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lundi 21 janvier 2019

« Indignez-vous !! De Stéphane Hessel aux Gilets jaunes, un ennemi commun… le totalitarisme marchand » L’édito de Charles SANNAT



Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Mes chers et fidèles lecteurs.
 
Stéphane Hessel était un grand résistant et un grand homme.

Son dernier coup d’éclat à 93 ans fut de publier un livre, peu épais, de quelques dizaines de pages, intitulé Indignez-vous.
Le succès de cet ouvrage a été fulgurant.
Très sollicité pour de multiples interviews, Stéphane Hessel répétait souvent que pendant la dernière guerre mondiale, il était facile de désigner l’ennemi, il était facile de le nommer.
Cela ne rendait pas la lutte simple pour autant contre les nazis, la Gestapo ou les milices, mais l’ennemi était évident.
Stéphane Hessel a toujours dit qu’il était, pour lui, facile de savoir contre qui se battre.
Aujourd’hui, qui est l’ennemi, notre ennemi, l’ennemi commun objectif du peuple de France dans toutes ses composantes ?
Et une fois cet ennemi désigné, comment le combattre ?
 
Ce sont les quelques milliardaires qui incarnent le totalitarisme marchand !

Vous avez sans doute, ou vous allez vraisemblablement entendre parler de cette dernière étude d’OXFAM qui explique que « les 26 personnes les plus riches détiennent autant d’argent que la moitié de l’humanité ».
Non seulement « la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 900 milliards de dollars l’an dernier », mais en plus, au même moment, la fortune « de la moitié la plus pauvre de la population de la planète a chuté de 11 %… »
Plus grave encore.
En 2017, il fallait la fortune de 43 milliardaires pour avoir l’équivalent de la fortune de la moitié de l’humanité.
Cette année, soit un an plus tard, il ne faut plus que 26 milliardaires.
Je vous passe le fait que le budget de la santé de l’Éthiopie est de 1 % de la valeur de la fortune d’un type comme Jeff Bezos, le patron d’Amazon, ou que les plus pauvres payent plus d’impôts que les plus riches…
C’est un combat non pas contre les petits riches et la richesse, mais contre le vol et le pillage de l’humanité par une centaine de milliardaires.

Nous sommes en réalité dirigés par une caste d’une centaine ou de deux cents milliardaires incarnant ce capitalisme qui pille consciencieusement la planète et réduit au rang d’esclaves de moins en moins consentants les milliards de la multitude opprimée de cette planète.
Cette caste veut casser les nations, car les nations, par leurs lois et leur souveraineté, sont autant d’entraves nationales possibles à leur développement, à leurs rapines, à leur vol que l’on appelle désormais « marché ».
Cette caste veut casser les identités, les solidarités des groupes ethniques de notre planète, encense la différence pour en réalité masquer sa haine des différents peuples, cultures, ou religions, car, là encore, chaque manière de vivre est une entrave à l’expansion du rêve d’une humanité qui ne serait plus composée  que« d’homo consomicus », dont la seule utilité serait d’être des euros sur pattes, d’être uniquement des consommateurs.
Les solidarités familiales empêchent la marchandisation de certains services et nous pourrions multiplier ce type d’exemples.
Cette caste, enfermée dans sa logique mortifère du toujours plus de croissance et de profits, lamine la planète, nos ressources naturelles, notre environnement et a enfanté un système économique qui n’est pas soutenable.
Cette caste, pour arriver à ses fins, doit détruire l’âme humaine pour nous réduire à l’état d’individus individualistes mus par des pulsions de possession sans aucun sens, ni recherche du bonheur, un monde où les hommes ne sont plus des hommes, les femmes ne sont plus des femmes, où être mère ou père n’a plus d’importance, où l’amour inconditionnel d’un parent pour un enfant est remplacé par l’absurde droit opposable à faire des gosses sans père, sans histoire, et où l’on réduit l’enfant à un produit, à une marchandise.
Cette caste de milliardaires veut tout casser, tout déstructurer, tout détruire, ici, là-bas, ailleurs et partout, tous les peuples, toutes les cultures sont les victimes objectives de cette caste.
 
Macron, Philippe, ceux d’avant et ceux d’après ne sont que les serviteurs de ces milliardaires !

Macron, Philippe, et tous les autres ne sont que les représentants de cette caste et mènent; en gros, la politique qui arrange cette caste et pas la politique qu’ils devraient mener pour leurs peuples, pour les gens. Pour la multitude.
Cela n’est pas propre à la France, c’est un phénomène mondial.
Après la chute de l’URSS et l’effondrement du mur de Berlin, les hommes politiques du monde entier ont progressivement abandonné, petit à petit, la souveraineté populaire et nationale dont ils étaient les garants et les dépositaires pour transférer ce pouvoir politique à des instances et institutions internationales.
Organisation mondiale du commerce (OMC), Fonds monétaire international (FMI), Union européenne, OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) ou des accords internationaux de libre-échange comme l’ALENA ont organisé l’impuissance des États, et l’impuissance des peuples.
Le droit à choisir collectivement notre destin est un droit fondamental et notre Constitution est très claire sur ce sujet.
 
ARTICLE PREMIER. 
La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale.
Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion.
Elle respecte toutes les croyances.
Son organisation est décentralisée.
La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales.

Titre premier – DE LA SOUVERAINETÉ

ARTICLE 2.
 
La langue de la République est le français. 
L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L’hymne national est « La Marseillaise ».
La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Dans les deux premiers articles de notre Constitution, l’essentiel est dit.
La République est inclusive et ne rejette personne, son principe de base est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Or nous sommes passés de ce principe, qui ne fut pas toujours appliqué soyons justes, au pouvoir d’une caste de milliardaires pour cette caste de milliardaire alimentée en saignant le peuple de France, et par extension les peuples de toute la planète !
 
Indignez-vous et nommons l’ennemi !

J’ai toujours nommé l’ennemi en tant que système « totalitaire marchand ».
Si vous voulez des noms, prenez les 26 premiers de la liste d’Oxfam et vous aurez déjà une bonne idée de ceux qui tirent les ficelles et qui veulent s’affranchir des garde-fous nationaux qui pourraient venir limiter leurs profits.
Ce combat est mondial. Il n’est pas uniquement français.
Il ne concerne pas que les Gilets jaunes français, mais les Gilets français viennent d’allumer une lueur d’espoir extraordinaire.
La France, par cette révolte populaire, redevient la lueur dans la nuit.
Dire cela ne justifie pas les outrances du mouvement.
Sur les peuples du monde entier s’exerce une violence sociale, environnementale, psychologique, managériale, terrible.
Elle est le fait de cette caste de milliardaires qui croulent sous les milliards et dont la puissance de corruption, légale ou pas, est sans égal.
Cette caste dispose d’une élite dirigeante qui la sert au lieu de servir les peuples qu’elle dirige ou représente.
Cela, désormais, est trop visible.
Le mouvement des Gilets jaunes, d’une révolte fiscale fédératrice, a désormais muté pour réclamer les moyens d’instituer à nouveau la puissance du peuple et des peuples, contre cette caste.
Cette demande de politique pour le peuple, et par le peuple, n’est pas la remise en cause de la République, cette demande est notre Constitution même.
Cette demande est une demande non pas de moins de République, mais de République tout court !
Et c’est bien de là que provient l’essentiel de tout ce qui se joue autour de la révolte des Gilets jaunes.
L’ennemi, notre ennemi, n’est pas notre voisin, il n’est pas celui qui a une autre religion, il n’est pas celui qui vient d’ailleurs, évidemment que tout cela peut poser et pose d’indéniables problèmes, mais notre véritable ennemi n’est pas l’autre.
Notre véritable ennemi n’est pas celui qui roule dans une plus belle bagnole que soi, ou le voisin qui a une plus grosse maison, notre ennemi n’est pas le « petit riche » de rien même s’il a quelques millions.
Notre véritable ennemi c’est le système totalitaire marchand qui instrumentalise nos différences et les met en scène pour nous opposer et nous diviser.
Un autre monde est possible, un autre monde est souhaitable, et notre génération, notre monde et nos enfants, plus que jamais, ont besoin de rêves, de vision et d’utopie.
 
« C’est parce qu’ils ne savaient pas que c’était impossible qu’ils l’ont fait ».

Cette bataille qui se joue n’est pas juste une bataille de rue et de manifestations.
Elle est aussi et surtout une bataille d’idées, de cœur et de masse.
Nous sommes la multitude, et le système totalitaire marchand repose sur du vent et sur la force légitime des États dévoyée au profit d’un système qu’ils font perdurer souvent même sans avoir conscience d’être devenus des instruments de maintien au pouvoir au lieu d’être les outils indispensables d’un maintien de l’ordre.
Chez nous, un policier est appelé un « gardien de la paix ».
Pas un gardien de l’ordre établi.
Vous touchez ici la différence cruciale entre maintien de l’ordre souhaitable et maintien au pouvoir. Cette limite, cette frontière ténue, sépare une démocratie de la dictature. Ni plus ni moins.
Cette guerre qui se joue se remportera en remportant la bataille des cœurs et des âmes avec des idées, de grandes idées, et une vision d’avenir et d’unité.
Il faut opposer un projet humaniste, positif et constructif à la noirceur destructrice du totalitarisme marchand.
À la violence d’un système doit répondre le pacifisme du peuple, la détermination populaire sans faille, et sans violence.
À la répression, il doit être opposé le bilan des victimes et la sauvagerie de la force utilisée.
À la brutalité du totalitarisme marchand, il faut opposer notre humanité, notre solidarité.
Aux tentatives de division, il faut opposer l’unité.
La bataille se gagnera en poussant le pouvoir à se montrer tel qu’il est et nous y sommes.
 
Chaque violence illégitime, chaque gilet jaune tabassé, blessé, abîmé, toutes ces nouvelles gueules cassées deviennent autant de symboles et de héros face à la barbarie d’un système qui va alimenter la haine à son égard.
 
Chaque victime de la répression est une arme pour désarmer l’État qui violente son peuple.
C’est parce que ceux qui ont été offensés ne répondront pas par l’offense que ceux qui agissent mal sont destinés aux oubliettes de l’histoire.
Nous vivons dans une société qui donne encore à un grand nombre l’illusion de la démocratie et de la liberté.
Chaque offense permet de faire prendre conscience chaque jour à un nombre plus élevé de nos concitoyens de qui est l’offenseur.
Le pacifisme permet de désigner sans ambiguïté l’offenseur, qui n’est autre que l’oppresseur.
L’arme redoutable de cette bataille n’est pas un fusil, mais la non violence.
Le pouvoir pour faire renter les Gilets Jaunes à la maison devra sans cesse taper de plus en plus fort. Soit le pouvoir tape encore plus fort et il a déjà perdu, soit il ne peut plus taper car ses violences seront jugées très majoritairement comme illégitimes et il aura alors perdu.
C’est pour cela que le pouvoir politique et médiatique instrumentalise les violences en marge des manifestations des Gilets Jaunes.
La violence en marge justifie la répression et le recours à la force.
C’est un piège politique terrible dont il faut que le plus grand nombre prenne conscience.
La violence ne permet pas de faire avancer la cause des Gilets Jaunes, au contraire.
Elle permet de diviser et de faire baisser le soutien populaire au mouvement.
Enfin, la répression ne fonctionnera que si le pouvoir réussit à faire taire la contestation par la peur.
 
Si la peur de l’emporte pas, alors le gouvernement sera emporté.

Gilets jaunes de tous les pays et de toutes les religions, unissez-vous.
Indignez-vous de chaque violence.
Indignez-vous de chaque blessure.
Indignez-vous de chaque outrage.
Indignez-vous de chaque déni de démocratie.
Indignez-vous de chaque recul de la liberté. De notre liberté.
Indignez-vous ! Encore et encore. Stéphane Hessel, Paul Eluard et tous les autres nous regardent. Tous ceux qui ont consacré leur vie à la liberté nous regardent.
Ils vous regardent, ils nous regardent, et plus encore, ils nous inspirent.
Ils sont notre héritage, nous sommes les héritiers.
 
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !
 
Charles SANNAT


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