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dimanche 13 août 2017

Ile-de-France: Les rodéos sauvages, plaie des villes de banlieue, dilemme des policiers

 
Un rodéo urbain à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis)

Un rodéo urbain à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis) — HADJ/SIPA
 
20 Minutes avec AFP
 
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SOCIETE Jean-Marie Vilain, le maire de Viry-Chatillon (Essonne), travaille à une proposition de loi anti-rodéo pour «la fin de l'année» avec d'autres maires du département...

Avec les beaux jours, la police est confrontée à un dilemme face aux jeunes qui font le show sur la roue arrière de leur moto-cross : comment empêcher ces rodéos sauvages qui exaspèrent les habitants, sans risquer l’accident, voire les émeutes ?

« Le problème revient tous les étés »

« Dès le printemps, on a toujours beaucoup de scooters et de quads qui font des roues arrière sans casque.
Les habitants s’en plaignent, parce qu’ils sont excédés par le bruit ou parce qu’ils ont peur que leurs enfants se fassent renverser », témoigne Jean-Marie Vilain, maire UDI de Viry-Châtillon.
« Le problème revient tous les étés » en banlieue parisienne, soupire l’édile, qui a interpellé le gouvernement avec huit autres maires de l’Essonne.
Avec des conséquences parfois dramatiques : un adolescent de 13 ansest mort le 5 août à Coignières (Yvelines) au guidon de son motocross.
Sans casque, il a percuté un arbre.
Le lendemain, un autre motard de 20 ans a succombé à une collision avec un autre amateur de rodéos à Wissous (Essonne).
Lorsqu’elle intervient, la police risque la course-poursuite, l’accident et les émeutes.
En mai,Curtis, un adolescent de Massy (Essonne) a fui la police sans casque sur son quad et s’est tué en percutant un bus.
L’enquête a exclu la thèse de la course-poursuite, mais la mort de ce jeune de 17 ans a provoqué deux nuits d’échauffourées et son nom est désormais scandé dans les rassemblements contre les « violences policières ».
 
« Interpellation délicate »

Après cet énième drame, Jean-Marie Vilain, travaille à une proposition de loi anti-rodéo pour « la fin de l’année », avec Vincent Delahaye (UDI), sénateur-maire de Massy, et Robin Reda, député-maire (LR) de Juvisy-sur-Orge.
En attendant, les policiers se sentent coincés.
Outre les nuisances, les motocross « ne sont pas faites pour être conduites sur du bitume par des jeunes inexpérimentés », s’inquiète un agent du Val-d’Oise, lui-même motard.
Ces engins montent en effet « très vite en puissance » et leurs pneus à grands crampons n’ont « aucune adhérence au bitume ».
« C’est très délicat de les interpeller car dès qu’ils nous voient, ils s’enfuient et on veut pas qu’ils aillent s’exploser contre un arbre », soupire-t-il.
Dix ans après, personne ne veut d’un nouveau Villiers-le-Bel dans le département.
Deux adolescents y étaient morts à motocross, percutés par une voiture de police, et 119 policiers avaient été blessés, notamment par balle, dans les émeutes qui avaient suivi.
Affirmer qu’il existe des « consignes » de ne pas poursuivre les contrevenants est toutefois « totalement faux », a déclaré récemment le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
La police se doit d’agir « avec circonspection », a-t-il précisé.
En cas de poursuite trop risquée, les agents identifient les contrevenants via leur plaque d’immatriculation -lorsqu’il y en a une- ou la vidéo-surveillance.
Les véhicules sont confisqués, les jeunes convoqués au commissariat après coup.
 
« L’adrénaline »

Consignes ou pas, Jules, Jordan et Sofian, racontent eux se faire traquer par la police jusque dans la campagne autour de Villiers-le-Bel.
« Il faudrait savoir : on le fait pas sur le bitume, à cause des poussettes ; mais quand on va dans les champs, ils viennent quand même, alors qu’on fait ça sur un chemin de terre, on n’abîme pas les plantations », râle le trio de 18 ans, fondu de motocross.
Sofian s’est déjà retrouvé au poste et fait confisquer sa moto.
Tous trois adorent « l’adrénaline », mais portent un casque.
Sinon, « on se fait embrouiller par les grands ».
Les habitants de leur cité du Puits-la-Marlière restent compréhensifs : « l’été, le gymnase est fermé, il n’y a rien d’autre à faire, ici », témoigne Geneviève.
Quant aux éducateurs, ils plaident pour l’encadrement de ces conduites à risque.
« On pourrait monter des ateliers de prévention, avec des pros, et de mécanique, qui déboucherait sur un CAP », suggère Claude Alcan, à Villiers-le-Bel.
D’autres municipalités ont installé des circuits organisés.
Mais les participants de ce « rite d’initiation viril », aussi ancien que le véhicule à moteur, « sont en démonstration, au milieu d’une scène.
C’est rentable sur le marché local des réputations », rappelle Marwan Mohammed, spécialiste de la délinquance juvénile.
« Si vous régulez, vous perdez la scène. »

Sofian le dit différemment : « On fait pas ça pour défier la police, mais pour le kiff ».

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