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mercredi 28 novembre 2018

Discours de Macron : en attendant la fin du monde…

 
 

 
 
Disons qu’il a fait un effort. Pas dans la longueur du discours, trop long comme d’habitude. Mais il n’a pas insulté les Français.

C’est déjà ça.

Ça devait le démanger mais les conseillers en com’ avaient dû lui dire de garder cela pour les grandes occasions, lorsqu’il porte jaquette à l’étranger.
Il ne les a pas insultés ; enfin, tout du moins, formellement.
C’est vrai, aussi, qu’il s’est dépassé, ces derniers temps.
Pas plus tard que dimanche, à Bruxelles, il se penchait, nous racontait hier ici-même notre ami Nicolas Gauthier, sur la misère de « nos classes laborieuses », comme not’ bon maître sur le sort de « nos gens ».
Dans ce discours de mardi matin qui devait répondre à la colère des gilets jaunes, Emmanuel Macron n’a pas insulté les Français, mais il s’est quand même un peu moqué d’eux.
Un discours technocratique enrobé, pour le coup, d’un peu d’empathie d’apparat.
Visiblement, à entendre les premières réactions des gilets jaunes, ça n’a pas marché.
Emmanuel Macron veut donc faire croire que l’on va s’occuper en même temps de la fin du monde et de la fin du mois.
En attendant, si des dizaines de milliers de Français sont rassemblés sur les ronds-points, ce n’est pas pour observer le ciel dans l’attente de l’Apocalypse mais parce qu’ils ne savent pas comment ils vont boucler leur fin de mois cataclysmique.

Rien de bien concret et immédiat n’est donc sorti de ce discours, si l’on excepte la promesse d’une évolution de la taxation en fonction des cours du pétrole.
Un truc qui avait été essayé sous Jospin et qui n’avait pas été concluant.
Comme quoi on peut être un fan de cuisine d’un nouveau monde et, néanmoins, utiliser les vieilles recettes (fiscales).
Les Français des ronds-points, qui savent compter et comptent par nécessité, ne s’y retrouveront sans doute pas.
Emmanuel Macron garde le cap : « Ne pas changer d’avis, ne pas changer la vérité », a-t-il déclaré. Car, rappelons-le, Emmanuel Macron EST la vérité.
Certes, il a parfaitement compris la situation des Français les plus modestes, ceux qui sont obligés de prendre leur voiture pour aller travailler, qui ne peuvent changer la chaudière au fioul sur un coup de tête.
Ces Français, « ils disent que ce sont, au fond, toujours les mêmes qui font les efforts, et ils ont raison », constate le Président-sociologue.
Que n’a-t-il fait ce constat durant la campagne de 2017 et pris les mesures en conséquence !
Peut-être n’aurions-nous pas les gilets jaunes dans la rue aujourd’hui.
Et en décryptant le discours présidentiel, on a le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui feront les mêmes efforts.
Mais au-delà de la question du prix des carburants, Emmanuel Macron n’a pas donné de réponses concrètes à la question centrale du pouvoir d’achat.
L’avalanche d’augmentations de taxes diluées dans le quotidien des Français pèse lourd dans le budget des plus faibles : assurances, contrôle technique des véhicules, etc.
Une liste longue comme un jour sans pain.
Et plus encore, rien, dans le discours d’Emmanuel Macron, n’était de nature à rétablir la confiance entre, d’une part, le Président, le gouvernement et sa majorité et, d’autre part, les Français.
Parmi les revendications des gilets jaunes, on entend celle d’une dissolution de l’Assemblée nationale.
Elle peut paraître, en première approche, farfelue.
Elle fait sourire et même rire parmi les membres de la majorité.
J’entendais, mardi soir, sur BFM TV, le député de Vaucluse Morenas, suppléant de la secrétaire d’État Poirson, dire aux gilets jaunes qu’il recevait à sa permanence, qu’il ne porterait pas cette revendication à Paris.
Personne ne sait comment la situation peut évoluer dans les prochaines semaines.
Mais l’on devrait se souvenir de Mai 68.
Nous n’en sommes pas encore là, Dieu merci, mais faut-il rappeler que le général de Gaulle a dissous l’Assemblée nationale le 30 mai 1968 après les « événements ».
293 UDR (sur 487 députés) entrèrent au palais Bourbon.

Un raz-de-marée.
De Gaulle avait rétabli la confiance avec le peuple.

Si Emmanuel Macron est si certain d’être dans la vérité…

Georges Michel

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