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samedi 22 juin 2019

Iran-USA : pourquoi Donald Trump a changé d’avis et ce qui s’est vraiment dit à la Maison-Blanche…

 
 


 
Le golfe Persique en train de nous emmener vers une déflagration mondiale ?

Il en était question en ces colonnes, le 21 mai dernier.

Ce jeudi 20 juin, la question n’a jamais été d’autant d’actualité, avec ce drone américain abattu dans l’espace iranien.
Bien sûr, les USA assurent que ce « forfait » a été perpétré dans les eaux internationales.
D’où leur velléité de bombardement de sites iraniens « ciblés ».
Avant que Donald Trump ne se ravise au dernier moment, à en croire le New York Times, quotidien local de référence.
Mais, au-delà de ces pudeurs diplomatiques auxquelles les chancelleries du monde entier ne font même plus peine de croire, il y a cette situation assez bien résumée par François Nicoullaud, ancien ambassadeur français à Téhéran de 2001 à 2005, répondant, le jour même, aux questions de notre confrère libanais L’Orient-Le Jour : « Le dernier épisode, c’est l’envoi d’un millier de soldats américains dans la région, ce à quoi l’Iran a répondu avec la destruction du drone. Il y a manifestement un phénomène d’escalade, ce que les Américains appellent le “game of chicken”, soit le jeu de la “poule mouillée”. C’est à celui qui craquera le premier. »
Là est la véritable question.
Qui a « craqué le premier » et que s’est-il vraiment dit à la Maison-Blanche, dans la nuit de jeudi à vendredi, quand cette opération militaire a été in extremis annulée ?
Les médias occidentaux évoquent le New York Times sans s’être manifestement donné la peine de le lire plus en détail.
Et c’est à le faire de plus près que tout ceci devient passionnant.
Il nous y est confirmé – mais qui pouvait sérieusement en douter ? – qu’au sommet de l’hyper-puissance américaine, divers courants se trouvent en perpétuelle confrontation.
Dans le camp belliciste, les conseillers personnels de Donald Trump en matière de sécurité, Mike Pompeo et John R. Bolton, idéologues néoconservateurs confondant parfois intérêts israéliens et américains.
De l’autre, « les généraux du Pentagone lui ayant assuré qu’une telle action militaire ne pouvait qu’aboutir à une spirale des plus dangereuses pour les forces américaines stationnées dans le Golfe ».
D’un côté, des théoriciens.
De l’autre, des officiers malgré tout comptables de la vie de leurs soldats.
De l’autre, au Congrès, des élus démocrates, de longue date moins perméables au messianisme évangéliste cher à leurs collègues républicains, ont pressé ce président pour lequel ils n’ont pourtant que peu d’estime d’engager une « politique de désescalade. »
En bon maquignon, Donald Trump, plus sensible aux petits rapports de force qu’aux grandes idées, semble les avoir entendus.
Au final, qui a bien pu peser sur la décision du président, aussi influençable que têtu ?
Ce simple fait peut-être, voulant que le drone en question – d’une valeur de 130 millions de dollars, tout de même – était réputé intouchable avant d’être touché.
La technologie russe, développée par les Iraniens, aura ainsi démontré qu’aucune force n’était, à ce jour, invulnérable.
Car si l’aviation de chasse iranienne n’est forte que de quelques dizaines d’appareils, tous plus ou moins hors d’âge, leur défense anti-aérienne, elle, est autrement plus performante.
C’est, d’ailleurs, ce même fait qui retient Israël depuis longtemps en ses envies de blitzkrieg.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, qui n’a pas toujours le sens des réalités, se voit régulièrement rappeler par Tsahal, jadis invincible armée israélienne, ce simple fait : pour dix avions envoyés bombarder l’Iran, si deux ou trois sont en état de revenir, ce serait un miracle.
Un constat que l’état-major de l’armée américaine a dû faire également, étant désormais de plus en plus rétif à l’idée de nouvelles équipées incertaines, instruit du fait que celles d’Afghanistan, d’Irak, de Libye ou de Syrie, n’ont pas tout à fait apporté les bénéfices géopolitiques escomptés.

Saura-t-on, un jour, ce qui s’est dit dans le Bureau ovale ?
Il est à parier que non.
Mais, en la circonstance, Donald Trump aura au moins démontré qu’il n’était pas le « fou » qu’on pensait et qu’il pouvait, lui aussi, se comporter en président à peu près digne de ce nom.
On connaît nombre de ses actuels homologues européens qui ne pourraient en afficher autant.

Nicolas Gauthier

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