27 octobre 2019 Publié par
Marc Le Stahler
L’Imprécateur) « La France fabriquera des t-shirts pendant que la Chine produira des voitures électriques » (Laurent Alexandre).Si la France avait depuis 25 ans ne serait-ce que gardé au même niveau son industrie, il y aurait aujourd’hui entre 1,5 et 2 millions d’emplois de plus en France et notre balance commerciale serait excédentaire.
Nous étions les champions mondiaux dans l’aviation (Airbus l’est resté), les TGV, le nucléaire. Imprégnés de l’idéologie écologiste rétrograde et réactionnaire hostile à tout ce qui est vitesse et nucléaire, les gouvernements socialistes successifs ont abandonné l’industrie, la vérolant par une nuée de normes souvent irréfléchies, ou vendant ses meilleurs morceaux, comme les turbine Alsthom passées sous contrôle américain, ou encore en laissant partir ses meilleurs ingénieurs, comme ceux d’Areva, en Chine qui est maintenant à la pointe du nucléaire mondial.
C’est ce domaine que l’un de ses meilleurs spécialistes défend dans cette interview réalisée par Le Point, où il dit qu’il est encore temps de sauver le nucléaire, seul espoir authentique et sûr d’une décarbonisation de l’atmosphère, ce que le GIEC reconnaît dans son dernier rapport de 2018.
Il n’y a pas de ministre de l’industrie en France.
C’est une secrétaire d’État qui en est chargée.
Sciences Po-ENA comme il se doit, dont l’expérience professionnelle se limite aux voitures et stations de ski !
Aucune formation scientifique, comme son patron Bruno Le Maire.
Yves Bréchet, ingénieur, a été Haut commissaire au nucléaire jusqu’en 2018, membre de l’Académie des sciences et du Conseil scientifique de Framatome.
Sa retraite le libère de son obligation de secret professionnel et défense, et ce qu’il dit est pour le moins surprenant.
L’Imprécateur
27 octobre 2019
Le Point : Nouveau dépassement de budget de 1,5 milliard d’euros pour l’EPR de Flamanville, arrêt du projet Astrid…
Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le nucléaire en France.
La filière est-elle en mauvaise passe ?
Yves Bréchet : En France, le nucléaire a des difficultés, c’est vrai.
Mais connaissez-vous une filière industrielle qui n’en aurait pas quand son principal client, l’Etat, ne sait pas ou n’ose plus dire ce qu’il veut et que l’on s’évertue à rendre le nucléaire honteux ?
Dans les médias, on parle ainsi de manière obsessionnelle des déboires du nucléaire, on tresse des lauriers à ses concurrents énergétiques et on accumule des contrevérités sur les déchets, sans jamais se soucier de vérifier ces informations.
Je ne connais pas beaucoup de filières industrielles qui pourraient survivre à ça.
Dès qu’un chat se coince la queue dans la porte d’une centrale, c’est un accident nucléaire !
Il ne s’agit pas de dire que tout va bien.
Aujourd’hui, l’industrie a du mal à se remettre en marche après vingt ans (une génération !) sans avoir eu de grands projets.
Ce n’est pas la même chose d’entretenir un parc nucléaire et d’en construire un nouveau.
Dans les années 1970, l’industrie nucléaire construisait cinq centrales par an.
Quand on parle aux vétérans, on se rend compte qu’à l’époque aussi, les débuts étaient compliqués. Mais l’Etat savait ce qu’il voulait.
On était alors capable de mobiliser des capacités industrielles de haute valeur pour une mission qui était claire et durable.
Le Point : C’est ce qui explique pourquoi la Chine est capable de construire des EPR alors que nous accumulons les difficultés ?