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samedi 18 janvier 2020

La Mouche, le président et le syndicaliste




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18 janv. 2020
Par Pascal Maillard
Blog : POLARED -

La journée de ce 17 janvier fut symbolique de l’essence du macronisme.

Elle pourrait constituer une étape supplémentaire dans la montée de la colère populaire.

Si la journée a été calamiteuse pour Macron et Berger, c’est qu’elle a montré leur commune ignorance des liens forts que le mouvement social est en train de tisser entre les grévistes, les citoyens révoltés et les syndicalistes.

Une première lecture de l’événement des Bouffes du Nord* sera probablement celle-ci : alors que le peuple souffre et trouve la force d'inventer une contestation infinie et protéiforme, alors que le Louvre est bloqué et que les robes noires n’arrêtent pas de voler, alors que le pays et la planète brûlent de mille feux, le Roi Macron s'en va se divertir dans un quartier populaire, avant de faire procéder à l’arrestation d’un journaliste.
L’effet est ravageur.
Mais il y a mieux.
Une coïncidence a montré la connivence entre le pouvoir  autoritaire et le syndicalisme néolibéral de Laurent Berger.
Le jour même où la CFDT, dont le siège a été sympathiquement chahuté, reçoit un message de solidarité de Macron, ce dernier subit à son tour une semblable manifestation de protestation, mais avec un peu plus de virulence.
Il ne manque que le message de solidarité de Berger envers Macron pour que la boucle soit bouclée. Le Roi et son berger sont nus.

Je veux dire que la solidarité du couple a été mise à nu symboliquement.
Mais aussi physiquement, par la contiguïté des événements et des lieux : le siège de la CFDT est devenu pour quelques instants une salle de spectacle joyeuse alors que les Bouffes du Nord jouaient La Mouche, une pièce comique dans laquelle le spectateur Macron pouvait contempler une sorte d'allégorie de lui-même : un savant fou qui rêve de se téléporter, finit transformé en un horrible monstre.
Ce n’est pas tout.
Comble de la bêtise ou logique implacable d'une commune idéologie, Macron et Berger ont choisi de pimenter leurs mésaventures par la vengeance d’une petite répression, par voie de justice ou de police.
Berger porte plainte contre des syndicalistes - ça risque de lui coûter d’autant plus cher qu’aucun acte de violence ne semble avoir été commis – alors que la police politique de Macron arrête un journaliste très populaire chez les contestataires, celui même par qui l’affaire Benalla commença. Pour ne rien arranger, la députée et porte-parole LREM, Aurore Bergé, aussi maladroite que son homophone, tente un sauvetage politique de son patron en vantant le courage d’un président « qui est resté jusqu’à la fin de la représentation ».
Avec de tels soutiens, il n’est pas sûr que Macron restera jusqu’à la fin de son mandat.
Il est à souligner que dans le même tweet Aurore Bergé dénie à Taha Bouhafs le statut de journaliste. De colère, elle en oublie même un mot : dans son rageur « et qu’on ne parle de « journaliste » », elle passe à la trappe le forclusif « pas ».
Et elle se félicite de l’interpellation du "militant".
Nous savons depuis longtemps que dans ce beau pays de la Macronie en marche, le pire ennemi du pouvoir pourrait bien être le journaliste militant, un journaliste engagé et indépendant, un journaliste qui filme simplement ce que le pouvoir veut cacher et qui met à nu une vérité.
La pulsion macronienne est la suivante : qu’on les juge et qu’on les enferme !
Je pose alors cette question : Aurore Bergé et son patron entendent-ils aussi jeter en prison les avocats engagés, les cheminots militants, les professeurs critiques, les lycéens joyeux, les étudiants anticapitalistes et les électriciens contestataires ?
Et, incidemment, camarade Laurent Berger, par votre plainte déposée, entendez-vous faire condamner un militant de Sud ou de la CGT pour avoir entonné une chanson qui vous a mis à côté de Macron ?
A la trahison voulez-vous ajouter le déshonneur ?
Pas plus que Macron, vous n’avez compris ce qui se passe dans l’insurrection qui vient : les grévistes, les citoyens révoltés et les syndicalistes se sont rapprochés. Et c’est bien ce qui vous fait peur.
Pascal Maillard

PS  : Je précise, s'il en était besoin, que j'ai le plus grand respect pour les syndiqués et militants de la CFDT qui sont dans les luttes et qui affirment leur indépendance face à la direction de leur confédération.


* Quelques tweets qui résument en image cette petite "fuite de Varennes" :

https://twitter.com/RemyBuisine/status/1218284638671601670
https://twitter.com/LaMeutePhoto/status/1218281596895318019
https://twitter.com/TaranisNews/status/1218297521480654848
https://twitter.com/T_Bouhafs/status/1218261377149784067



Retraite : Emmanuel Macron exfiltré d'un théâtre17 janvier 2020, Théâtre des Bouffes du Nord, Paris © CLPRESS


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