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dimanche 18 octobre 2020

Macron change les règles de nomination des recteurs pour favoriser une de ses copines de l'ENA


Emmanuel Macron et Charline Avenel.
 Emmanuel Macron et Charline Avenel. Photo AFP et Capture Sciences Po Carrières
 
Publié le

On devrait toujours lire les compte-rendus du conseil des ministres. Celui du 3 octobre comportait en effet l'annonce d'un décret modifiant les "modalités de nomination des recteurs".

"Le décret vise, dans la continuité des réformes engagées depuis 2001, à diversifier le vivier de recrutement des recteurs, pour mieux répondre aux exigences nouvelles du métier. Il porte ainsi de 20 % à 40 % le contingent des emplois de recteurs pouvant être occupés par des personnes non titulaires de l’habilitation à diriger des recherches, et supprime les conditions exigées précédemment pour les personnes non détentrices de cette habilitation. Leur aptitude à exercer les fonctions de recteur demeure vérifiée par la commission instaurée en 2015 et présidée par un conseiller d’État", indique le texte, qui précise que ces évolutions participent à la dynamisation du haut encadrement des deux ministères et à la diversification des profils, correspondant à la variété des missions confiées aux recteurs d’académie."

Une camarade de promotion de l'ENA

Pourquoi une telle modification sans tambour ni trompettes pour faire passer de  6 recteurs (sur 30) à 12 le nombre de recteurs qui ne sont pas des universitaires ? Vraisemblablement pour permettre à une camarade de l'ENA d'Emmanuel Macron de pouvoir être nommée rectrice. 

L'Elysée et Matignon veulent, en effet, nommer à la tête de l'académie de Versailles - la plus grosse de France avec 1 million d'élèves - Charline Avenel, 42 ans, actuelle secrétaire générale de Sciences-Po. Problème, cette haute fonctionnaire n'est pas titulaire d'une habilitation à diriger des recherches et le quota des six recteurs non-universitaires est déjà complet. D'où le décret pour assouplir les conditions permettant d'occuper ce poste...

Aucune expérience à la tête d'une académie

Selon L'Obs, l'heureuse élue a d'ailleurs prévenu ses proches collaborateurs à Sciences-Po de son départ imminent vers Versailles.

Seule la commission évoquée dans le décret du Conseil des ministres, qui est chargée d'évoquer l'aptitude des candidats à exercer les fonctions de recteur, pourrait mettre le holà à la nomination de Charline Avenel. Mais cette commission est dirigée par un membre du Conseil d'Etat - le corps d'origine du Premier ministre Edouard Philippe - et elle devrait donc accéder à la demande présidentielle... 

Charline Avenel connaît heureusement le secteur de l'Education puisqu'elle a été membre du Cabinet de la ministre de l'Enseignement superieur et de la recherche Valérie Pécresse de 2007 à 2010, puis directrice adjointe en charge des ressources à l'Agence nationale de la recherche. Et elle a été très active à Science-Po. En revanche, cette spécialiste des questions budgétaire n'a jamais dirigé une académie avant d'être nommé dans la plus grande de France habituellement réservée à des recteurs expérimentés...

L'Elysée assure que le changement de règles était prévu avant

Contacté par L'Obs, l'Elysée assure que le changement des règles a été souhaité par Emmanuel Macron "bien avant que Charline Avenel ne soit dans le radar" pour l'académie de Versailles. Reste qu'après la nomination de l'écrivain Philippe Besson, ami du couple Macron, comme consul de France à Los Angeles - qui fait l'objet d'un recours par un syndicat du Quai d'Orsay - la nomination de Mme Avenel fait grincer des dents, notamment dans le milieu universitaire...

PHILIPPE RIOUX 

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