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mercredi 3 juillet 2013

Marseille, emplois jeunes: petit commerce de proximité.



Un trafic en queue de lézard, qui repousse à peine sectionné...

 C'est l'image utilisée par le procureur Fabrice Karsenty pour illustrer le dossier jugé depuis hier par la 7e chambre correctionnelle : la Paternelle saison 2.
Les précédents tenanciers du "plan" de revente, actif en 2008-2009, n'étaient pas encore jugés qu'en août 2011, les policiers obtiennent un renseignement sur la reprise de l'activité par les "petits frères".

Dans le box, les prévenus avaient tout juste 20 ans.
 À l'interrogatoire d'identité, ils habitent tous chez maman, à la même adresse - 33, bd Alphonse-Allais dans le 14e arrondissement.
 Il n'y a que la lettre du bâtiment qui varie.
Celui où se déroulaient les ventes est le bien nommé bâtiment H, au rez-de-jardin duquel vit Rafik Malki, a priori gérant d'une activité à nouveau florissante.
 De septembre à décembre 2011, des surveillances sont mises en place et permettent aux enquêteurs de dire qu'à la Paternelle, jusqu'à 300 transactions pouvaient avoir lieu chaque jour.
À dix mètres de distance, pas loin de l'épicerie située au centre de la cité, on vend cannabis et cocaïne, deux activités distinctes mais pour lesquelles certaines tâches, comme le guet, ont été mutualisées.

"Il n'y a jamais de rupture de stocks, on a toujours de quoi revendre"

Mohamed Haziri est attaché au cannabis.
 Il évoque un chiffre d'affaires qui peut atteindre 2 000 à 2 00 € par jour.
 Qu'il fasse beau ou qu'il pleuve - dans cette hypothèse météo, la vente se replie sous le porche de l'entrée de l'épicerie.
 Un "drive", à l'image de ceux des grandes surfaces, est organisé pour les consommateurs en voiture qui sont parfois invités à patienter le temps que la sacoche du vendeur soit rechargée. "Il n'y a jamais de rupture de stocks, on a toujours de quoi revendre", observe le procureur.
Mohamed Haziri, comme Rédouane Oumouri, affecté au "plan" cocaïne, gagne 8 € de l'heure, de midi à minuit, deux à trois jours par semaine.
 Sa mère en est désespérée : "Je lui crie dessus mais il continue. Je ne sais pas combien il gagne mais je lui achète ses vêtements".
Le 6 décembre 2011, les policiers aidés du GIPN démantelaient le réseau, aidé d'un hélicoptère, arrêtaient vendeurs, guetteurs et "nourrices".
 "Ça devait être le bazar, l'enfer, les sacs tombaient de partout", explique la présidente Emmanuelle Bessone, en référence à la manière dont les "nourrices" s'étaient débarrassées de choses encombrantes comme un sac de 12,5 kg de résine de cannabis, atterri dans un jardin.

29 000 dans un vanity

Quant au vanity-case contenant cannabis, feuille de comptes et 29 000 €, retrouvé au pied du bâtiment J, il appartient, selon l'accusation, à Ouarda Loucif, 52 ans.
 À 6 h du matin, avant que sa porte ne vole en éclats, cette mère célibataire s'en serait débarrassée comme en témoigne le désordre d'une armoire vidée à la hâte.
 Les policiers avaient observé le "trésorier" du réseau, Youcef Rasmi, se rendre chez elle. Pour aller aux toilettes, explique au tribunal celle qui préfère le rôle de dame pipi à celui de "nourrice".
Ses explications ne semblent pas plus convaincre que celles de son voisin du dessus, Boualem Soualah, un religieux pieux qui en appelle à Dieu à tout bout de champ.
 Plus de 12 000 € avaient été trouvés à son domicile. C'est un habitant qui avait donné le "tuyau" aux policiers, contredisant l'idée de l'omerta des cités.
Face aux constatations policières, difficile de contester.
 Mais la peur transparaît lorsque tous reconnaissent peu ou prou leur participation tout en ajoutant : "Je ne parle que de moi".
 Pas question de mettre quiconque en cause.
 Des peines allant de deux à cinq ans de prison ont été requises, comme un espoir que cette sévérité retardera la repousse de la queue du lézard.

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