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samedi 29 juillet 2017

STX : encore un coup de menton du Macron

 


29/07/2017

 
Macron ou pas, renouvellement ou pas, les gouvernements français se suivent et se ressemblent.
 
L’annonce par le gouvernement français de la nationalisation de STX (ex-Chantiers navals de Saint-Nazaire) a sonné comme profondément incongrue dans la moiteur de fin juillet.
Curieuse annonce, qui peut déclencher enthousiasme ou répulsion, qui mérite d’être mise en perspective avant tout jugement définitif.
Sur le fond, que l’État français nationalise une capacité industrielle irremplaçable pour l’industrie de défense maritime, pourquoi pas.
C’est, d’ailleurs, ainsi que plusieurs politiques ont salué cette décision.
Pour autant, cela ne suffit pas à emporter notre enthousiasme, pour la série de raisons suivantes :
– Cette nationalisation est annoncée comme temporaire.
Ce qui s’appelle décaler le problème, car rien n’est réglé, et surtout pas la constitution d’un hypothétique « Airbus du naval » avec les Italiens, qui viennent d’être cocufiés en beauté, nous y reviendrons.
– Cette nationalisation est d’ailleurs cocasse quand on sait que son annonce suit de quelques jours une précédente, émanant du même ministre, le souplissime Bruno Le Maire, comme quoi l’État allait se désengager de plusieurs participations au capital de grandes entreprises, pour viser un revenu d’environ 10 milliards d’euros.
Les participations cosmétiques ayant depuis longtemps été vendues, on voit mal la cohérence entre ce qui est stratégique et ce qui ne l’est pas ; on voit surtout la différence entre des participations qui rapportent des dividendes (qu’on s’apprête à vendre) et celles qui n’en rapportent pas (comme STX).
– Qu’on ne nous fasse pas avaler que l’État macronien en vienne à développer enfin une vision stratégique sur nos technologies de souveraineté.
Outre le scandale tout récent du rabot budgétaire sur la Défense, qui pénalise principalement les industries de défense, on voit mal pourquoi le Président qui sauverait STX serait le même que le ministre qui a sacrifié Alstom à l’américain General Electric, sur des technologies et des savoir-faire au moins aussi nécessaires, si ce n’est plus, à l’indépendance nationale que ne l’est STX.
– Si l’État français avait une vision industrielle de ses participations, il dépêcherait sans doute au sein de l’APE (Agence des participations de l’État, qui veille sur le portefeuille de l’État actionnaire) autre chose, comme directeurs de participations, que de jeunes énarques inspecteurs des finances qui considèrent leur poste comme un tremplin pour une carrière.
La décision macronienne apparaît pour ce qu’elle est : un coup de pression aux Italiens, jumelée d’un coup médiatique, pour pas cher et sans lendemain (la mesure est temporaire) ni ligne stratégique.
Au-delà de tout ce qu’elle n’est pas, et que nous venons de décrire, il y a aussi ses côtés absolument détestables, et j’en vois deux :
– Le premier scandale est le reniement de la signature de l’État. On peut penser ce qu’on veut du gouvernement précédent, mais il avait signé un accord avec les Italiens.
En agissant ainsi, l’État français vient de dire que sa signature n’a, en fait, pas plus de valeur que celle d’une république bananière.
Certes, la maison Hollande, dont est issu notre jeune César, est coutumière du fait.
Déjà, pour des histoires de bateaux, la France a renié sa signature en refusant à la Russie la livraison des fameux Mistral.
– La seconde, c’est qu’une fois de plus, ce gouvernement, comme les précédents, agit dans une confusion totale des moyens publics et privés.
On aurait peut-être pu attendre d’un gouvernement Macron, avec sa réputation libérale, qu’il en finisse avec les pires travers de l’État omniscient et omnipotent.
Las, la décision sur STX, quelques jours après la décision sur l’équipementier automobile GM&S dans la Creuse, témoigne de ces mêmes interférences.
Macron ou pas, renouvellement ou pas, les gouvernements français se suivent et se ressemblent.

 Énarques arrogants et incompétents, sujétion à la finance, abdication de toute décision de long terme pour satisfaire la tyrannie du court terme.

Car c’est malheureusement à l’aune de ces repères qu’il faut évaluer la décision STX.

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