Berkane Maklouf à son arrivée au palais de justice jeudi soir à Clermont-Ferrand. © Thierry Zoccolan/AFP
Par notre correspondante à Clermont-Ferrand Geneviève Colonna d'Istria
Soupçonné d'avoir porté le coup mortel sur Fiona, l'homme d'origine algérienne, jaloux, dealer et toxicomane, était surnommé "poubelle à drogues".
Mince, à la limite de la maigreur.
Le visage taillé à la serpe et le regard sombre.
D'emblée, Berkane Maklouf, 31 ans, n'inspire pas la sympathie.
Dès son premier contact avec les journalistes au lendemain de la disparition de Fiona, l'homme avait planté le décor d'une belle mise en scène, sur fond d'exaspération, agressif et menaçant.
"Mais laissez-nous nous reconstruire ! Laissez-nous nous remettre d'aplomb, avait-il imploré, les larmes aux yeux.
Nous aussi, on veut retrouver notre gamine, on ne sait pas où elle est. Vous croyez quoi ?" Désormais, on connaît la réponse.
Peu de temps auparavant, ce Clermontois d'origine algérienne, toxicomane notoirement connu des services de police pour des faits de violences et d'usage de drogue, s'était installé avec Cécile Bourgeon, à Clermont-Ferrand, près du parc Montjuzet, devenu le théâtre sordide de leur mythomanie.
À la simple évocation de son nom, le voisinage lève les yeux au ciel.
Peu parlent, encore traumatisés par le macabre dénouement de la disparition de Fiona.
Tous ceux qui l'avaient croisé nourrissaient des doutes à son sujet. "C'était un vaurien, se risque à commenter un voisin de palier.
Et elle, c'était pas mieux !
Vous croyez que, quand on a perdu son enfant, on part s'installer à cinq cents kilomètres d'ici ?" faisant allusion au déménagement récent du couple vers Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales.
"La pire des racailles !"
Dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand, d'où vient Maklouf, sa réputation aussi est faite.Des connaissances le traitent de "poubelle à drogues".
"La pire des racailles ! Il s'est fait virer d'ici, assure un habitant.
Dès qu'on a appris qu'il était dans l'affaire de la petite, on s'est douté qu'il y était pour quelque chose."
Maklouf, qui ne travaillait pas, avait pourtant gardé un petit studio dans le quartier, sorte de base de repli pour ses petits trafics en tout genre.
La récente installation du couple à Perpignan "pour se rapprocher de la maman de Cécile Bourgeon" aura été de courte durée.
Pourtant, dès son arrivée, le beau-père de Fiona aurait tout de suite cherché à se mettre en contact avec des dealers du quartier pour se procurer sa drogue quotidienne.
Du côté des enquêteurs, son profil a tout de suite été au centre des investigations.
"Dès le début de l'affaire, nous avons privilégié la piste familiale.
Nous les avons placés sur écoutes téléphoniques.
L'enquête nous a conduits dans les milieux toxicomanes de Clermont-Ferrand, qu'ils fréquentaient assidûment, commente le procureur de la République de Clermont-Ferrand, Pierre Sennes, qui livre même une "anecdote" : "Nous avons découvert que le couple achetait et consommait sa drogue en compagnie des deux enfants, Fiona et sa petite soeur Éva."
Des petites filles de 5 ans et 2 ans et demi.
La convertir à l'islam
Des détails qui font froid dans le dos, mais qui en disent long sur le degré d'errance de ce couple à la dérive.Compagnons d'infortune de deux vies saccagées par la drogue, la misère sociale et la violence.
Toujours cette violence qui resurgit lorsqu'on évoque Maklouf.
Un policier confie qu'il "tannait" régulièrement Cécile Bourgeon, une proie facile, faible de caractère qu'il connaissait seulement depuis une dizaine de mois.
Même le père biologique des enfants, Nicolas Chafoulais, 28 ans, n'avait plus aucun droit de regard sur ses filles qui vivaient avec le couple.
"C'est simple, je n'arrivais plus à avoir mon ex au téléphone, raconte-t-il. C'était toujours lui qui décrochait. Il m'interdisait de parler à mes enfants. C'était toujours des insultes."
Amant jaloux et possessif, le beau-père de Fiona poussait aussi sa compagne à se convertir à l'islam, contre la volonté de la famille de Cécile Bourgeon.
"Il lui aurait bien fait porter le voile.
Et elle était tellement influençable", confie une ancienne amie de la mère, qui faisait partie du comité de soutien.
"J'ai été son avocat jusqu'au moment où il y a eu contradiction d'intérêts avec ma cliente Cécile Bourgeon, confie maître Gilles-Jean Portejoie.
Dans ce cadre-là, je l'ai rencontré plusieurs fois.
Je m'étais fait mon jugement sur lui que ma déontologie m'empêche de commenter."
De petit caïd des cités et toxico, Berkane Maklouf est passé au statut de criminel présumé.
Présumé avoir levé la main une fois de trop sur une malheureuse enfant de 5 ans, au point de la tuer et de dissimuler son cadavre nu dans une forêt en plein jour.
Mis en examen pour "coups mortels" sans intention de donner la mort, recel de cadavre et non-assistance à personne en danger avec circonstances aggravantes.
Il risque 30 ans de prison.
http://www.lepoint.fr/societe/berkane-maklouf-portrait-d-une-racaille-27-09-2013-1735870_23.php
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