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mercredi 30 août 2017

Bruno Roger-Petit, ou la presse subventionnée jusqu’à l’écoeurement


 
 
 
30 août 2017
Bruno Roger-Petit, éditorialiste de Challenges, vient d’être nommé porte-parole de l’Élysée.
 
Cette nomination constitue un aboutissement logique pour un journaliste épinglé par sa propre rédaction pour son soutien excessif à Emmanuel Macron durant la campagne électorale.
 
Dans la France de Macron, la subordination de la presse au pouvoir atteint des sommets.

Durant la campagne électorale, tous ceux qui ont osé interroger ouvertement les relations de subordination malsaine entre Emmanuel Macron et la presse subventionnée ont fait l’expérience du bannissement.
Pourtant, l’entourage de celui qui est devenu Président n’a pas ménagé les pressions outrancières vis-à-vis de tout ce qui ne se montrait pas complaisant à l’égard de leur candidat.
Il n’aura pas fallu trois mois pour que les pots aux roses apparaissent.
L’un des éditorialistes les plus courtisans envers le candidat Macron vient d’être nommé porte-parole de l’Élysée.
Cette collusion était bien connue avant même l’élection du Président.
Mais il était de fait impossible de l’aborder publiquement sauf à passer pour complotiste, ou fasciste, ou je ne sais quoi de peu enviable.
Étrange destin d’un pays où le déni des évidences atteint parfois des paroxysmes de fièvre paranoïaque.
 
Challenges, l’un des titres les plus subventionnés au numéro
 
On notera avec amusement que Bruno Roger-Petit est un habitué de la subvention publique.
Dès aujourd’hui, il vit avec l’argent du contribuable pour défendre chaleureusement un Président qu’il avait qualifié, dans l’un de ses éditoriaux, d’intellectuel.
Mais hier déjà, il était rémunéré par le contribuable… partiellement en tout cas.

 
Challenges est en effet l’un des titres les plus subventionnés de France.
Au numéro en tout cas.
On nous permettra de souligner que cette façon de subventionner la presse constitue quand même une vilaine manie qui instaure, qu’on le veuille ou non, un rapport de subordination de la presse envers les pouvoirs publics au sens large.
On vient d’en avoir une nouvelle preuve avec ce nouveau porte-parole de l’Élysée.
 
Des subventions pour faire taire la vraie presse?
 
La subvention à la presse est un cercle vicieux.
La presse subventionnée est ennuyeuse, convenue, courtisane, consensuelle.
Elle se croit sérieuse.
Mais elle est si rasoir que personne ne l’achète.
Sans subvention, elle est condamnée à mourir.
Plus elle est subventionnée, moins elle fait d’efforts pour répondre aux attentes de ses lecteurs, et plus elle est rasoir.
Par un étrange retournement des valeurs, ceux qui ennuient leurs lecteurs et survivent grâce aux subventions du pouvoir se présentent volontiers comme les garants de l’indépendance et de l’objectivité face aux mécréants du Net qui seraient partisans et peu crédibles.
Cette inversion des valeurs vient d’être mise en lumière avec férocité par la nomination de Bruno Roger-Petit.
En réalité, la prétendue impartialité de la presse subventionnée est désormais bien expliquée aux Français.
 
Répétons-le: la presse « institutionnelle » est à la solde de ses financeurs, même si elle cherche à la faire oublier par des leçons quotidiennes de bien-pensance.
 
La collusion systémique entre la presse et le pouvoir

Sur le fond, Chomsky a parfaitement analysé le phénomène à l’un des avatars duquel nous assistons aujourd’hui.
Pour obtenir des « scoops », il faut être proche du pouvoir.
C’est l’intérêt du secret en politique: il donne de la valeur à ceux qui détiennent l’information.
Pour obtenir un scoop auprès d’une personne bien informée, il faut être complaisante avec elle, lui servir la soupe.
François Hollande l’avait bien compris.
Donc, le journaliste qui veut des scoops cirent les pompes des puissants.
Devenir leur porte-parole, en quelques sorte.
On appellera ce phénomène, désormais, la loi Roger-Petit.
 
Bruno Roger-Petit et la fabrique du consentement
 
Bruno Roger-Petit donne un bel exemple de fabrique du consentement en démocratie libérale, telle que Noam Chomsky l’a astucieusement démontée.
La campagne pour les présidentielles a permis de vérifier le rôle des médias dans la mise en place progressive d’un consensus autour d’une candidature jugée comme seule « démocratique » face à celle de Marine Le Pen parée de tous les oripeaux de l’extrême droite.

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