécessaire assainissement des comptes publics, le gouvernement vient donc de rouvrir le robinet de la dépense en inventant cette énième allocation.
Jean-Marc Ayrault et son ministre du Travail, Michel Sapin, semblent aujourd’hui bien plus enclins à signer des chèques aux décrocheurs plutôt qu’aux étudiants en difficulté…
L’avènement du “travailler moins pour gagner plus” : « C’est comme s’ils [le premier ministre et Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée à la Lutte contre l’exclusion, NDLR] payaient les décrocheurs pour qu’ils aillent à l’école ! s’emporte Christophe Madrolle, secrétaire général adjoint du MoDem. C’est un non-sens éducatif et il revient à faire passer l’État pour un tiroir-caisse. »
Les retraités agricoles et les anciens combattants, pour qui les retraites se situent largement au-dessous du seuil de pauvreté, apprécieront.
Les agriculteurs sont les parents pauvres du système des retraites ; ils reçoivent en effet de très faibles pensions, même lorsqu’ils ont cotisé tout au long de leur carrière. Depuis 2009, le gouvernement a instauré un minimum vieillesse pour les agriculteurs. La moyenne nationale des retraites s’établissait fin 2012 à près de 800 euros pour les hommes, à seulement 550 euros pour les femmes.
Tous ont vu calculer leur pension sur l’ensemble de leur carrière, et non sur les vingt-cinq dernières années, comme dans les autres secteurs du privé, ou sur les six derniers mois pour le secteur public.
En prenant sa retraite à 63 ans, un exploitant touchera moins de 700 euros par mois, après avoir travaillé toute sa vie, souvent près de douze heures par jour, sept jours sur sept et 365 jours par an et sans pour cela pouvoir s’octroyer des vacances
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