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mercredi 27 juin 2018

Xavier Raufer : « On sent une conspiration de branquignols »




 
 

Vaste coup de filet du gouvernement puisqu’une dizaine d’individus appartenant à un corpuscule appelé « Action des forces opérationnelles » ont été arrêtés.


Ils auraient projeté des attentats contre des imams, des anciens détenus islamistes et des cibles liées à l’islamisme radical.
Que sait-on de cette affaire ?


On en sait peu de choses.
Bien entendu, un certain nombre de médias ont tout de suite crié à la menace terroriste venue de cette ‘’ultra-droite’’.
À la fin et depuis lors, la chose s’est sensiblement dégonflée.
D’après ce qu’on lit dans le journal, ce sont des gens d’un certain âge.
Or, on ne passe pas au terrorisme au moment de la ménopause ou au moment de la retraite.
C’est un art et un sport de jeunes.
Les maisons terroristes sérieuses jadis qu’étaient l’ETA au Pays basque ou l’IRA en Irlande, pour rester en Europe, commençaient à envoyer des jeunes hommes affronter la police dans des bagarres de rue à l’âge de 13 ou 14 ans.
Comme toutes les méthodes et les pratiques dangereuses, le terrorisme nécessite beaucoup plus que des connaissances.
Elle nécessite des réflexes.
Les réflexes sont dans le cerveau reptilien.
Ils se trouvent donc dans le cerveau d’un être humain quand il a 12, 13 ou 14 ans, mais pas à 50 ans.
Souvenons-nous qu’après 68, après la grande vague avec la brigade rouge en Italie, un éditeur d’extrême gauche italien qui avait dépassé la quarantaine avait créé lui aussi son petit groupe pour faire pareil.
On l’a retrouvé mort en morceau avec sa bombe qu’il lui avait explosée entre les mains.
On n’improvise pas cela dans la deuxième partie de sa vie.
Par conséquent, quelle que soit l’origine politique des individus, quand on entend parler de terroristes de 40 ou 50 ans, on a des doutes quand on connaît le sujet, ce qui est le cas du criminologue.
Dans un premier temps, il y a donc étonnement.
Ensuite vient la phase de vérifications.
Quand on regarde d’un peu plus près, on s’aperçoit que ce sont des gens qui sont dans une espèce de logique de ressentiments, ils en veulent à tout le monde et ne sont pas contents de la société telle qu’elle est.
Le soir au café, ils boivent sans doute plus que de raison et se montent le bourrichon les uns, les autres.
De surcroît, quand des gens ont des projets terroristes, ils évitent de tout raconter sur un site internet ou sur un blog.
On sent donc un peu la conspiration des branquignols avec des gens qui peut-être parlaient beaucoup, s’échauffaient les uns les autres dans le cadre de ce qu’on appelle poliment ‘’la chaleur communicative des banquets’’, mais cela ne m’apparaît pas aller très loin au-delà.

Dans les personnes interpellées se trouvent pourtant d’anciens militaires et policiers, c’est-à-dire des gens formés dans leur jeunesse à utiliser des armes et à passer à l’action.

Non, justement.
Ils ont passé leur vie à s’entendre dire qu’il ne fallait pas le faire et qu’il fallait faire le contraire.
Cela prouve peut-être qu’ils ont l’intention, mais en aucun cas, ils n’ont la pratique.
À ce que je sache, on n’apprend pas à des policiers à fabriquer des bombes.
À la limite, on apprend à des gens dans les armées à les désamorcer.
Les qualités qu’il faut pour être un bon policier ou un bon gendarme et celles qu’il faut pour être un bon terroriste sont à l’inverse l’une de l’autre.
Ils n’avaient pas plus de facilités, mais au contraire, ils empilaient les difficultés.
Nous avons toujours beaucoup de mal à demander à des gendarmes de jouer aux voleurs.
Que ces gens-là roulent des mécaniques ou fréquentent des amicales d’anciens ceci ou d’anciens cela, c’est possible.
Mais, ils ne sont pas pour autant des dangers publics.

Est-ce possible qu’un jour émerge en France un tueur comme ce tueur norvégien, du nom de Breivik ?
Il avait tué à l’arme de guerre plusieurs dizaines de personnes sur une île.
Est-ce que ce scénario est possible en France ?

La situation est toute différente.
Breivik était absolument seul.
Il agissait à sa façon dans un contexte très différent comme Mohammed Merah avec un soutien familial, un frère à qui on fait des confidences.
Pour Breivik, c’était sa maman.
Cela ne mène pas très loin.
Le « succès » terroriste de Breivik provient du fait qu’il soit absolument seul et donc il n’y avait rien à intercepter comme communication entre lui et d’autres.
Revenons à la question du terrorisme en général.
Il s’agit d’une réaction à une sensation de désespoir.
Le terrorisme palestinien démarre après l’écrasement de l’armée égyptienne par l’armée d’Israël en 1967 après la guerre des 6 jours.
Pour les Palestiniens, le chevalier blanc Nasser viendrait les sauver et mettrait les Israéliens à la mer pour qu’ils puissent récupérer la Palestine.
Cette guerre avait détruit tous ces espoirs.
Il leur a fallu un an pour ne pas digérer cette défaite finale et terminale.
Et les premiers détournements d’avions commencent en 1968 pour faire revenir le problème palestinien au premier plan de l’actualité pour montrer qu’ils sont toujours là, qu’ils réagissent et qu’ils se rebellent.
J’ajouterais que le renseignement intérieur dirigé par monsieur Calvar, avait du temps de Hollande, par pure courtisanerie, fait de grandes théories sur le danger immanent d’extrême droite et de ses virtualités terroristes.
Il n’était pas capable d’arrêter Mohammed Merah, Kouachi, Coulibaly, Abdeslam, mais il était très bon pour dénoncer des périls un peu plus modestes comme ceux que présentaient virtuellement de fantomatiques terroristes d’extrême droite.
Il n’est pas impossible que son influence existe toujours à l’intérieur du renseignement intérieur et que cela soit, comme disait Sigmund Freud, un retour du refoulé.
En tout cas, dans les France d’aujourd’hui, c’est probablement davantage le cas que celui d’un véritable risque terroriste d’extrême droite.
Les réactions de désespoirs peuvent parfois donner des résultats dangereux.
Mais manifestement, ici, ce n’est pas vraiment le cas.

Le fait d’avoir pris des branquignols au sérieux trouve peut-être son origine dans cette volonté de servir fidèlement, d’aucuns diraient servilement.

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