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vendredi 2 août 2013

Brive : les militaires en ont assez des « jeunes » des cités !

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 Gabrielle  Cluzel pour Boulevard Voltaire

 Le moins que l’on puisse dire est que le traitement médiatique réservé aux affrontements de Brive-la-Gaillarde, il y a une quinzaine de jours, entre « jeunes » des quartiers sensibles des « Chapélies » ayant investi la piscine privée d’une résidence, et militaires du 126e RI habitant ladite résidence, suscite incompréhension et interrogations, comme en témoigne un émoi certain ces jours derniers sur les réseaux sociaux.

Le journal La Montagne parle de « litige » entre jeunes et militaires, les sites de TF1 ou du Figaro rapportent « des tensions fortes » et le souci du maire PS de Brive – proche de Hollande –
Philippe Nauche de « calmer les esprits des deux côtés » et de « ne pas stigmatiser » en montant « une communauté contre l’autre ». L’AFP, quant à elle, explique que « l’altercation a impliqué un nombre indéterminé de militaires du 126e RI, qui seraient d’origine polynésienne, et des habitants du quartier des Chapélies ». Jean-Dominique Merchet, du blog Secret Défense, que l’on a connu mieux inspiré, évoque une « querelle de voisinage », et accuse l’extrême droite — il y avait longtemps — de faire monter la sauce.

Et si l’on posait les vraies questions ?

Est-ce donc l’extrême droite qui, le 15 juillet, a mis son maillot de bain et est venue pour la énième fois envahir une piscine privée — et pas en mode discrétion — importunant les baigneurs, insultant copieusement le gardien, puis les résidents, qui la priaient de partir ?

Si d’aventure, ce qu’à Dieu ne plaise, le joli appartement versaillais de Jean-Dominique Merchet se trouvait investi par quelques squatteurs venus des cités voisines et que celui-ci entreprenait de les en chasser en criant à la violation de domicile, faudrait-il parler de « querelle de voisinage » ?

Est-il juste — et à Tahiti, où l’on suit de près cette affaire, nombreux sont ceux à s’en émouvoir — d’évoquer, sans crainte de « stigmatisation », l’origine polynésienne des militaires, mais de taire pudiquement celle des habitants du quartier des Chapélies ?

Est-il opportun de présenter cette altercation entre militaires du 126ème RI (régiment qui s’est illustré récemment en Afghanistan et au Mali) et « jeunes » du quartier des Chapélies comme on présenterait une rixe entre bandes rivales aux motifs louches et obscurs dans les quartiers nord de Marseille ?

Un vrai travail d’analyse n’imposerait-t-il pas de rapprocher cette affaire de plusieurs autres accrochages récents du même genre, notamment à Castres en septembre dernier, entre parachutistes du 8e RPIMA et « jeunes » des cités ? Que faut-il y voir ? Une montée d’animosité entre les militaires et les jeunes issus de la diversité, ou l’expression d’une résistance aux « incivilités » de la part de soldats formés pour se défendre et peu enclins à se laisser marcher sur les pieds, surtout, lorsque étant polynésiens, la perspective d’être traités de racistes les atteint assez peu ?

Suite à ces affrontements (autour de la piscine, dans le quartier des Chapélies, puis à nouveau dans la résidence), aux dégradations qui en ont découlé, et également à la fausse couche dont a été victime la compagne d’un des militaires (potentiellement consécutive à la violence des heurts dont elle a été témoin), plusieurs enquêtes ont été ouvertes et sept hommes (quatre militaires et trois habitants des Chapélies) ont été mis en examen. Des CRS ont également été déployés sur la zone.

Une affaire, donc, loin d’être classée. Sur Boulevard Voltaire, nous la suivrons de près.

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