François Hollande veut inverser la courbe du chômage, mais la croissance atone ne donne pas le coup de pouce nécessaire. Qu'importe, un subtil jeu de vases communicants s'en chargerait tout aussi bien...
Atlantico : Vous avez déclaré hier sur Europe 1 que François Hollande prépare peut-être une filouterie sur les chiffres du chômage. Qu'entendez-vous par là ?
Thomas Guénolé : Ce n'est pas une certitude, mais c'est un risque. Alors qu'il y a plus de 25 000 chômeurs de plus par mois depuis que François Hollande est président, il a réaffirmé hier son engagement d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de 2013. On peut penser que c'est du volontarisme politique, ou que c'est une promesse inconsidérée. Mais on peut malheureusement craindre que ce soit en fait une filouterie qui se prépare au gouvernement en la matière.
C'est-à-dire ? Que prépare-t-il concrètement pour brouiller les chiffres du chômage ?
François Hollande a insisté sur trois leviers pour combattre le chômage : les emplois d'avenir, les contrats de génération, en les étendant massivement dans le privé, et davantage de formation pour les chômeurs. Or ces trois leviers ont pour point commun de réduire artificiellement le chiffre du chômage.
Le chiffre officiel du chômage, celui que médias et experts commentent et analysent, c'est le chômage de catégorie A de l'INSEE : les demandeurs d’emploi qui ne sont ni en temps partiel, ni en formation, ni en contrat aidé. Or les trois leviers cités par François Hollande ont pour point commun de faire changer des chômeurs de catégorie. Les chômeurs bénéficiant des emplois d'avenir passent en catégorie E, celle des contrats aidés. Ceux qui bénéficient des contrats de génération passent en catégorie B ou C, les chômeurs en temps partiel, ou éventuellement eux aussi en catégorie E. Et ceux qui bénéficient d'une formation professionnelle entrent en catégorie D, celle des chômeurs en formation.
Il y aurait donc une réduction du chômage affiché en changeant les chômeurs de catégorie de chômage ?
Exactement. Et c'est là qu'il y a un risque de filouterie de la part du gouvernement : s'il concentre la mise en oeuvre de ces mesures sur novembre et décembre, les changements de catégorie de milliers de chômeurs peuvent alors dépasser le rythme de plus de 25 000 chômeurs supplémentaires par mois. Donc on aurait l'illusion d'optique d'une d’une baisse du chômage, mais ce serait en réalité une baisse du chômage de catégorie A par basculements artificiels dans les autres catégories de l’INSEE.
Alors si François Hollande a réaffirmé son volontarisme sur l'inversion de la courbe du chômage, c'est parce qu'il sait que son gouvernement prépare cette illusion d'optique pour la fin de l'année ?
Encore une fois, ce n'est pas une certitude : mais le risque existe que cette filouterie soit en préparation. Malheureusement, ce ne serait pas la première fois qu'un gouvernement tenterait de faire baisser artificiellement le chiffre officiel du chômage par ce type de méthodes.
http://www.atlantico.fr/decryptage/inversion-courbe-chomage-francois-hollande-prepare-t-filouterie-thomas-guenole-730187.html#FCffmD0yKzWmUR11.99
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