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mercredi 30 août 2017

Police de la pensée : A-t-on encore le droit de dire quelque chose ?

 

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Un Décret passé en douce début août instaure une nouvelle forme de censure verbale au nom de la lutte contre l’homophobie et le racisme. Jusqu’où va aller la police de la pensée ?
 
La police de la pensée et la censure peuvent s’exercer de deux façons.
Dans un Etat totalitaire, c’est très simple.
La fonction de censeur existe officiellement et un département spécial ou ministère lui est uniquement consacré.
Les employés lisent et regardent tout ce qui vient de la société civile et coupent, taillent, gomment, corrigent ou remplacent tout ce qui ne convient pas au pouvoir et au discours officiel.
C’est ce qui se passe encore en Chine, à Cuba ou en Corée du Nord.
Dans un pays démocratique, la censure est exercée de manière plus subtile.
C’est une forme de surveillance permanente de la conformité qui se croît honnête et sincère car elle découle de bons sentiments.
Comme la censure idéologique décrite par Jean-François Revel dans l’essai « La nouvelle censure », elle fait croire à l’incriminé qu’il est dans le péché et qu’il faut l’en détourner.
C’est à coup sûr l’objectif du décret du 3 août 2017, passé donc en pleines vacances, quand peu de monde prête attention aux décisions gouvernementales.
Que dit le décret ?
Il « améliore » la répression des manifestations de racisme, de sexisme et d’homophobie pouvant se produire dans des lieux non-publics comme au sein des entreprises ou des établissements scolaires, en « élargissant ces infractions aux cas où elles sont commises en raison de l’identité du genre (sic) de la victime, afin de mieux lutter contre la transphobie ».
Il substitue aussi à la notion de race, celle de « prétendue race ».
Les punitions sont aussi « améliorées » en devenant de cinquième classe (amende de 1 500 à 3 000 euros).
Il est tout à fait normal de combattre le racisme (sous toutes ses formes), l’antisémitisme ou l’homophobie.
Mais de là à interdire toute parole, même dans le cadre privé, au risque de se voir traîné en justice, mis au pilori ou même condamné, il y a un gouffre qui vient d’être franchi.
Il existe aussi une liberté de parole ou d’expression ainsi que d’humour (voir les prises de positions à ce sujet de la part des comiques tels Rowan Atkinson ou John Cleese) qu’on ne devrait pas interdire dans un monde démocratique.
Il faut bien sûr savoir ne pas aller trop loin mais ce n’est pas au gouvernement d’en décider.

On ne convainc pas les autres de leurs erreurs par la contrainte, et notamment la censure, mais par la discussion et un travail de conviction.
De plus, cette forme de censure est pleine d’ambiguïté.
Qu’est-ce que la « transphobie » ou la « prétendue race » ?
Cela veut-t-il dire qu’il n’y a plus de différences entre les sexes ou entre les peuples ?
A la police de la pensée s’ajoute celle du langage.
Ce décret nous oblige à réfléchir plusieurs fois avant d’énoncer des phrases banales comme « Tu es très en beauté aujourd’hui ! »
Ne s’agit-il pas là de sexisme ?

Le gouvernement dicte notre pensée et notre langage.

Un grand comique est mort il y a quelques jours.
Parmi les rôles célèbres que Jerry Lewis a interprétés, figurent un travesti et un attardé mental. Pourrait-il encore jouer ces rôles aujourd’hui ?
Le décret du gouvernement français le condamnerait à coup sûr.

Sincèrement, M. Macron, ne faudrait-il pas mieux réformer la France plutôt qu’instaurer plus de censure verbale ?

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