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dimanche 3 décembre 2017

Dans Macron, il y a de toute évidence du Mitterrand…

 
 


Illustration: @GuillaumeTC

Le 03/12/2017


Récompensé de la Francisque à Vichy en 43 et, « en même temps », grand pourfendeur de boches au regard de la postérité…

Sur les ondes de Radio Courtoisie, Philippe Bilger a rendu récemment (25 novembre) un vibrant hommage au génie politique émanant, selon lui, de monsieur Macron.
Peu apte à manifester une prestance intellectuelle équivalente en guise de critique, je ne puis toutefois me défaire de mon impression première quant à cette élection : les modalités de conquête, d’acquisition ou de conservation du pouvoir, ainsi que le niveau (corollaire) du débat politique, me semblaient avoir atteint un tel degré de bassesse idéologique, au sortir du demi-siècle écoulé, que le premier petit technocrate propre sur lui risquait de faire l’affaire aux yeux d’un électorat radicalement lessivé…
Les termes exacts d’Henri Guaino, reconverti depuis chroniqueur radiophonique – là aussi, quelle farce ! – au lendemain du « strike » macronien, furent « petit technocrate arrogant ».
Selon lui, en effet, « à l’Ouest rien de nouveau », les grandes écoles en pondent des pelletées depuis Mathusalem…
Du coup, rarement le dicton selon lequel « au royaume des aveugles, les borgnes sont rois » n’avait paru coller si parfaitement au réel…
En des termes quelque peu différents, le philosophe Luc Ferry (Le Figaro du 30 novembre) formule au demeurant un diagnostic similaire :
« Les nouveaux convertis de La République en marche clament urbi et orbi que leur mouvement est “inouï”, “inédit”, “révolutionnaire”, et que le Guide Génial a changé la politique. C’est une pure blague qu’on aurait grand tort de véhiculer dans la presse. Je mets au défi d’indiquer ne fût-ce qu’une seule idée nouvelle dans la politique social-démocrate libérale aujourd’hui conduite par notre Président. La vérité est que la droite républicaine et la gauche démocratique se sont effondrées devant lui avant même qu’il ait besoin de livrer bataille.
Le philosophe Alain Finkielkraut, quant à lui, bien que concédant avoir opté Macron aux dépens de Marine Le Pen (choix, selon lui, entre une catastrophe et un désastre), trouva le procédé du futur vainqueur, consistant à visiter le mémorial de la Shoah la veille du scrutin, résolument cynique au regard des morts…
Bien loin, donc, des envolées lyriques d’un M. Bilger reconnaissant par ailleurs rétrospectivement, il faut s’en souvenir, s’être égaré en misant Hollande en 2012… errare humanum est.
Et là, précisément, où le commun des mortels pointerait chez Macron une ambiguïté douteuse, à l’occasion de son fameux « en même temps », M. Bilger y voit au contraire le graal du nectar de la quintessence d’un intellect tout en nuances délicates et variées…
Celles-là mêmes, affirme-t-il, par lesquelles il se laissa guider (à raison, sans doute) au long de sa délicate carrière (non politique) de magistrat. Ce qui permet néanmoins au « politique » Macron de fustiger, ici, un populisme néonazi agitant le spectre de l’immigration et de l’absence de frontières, là, de souhaiter que « les jeunes Africains restent en Afrique […] plutôt que de croire à un eldorado en Europe », (Le Parisien, 1er décembre) avant de conclure, devant un parterre d’étudiants à Ouagadougou (voir la vidéo sur Boulevard Voltaire) : « Je ne peux expliquer ça à mes classes moyennes ! […] Je vais leur dire quoi ? C’est formidable […] il n’y a plus de frontières, tout le monde est le bienvenu ? Mais c’est ridicule ! Parce que qui va financer ça ? »» (On notera, au passage, le « mes classes moyennes », semblant donner raison à Guaino : parole de « petit technocrate arrogant »).


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