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jeudi 15 février 2018

Surveillante de prison à Val-de-Reuil, la Gaillonnaise a perdu les dents sous les coups d’un « fiché psy »

 
 

Après les coups, la surveillante avait perdu ses dents.
Publié le 15 Fév 2018

Victime d'un condamné, cette femme originaire de Gaillon dénonce aussi l'administration pénitentiaire qui ne facilite pas sa réinsertion au travail et son retour à une vie normale.
 
Âgée de 34 ans, Céline, un prénom d’emprunt, a vécu sa jeunesse à Gaillon.
Titulaire d’un BEP secrétariat, elle aurait pu devenir policière.
Elle sera un temps en poste à l’hôtel de Police de Rouen.
Mais, c’est un autre uniforme qu’elle portera à l’issue de sa réussite au concours de surveillante pénitentiaire, et, à la sortie de sa formation à l’école d’Agen.
Son premier poste, la jeune femme le découvrira au Havre.
Depuis 2013, c’est à Val-de-Reuil qu’elle exerce son métier.

« Ce n’est pas toujours facile »
De cette profession insolite pour une femme, elle justifie son choix.
C’est le côté contact humain qui m’a intéressée. Chaque jour, chaque personne, chaque cas ou situation sont différents. Il nous faut le gérer différemment. Le but premier de notre travail c’est la réinsertion. Ce n’est pas toujours facile, outre le règlement intérieur qu’il n’est pas facile à faire respecter, il nous faut interdire tout échange entre détenus. Exemple, un prisonnier en rupture de tabac peut entraîner des violences contre nous. Il nous faut ne jamais familiariser avec l’incarcéré, être vigilant et demeurer toujours que le qui-vive.
Syndicaliste, Céline assure entretenir de bons rapports avec ses collègues, surtout en cette période de conflit et de souligner les relations de confiance avec les auxiliaires de vie, détenus qui distribuent les repas, nettoient les coursives et même les bureaux des surveillants.

Visage meurtri


Depuis son arrivée à Val-de-Reuil, prison dotée de cellules unitaires, la jeune femme n’avait jamais connu de graves problèmes.
Certes, quelques insultes et menaces concernant sa propre famille, mais la chose semble quelque peu classique.
Le drame pour Céline remonte à quelques mois.
C’était un dimanche vers 13 heures, un détenu l’appelle via l’interphone de sa cellule, il lui déclare ne pas se sentir bien.
Tenant compte que l’homme est un « profil psychiatrique », la surveillante se fait accompagner d’un collègue pour aller vérifier l’état du plaignant.
À l’oeilleton, le prisonnier paraît normal.
Je parle avec lui, il me confirme se sentir mal, et réclame un médecin. Je lui explique que cela n’est pas possible vu que c’est dimanche. Je termine mes missions au parloir et les contrôles et je reviens vous revoir. Le gars me répond OK, pas de problème ! Au moment où je reprenais mes clés pour refermer sa porte, le détenu me donne de violents coups de poing qui me font exploser le bas de mon visage.
Le violent sort de sa cellule et s’en prend au collègue de celle qui est KO, l’alarme a pu être donnée.
Retrouvant ses esprits, courageusement, Céline et son collègue réussissent à maîtriser l’agresseur.
Transportée à l’hôpital d’Elbeuf, puis chez un dentiste de permanence, la jeune femme développera un mois plus tard un abcès et 42 jours d’arrêt de travail.

Double peine

Double peine pour Céline, l’administration ne réglant les factures de soins que 4 mois plus tard, son dentiste a cessé les soins.
J’ai retrouvé un autre dentiste à Rouen.
Ce dernier lors de sa radio a découvert que j’avais une fracture de l’os de la partie supérieure de la bouche.
Et Céline n’en a pas terminé avec son calvaire.
Actuellement, elle est encore en soin et pour longtemps.
Comble de l’histoire, la victime doit composer avec les dures réalités de l’administration pénitentiaire.
Ça m’a coûté un peu d’argent de ma poche. J’en avais tellement marre de me justifier auprès des praticiens et de leur dire, que l’administration vous réglera dans 4 mois, qu’à un moment j’ai payé avec mon argent soins et transports à Rouen. Pour un peu, j’avais honte de m’être fait agresser. Pourtant je présentais à chaque fois un papier de prise en charge. Plus tard, je suis allée voir un psychiatrique, même à lui il m’a fallu me justifier.
Des victimes vite oubliées

Cette agression n’a cependant pas traumatisé celle qui en a été victime.
Il ne faut pas avoir peur, sinon il faut changer de métier. Ce n’est heureusement pas tous les jours qu’on se fait cogner dessus, même si l’on est parfois bousculée. Un de mes collègues s’est lui, fait agresser par un radicalisé. Ce qui est regrettable c’est que l’on n’a aucune formation pour ces deux types d’incarcérés.
 
Syndicaliste UFAP-UNSA, n’a-t-elle pas trouvé rapide la reddition de la profession face à la ministre et aux avantages en matière financière ?
S’il y a quelques avancées en matière de sécurité du personnel et en avantages financiers, rien n’a été acquis en matière de protocole de prise en charge des surveillants agressés. Pourquoi 1 an 1/2 après, suis-je encore obligée de gérer moi-même mes démarches comme je le fais actuellement pour mes expertises.
A-t-elle eu envie de quitter la profession ?
Lors du dernier conflit, oui, quand je pense à mes derniers collègues blessés à Vendin et Borgo. Plus personne ne parle des blessés toujours hospitalisés ou en soin, on est vite oubliés, ça, c’est inadmissible ! Oui l’argent ne remplace pas notre sécurité.
 

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