Réflexions sur l'actualité et la politique Française. Avec quelques exceptions sur le reste du monde. Immigration, invasion, colonisation, islamisation, révolution.Covid
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vendredi 6 septembre 2013
L’aveugle de l’Élysée
Par Louis Dalmas , ancien patron de l’agence de photos Dalmas, ancien présentateur de l’ORTF, directeur de la revue mensuel B-I (ex-Balkans Infos).
Peut-on imaginer plus éloquente illustration du délire que nous vivons ? À Clermont-Ferrand, 350 sans-abri ont dû camper dans la rue parce que l’Anef, l’association qui gère localement le 115 – le numéro d’urgence du relogement – n’a plus assez d’argent pour payer leurs nuitées d’hôtel.
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Le constat est général en France car l’État ne rembourse pas ce qu’il doit.
Cette crise du relogement est remontée jusqu’à la ministre Cecile Duflot qui a dû reconnaître “un dysfonctionnement de paiement pendant six mois”.
La défaillance gouvernementale en matière de domicile promis à tous, a lieu au moment où le nouveau Tartarin de l’Élysée veut dilapider des millions d’euros dans une offensive qu’il mène seul en Europe, en satellite zélé des États-Unis.
Il n’a pas d’argent pour faire du social, mais il en a pour faire la guerre. Pas d’argent pour aider à survivre, mais assez pour semer la mort.
Comme pour son prédécesseur, la vanité du politicien promu chef des armées le pousse à prouver sa virilité par une nouvelle agression.
On pourrait rire de cette folie si elle n’était pas sanglante. La position officielle de l’Élysée sur la Syrie – relayée bien sûr par nos mass-medias dociles – est effrayante par son mélange de grotesque, de cynisme et d’aveuglement.
Rappelons quelques points à l’appui de ce jugement.
1) L’indignation frénétique qui s’est emparée du monde occidental à l’idée que seraient employés des gaz neuro-toxiques dans la bataille n’est-elle pas curieusement disproportionnée ?
Certes, on a raison de dénoncer les barbares qui y ont recours, mais sont-ils si différents des sauvages qui ont atomisé des centaines de milliers de civils au Japon, ou plus récemment, qui ont fait des milliers de victimes innocentes en bombardant sans discrimination d’abord les Allemands, puis les Serbes, les Irakiens ou les Libyens ?
Je n’ai pas l’impression que le malheureux estropié, démembré ou volatilisé distingue très bien la différence entre le nuage de sarin, l’explosion nucléaire ou la mutilation à l’uranium appauvri. Alors pourquoi ne condamner qu’un instrument de mort horrible ? On aimerait voir une indignation moins sélective, moins orientée.
2) Même observation en ce qui concerne le nombre de morts. Qu’on me pardonne cette sinistre comptabilité, mais ils se comptent par centaines de milliers avec l’engin nucléaire et par dizaines de milliers avec les bombardements conventionnels, et les bonnes âmes se révoltent devant les 350 victimes (selon les Anglais, ou 1.429 selon les Américains) de l’attaque au gaz du 21 août !
Étrange hystérie, d’autant plus suspecte que la “punition” du coupable – qui n’a pas encore été déterminé, soulignons-le – risque de faire plus de morts que l’attaque elle-même…
3) Le mélange de grotesque et de cynisme touche à un sommet avec la prétention d’agresser la Syrie au nom de la “communauté internationale”.
À la veille de la réunion du G20, Obama a eu le front de déclarer : “Ce n’est pas moi qui ai tracé la ligne rouge, c’est le monde.
La crédibilité de la communauté internationale est en jeu.” Incroyable prétention ! Quel monde ?
Quelle communauté internationale ? L’ensemble dit “occidental” – on devrait plutôt dire “atlantique” – baptisé “communauté internationale”, représente moins d’un dixième de la population mondiale !
En additionnant les USA, l’Europe, en y ajoutant même le Japon et l’Australie, on obtient quelques centaines de millions d’âmes, alors que l’humanité en compte plus de six milliards. C’est ça, le “monde”, la “communauté internationale” ?
Cette minorité dont on invoque le patronage, qui, d’ordinaire, ne représente qu’une faible portion de notre planète mais qui de plus, en l’occurrence, s’est réduite à une “coalition à deux”, tous les autres pays du petit ensemble s’étant désolidarisés de Washington et de Paris !
C’est ça la caution morale qui justifie de ravager un État indépendant ?
4) Quelques politiciens se sont félicités de la “fermeté” de la France, en affirmant qu’elle améliorait l’image de notre pays.
Le justicier tricolore ferait un tabac dans les populations avides de délivrance “démocratique”.
C’était l’illusion du Superman US de la Maison Blanche en Irak et en Libye, c’est le rêve du Batman de l’Élysée qui se voit triomphalement applaudi par les insurgés syriens libérés.
En fait, la réalité est beaucoup moins rose. Du côté rebelle, on a renforcé le fanatisme musulman en assurant la domination d’Al Qaeda ; du côté gouvernemental, on a trahi une vieille amitié en prenant parti contre l’élu de Damas. Et de tous les côtés, l’avis est unanime : Fabius est un rat qui s’efforce de rugir, l’Occident est représenté par un criminel récidiviste suivi (ou précédé) par un chien. Si c’est ça, l’image “améliorée” de la France …
5) Comment ne pas être frappé par une évidence : la parfaite répétition du mécanisme occidental.
L’objectif : éliminer toute résistance à l’hégémonie américaine. La méthode : criminaliser le chef d’État indocile.
L’action : le renverser par tous les moyens, de la subversion à l’assassinat. La liste est d’un parallélisme limpide, les accusations d’une similitude flagrante. Milosevic, génocide des Albanais du Kosovo. Castro et Chavez, oppression dictatoriale. Gbagbo, autocratie insupportable. Saddam Hussein, Kadhafi, Bashar al Assad, massacres de leurs peuples.
À chaque fois, des mensonges de propagande, des prétextes d’intervention fabriqués. À plusieurs reprises, une attaque illégale, forçant la main des Nations Unies ou se moquant des instances internationales.
Dans le cas présent, des préparatifs de bataille sans même attendre le résultat de l’enquête de l’ONU.
Cette fois, la véritable “communauté internationale” (Russie, Chine, Inde, Amérique Latine, Afrique) commence à se lasser. Avec même la totalité de l’Europe.
Il n’y a que Hollande pour ne pas s’en rendre compte…
Louis DALMAS.
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