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mercredi 13 juin 2018

Aquarius : un drame européen… de la bonne conscience

 
 
 

Il y a d’abord ces 629 naufragés recueillis à bord du navire Aquarius, un cargo affrété par l’association « SOS Méditerranée » avec pour objectif de prendre à son bord les migrants errant en Méditerranée sur des coquilles de noix pour leur permettre d’arriver en vie…dans un pays européen.

Or c’est précisément le but de leur périple hasardeux.
Et en l’occurrence, le problème.
Ce bateau a successivement recueilli 229 personnes entassées sur des embarcations pneumatiques offrant peu de sécurité, puis d’autres contingents, ramassés préalablement par des garde-côtes et un navire marchand italiens.
Mais on comprend vite que le vrai débat n’est pas directement le sort de ces personnes, il est dans la réponse de l’Europe face à cette situation.
Ou plus exactement dans son absence de réponse.
L’Aquarius se trouvait à 27 milles de Malte et 35 milles de l’Italie.
Puisqu’il n’entend pas rapatrier ses « hôtes » dans leurs ports d’origine (on ne nous dit d’ailleurs rien sur leurs pays d’origine), il pensait pouvoir les débarquer à Malte.
Mais c’est une toute petite île, déjà submergée par les migrations sauvages.
Elle a refusé.
Dans ce cas, l’Italie aurait dû se proposer.
Mais l’Italie rappelle qu’elle a reçu 700 000 clandestins ces quatre dernières années.
A ce rythme, le pays sera ruiné et dépossédé de son identité d’ici quinze ans.
C’est bien pourquoi le peuple italien, conscient de cette dépossession, a porté au pouvoir une coalition de partis qui se sont engagés à mettre un terme aux migrations clandestines.
L’Italie a logiquement dit non à l’accueil de ce bateau.
C’est évidemment un signal, un signal clair et fort en direction de ceux qui s’apprêtent à embarquer depuis les côtes africaines.
Dorénavant ils éviteront l’Italie.
La gauche française fustige cette position, elle fustige plus encore le gouvernement français : « Honte à la France, dont le silence vaut complicité avec l’Italie et Malte », s’écrit Coquerel, le bras gauche de Mélenchon.
Eva Joly s’en prend au « silence assourdissant d’Emmanuel Macron ».
Le communiste Brossat condamne « le néant et l’irresponsabilité » du gouvernement français.

 L’Espagne, nouvel eldorado des migrants

Finalement l’Espagne vient d’accepter que les migrants soient débarqués dans le port de Valence.
Le nouveau gouvernement socialiste, ultra-minoritaire, a besoin des voix de l’extrême gauche, celles de PODEMOS.
Mais cette décision, présentée comme ayant pour seul but d « éviter une catastrophe humanitaire », risque de se retourner contre les Espagnols.
Car là aussi le signal sera clair et fort pour les migrants : l’Espagne sera le nouvel Eldorado.
Le vrai problème est évidemment que les autres pays européens se révèlent incapables de présenter une approche commune, pris en tenaille entre les attentes populaires et la mauvaise conscience.
La pression migratoire est en train de défaire ce qui avait été d’abord construit autour du charbon et de l’acier.
Dans leur pratique de culpabilisation, certains comparent l’Aquarius à l’Exodus.
Dans ce cas, il convient de filer la métaphore jusqu’à son terme.
Si l’Aquarius, c’est l’Exodus, peut-on comprendre que les populations d’origine, les « autochtones », les « indigènes », – à commencer par les Italiens – , n’aient aucune envie de devenir les Palestiniens de la péninsule européenne ?

Francis Bergeron
 
Article repris du quotidien Présent Via

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