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jeudi 3 août 2017

Michel Mercier : les “emplois familiaux” ont encore frappé !

 


Le 03/08/2017


Ce bon père de famille aurait embauché au Sénat ses deux filles comme assistantes parlementaires.
 
Il y a une semaine tout juste, on apprenait la nomination au Conseil constitutionnel de Michel Mercier en remplacement de Nicole Belloubet.
Au jeu des chaises musicales de ce début de quinquennat purificateur, la dame partait fissa s’installer dans le fauteuil du ministre de la Justice, fauteuil que les fesses du patron du MoDem avaient à peine eu le temps de chauffer, et le sénateur du Rhône était appelé à prendre sa suite.
Je le confesse ici, bien que ce rond centriste eût été, entre autres fonctions prestigieuses, ministre de l’Espace rural et de l’Aménagement du territoire, puis garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Libertés sous les mandats Sarkozy, j’avais totalement oublié son existence.
Se faire oublier, c’est le lot de ces hommes au physique de papy débonnaire, du genre qui inspire une inébranlable confiance.
Michel Mercier, qui fut aussi président du Sénat de 2002 à 2009, est « un vrai démocrate-chrétien », « un homme pragmatique, mais qui tient sur l’essentiel de ce qu’il croit », affirme Gérard Larcher.
La preuve : « Catholique pratiquant, il a parcouru les chemins de Compostelle avec François Bayrou. Il est chevalier dans l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Marié et père de cinq enfants, il s’occupe beaucoup de ses nombreux petits-enfants », écrivait Le Point ce 25 juillet.
Une telle unanimité paraît toujours suspecte.
Ainsi, il se trouve des sénateurs pour voir dans cet homme aux rondeurs si lisses « quelqu’un de malin, madré, qui sait y faire ».

Il est vrai que les révélations de ce mercredi, dans Le Canard enchaîné, feraient plutôt pencher pour cette option.
La machine à cancans nous apprend, en effet, que ce bon père de famille aurait embauché au Sénat ses deux filles comme assistantes parlementaires : Véronique entre 2003 et 2012 et Delphine entre 2012 et 2014.
Banal, me direz-vous, sauf que la seconde, rémunérée 2.000 euros par mois, résidait alors à Londres où elle œuvrait en qualité de « responsable des collections d’ethnographie à l’University College London ».
Comme l’écrit Le Canard avec humour, Delphine Mercier est une « spécialiste reconnue des reliques textiles de Thomas Becket conservées en France et en Belgique » dont l’utilité au Sénat ne manque pas d’étonner.
Son papa se défend : « J’ai fait venir ma fille pour me seconder dans mes fonctions à la commission de la Culture que je venais d’intégrer. »
Oui, mais voilà, Le Canard a enquêté et découvert qu’à l’époque, il n’était plus à la Culture mais « siégeait à la commission des Lois et n’est jamais intervenu en séance sur des questions culturelles ». Ach ! Damned !
Horreur et putréfaction, me voilà découvert !
Changement de braquet du bon père : « J’ai bien embauché ma fille pour travailler sur des dossiers culturels. Je m’occupais alors de questions culturelles localement […] Je voulais mieux connaître les questions culturelles par rapport aux nouvelles technologies. »
De son côté, Delphine Mercier affirme « avoir effectué une veille sur la culture, le patrimoine ou bien encore la coopération pour “développer le contenu” des fiches de son père ».
Un peu comme Penelope Fillon et ses fiches de lecture, en somme.
À l’annonce de la nomination de Michel Mercier au Conseil constitutionnel, la semaine passée, Le Point écrivait, élogieux : « [celle-ci] est encore soumise à l’avis de la commission des Lois du Sénat, ce qui ne devrait être qu’une formalité ».
La commission doit se prononcer aujourd’hui.
Les « sages » auront tous Le Canard sous les yeux…
On repassera pour la formalité…

Du coup, je suggère à Michel Mercier de graisser ses chaussures de randonnée.
Il va sans doute pouvoir repartir avec son ami Bayrou sur les chemins de Compostelle.

Ils y méditeront de concert sur les vanités terrestres.

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