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vendredi 10 août 2018

Marche blanche à Grenoble, commémoration à Amiens : une émotion qui en dit long

 

 
Les images d’amateurs tremblotent, et nos cœurs avec, nos cœurs de pères, de mères, de fils, de descendants.

Nos cœurs de Français.
Car ces deux événements du 8 août 2018 n’ont pas eu droit à des retransmissions officielles en direct sur les grands médias.
Pas dignes.
Et pourtant…
Comme ils nous parlent de nous, Français, que nous le sachions ou pas, que nous le voulions ou pas, de notre passé et de notre avenir.
Ils nous parlent de nous, et de nos morts.
De nos ancêtres. Et de nos enfants.

1918 : l’été de la fin, des dernières grandes batailles.
L’un de mes arrière-grands-pères y a trouvé la mort.
Mort de ses blessures juste après l’armistice.
Sa petite fille, ma grand-mère, l’a à peine connu.
Son père, ce fut, tous les 11 novembre, ce nom sur le monument aux morts du village.
Et puis cette croix blanche, là-bas.
Alors, quand nos yeux ont vu le prince William s’avancer dans la cathédrale d’Amiens, quand il a prononcé son si beau discours, quand le « God Save the Queen » et « La Marseillaise » ont retenti sous les voûtes de cette grande et belle cathédrale d’Amiens, le symbole de la résistance au milieu des ruines, quelque chose en nous a tressailli.

2018 : marche blanche à la mémoire d’Adrien Perez à Grenoble.
Après les mots de sa mère, le matin, à la radio, qui ont bouleversé la France entière.
Trois mille personnes défilent dans le silence et le recueillement.
Dans les pleurs et la colère contenus.
Marche blanche : jamais je ne pensais être concerné.
Mais les événements, la réalité de la France d’aujourd’hui font que nous aussi, avec mon épouse, nous avons, en 2018, participé à une marche blanche dans notre ville.

1918 : c’étaient nos arrière-grands-parents et nous commémorons un passé qui s’éloigne et qui a trouvé, depuis longtemps, son dépassement et son apaisement.

2018 : c’est autre chose, ce sont nos enfants, et c’est le présent qui craque et l’avenir qui s’obscurcit. Tous les conseils de prudence donnés à nos enfants quand ils sortent le soir ou voyagent ont désormais perdu leur caractère mécanique et insouciant.
Et que ce soit attentat islamiste ou assassinat par des racailles, nul ne peut plus dire qu’il ne sera pas concerné ni que c’est ou que c’était la faute à pas de chance ou à la fatalité.

Nous ne parlerons pas des absents, de l’absent, de ces grands événements.
Visiblement, quand la com’ se dérègle, elle fait dire et faire n’importe quoi aux grands de ce monde.

Nous retiendrons plutôt de ce 8 août 2018 ces images et ces voix qui tremblent, ces sanglots, ces mots et ces silences s’élevant dans le ciel de l’Isère ou dans la majestueuse cathédrale picarde.

Et nous sommes certains que les Français présents à Amiens ou à Grenoble, physiquement ou par la pensée, étaient, eux, au bon endroit au bon moment.

Pascal Célérier

 

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