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lundi 19 février 2018

Ils ont donné leur vie pour la France. Et nous ?

 
 




Ne serait–il pas temps qu’au minimum, vous mes compatriotes du XXIe siècle, vous donniez votre énergie et votre vaillance pour sauver la patrie des graves dangers qui la menace ?
 

Nombreux sont les Français conscients que notre pays bascule, au fil des années, vers une fin programmée.
Pas besoin d’être devin pour voir que, même face à un tel dénouement, notre peuple n’a plus la volonté de s’investir pour sauver la France.
Pourtant, il suffirait de toucher son âme dans cette période consumériste, de rejet de soi-même et de frilosité pour, peut-être, orienter le cours du destin différemment.
Une lettre resurgissant du passé pourrait être un premier signe de la Providence.
Alors que les gendarmes d’Aix-en-Provence et les policiers de la division centre de Marseille, suite à un cambriolage, mènent en janvier dernier une perquisition dans le Ve arrondissement de Marseille, ils tombent, parmi les objets dérobés, sur un courrier très particulier qui les intrigue puis, en le lisant, qui les émeut au point de vouloir retrouver, non l’auteur, mais les descendants de l’ami à qui était adressée cette missive.
Écrite par un soldat français de la Première Guerre mondiale, un de ces 1,4 million de poilus qui laissèrent leur vie dans cette tragédie du début du XXe siècle, elle résume parfaitement l’état d’esprit de ces combattants héroïques.
Dans ce billet, le sergent Jean Soulagnes, du 75e régiment d’infanterie, s’adressait à son « seul ami » Jean Audiffen depuis la Somme, juste avant de partir au front.
En voici les extraits majeurs :
« Je m’adresse à vous comme au meilleur, au seul de mes amis. Je pars dans deux heures pour une destination incertaine où doivent se passer de grandes choses. Et c’est à vous que je m’adresse pour éviter à une famille la douloureuse nouvelle […] Je connais votre cœur et je n’hésite pas à lui faire un appel suprême : vous ne refuserez pas le pénible service, en cas d’événement grave, d’avertir ma famille et ma fiancée qu’avant de mourir, après avoir donné ma vie au pays, mon âme ne pense qu’à eux et leur envoie mon adieu suprême. Je sais ce qu’est la guerre, mais je sais que de nous dépend la fin. De cette bataille viendra peut-être ma fin, mais aussi la victoire, et l’affreux cauchemar aura vécu. Dites-leur que c’est pour eux que j’ai la force de vaincre et de tout cœur je les presse sur mon cœur. Adieu mon vieux, bien fraternellement à vous. Jean. »

Ce texte fut écrit le 23 mai 1915.
Le 8 juin, quinze jours plus tard, ce sous-officier était tué dans la bataille de la Somme à Hébuterne. Ce jour-là, cinq régiments, dont le sien, avaient attaqué ce village du Pas-de-Calais.
Les soldats avaient pris deux lignes de tranchées ennemies sur un front de 1,2 kilomètre, ramenant de nombreux prisonniers allemands.
Hélas, ils ramenèrent aussi le corps de nombre de leurs camarades, dont celui de Jean Soulagnes.
Ce témoignage est d’autant plus poignant pour moi que, un mois plus tard jour pour jour, dans un autre coin de la Somme, mon grand-père, rappelé de 14, perdait la vie lors de l’attaque de son régiment, le 38e d’infanterie coloniale, contre le village de Barleux.
Cette lettre n’est pas qu’une page d’histoire émouvante, elle est aussi une leçon de patriotisme donnée aux jeunes générations.
Mais, surtout, elle pose un dilemme auquel l’avenir seul pourra nous répondre : si, moi, j’ai donné ma vie pour mon pays alors que ma fiancée et mes parents m’attendaient dans notre belle Provence, ne serait–il pas temps qu’au minimum, vous, mes compatriotes du XXIe siècle, vous donniez votre énergie et votre vaillance pour sauver la patrie des graves dangers qui la menacent ?

Qui sait, peut-être la mise au jour de cette lettre n’est-elle pas simplement le fait du hasard mais le signal, à travers l’au-delà, de faire de nouveau face au danger ?

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