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mardi 28 mars 2017

Les dossiers noirs de l’Élysée (écoutes, filatures, surveillance...)

Le 28/03/2017


 
 Photo © AFP
Auteur
Jeudi 23 mars 2017
 
C'est depuis le palais de l'Elysée que François Hollande a coordonné une cellule dont la mission quasi exclusive a consisté à le renseigner sur adversaires politiques, de droite... comme de gauche.


En couverture. Écoutes, filatures, surveillance : un livre révèle les manoeuvres de François Hollande pour combattre ses adversaires politiques.
Une enquête accablante qui achève le président sortant.
Les bonnes feuilles de Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d’un quinquennat, que nous publions, éclaboussent comme jamais auparavant la présidence de François Hollande. L’affaire est grave.
Elle met en lumière les dérives de la présidence de la République, qui a cherché à s’informer et à déstabiliser, par (presque) tous les moyens, ses opposants.
Trois journalistes d’investigation lèvent ainsi le voile sur la manière dont François Hollande a tenté d’utiliser le ministère de l’Intérieur et ses outils de surveillance et de collecte d’informations pour servir sans succès un intérêt politique : sa réélection.
Mais aussi la presse, en n’hésitant pas à faire fuiter opportunément des informations compromettantes sur ses opposants, jusque dans son propre camp, comme ce fut le cas manifestement contre Manuel Valls et son équipe rapprochée — son chef de cabinet sera photographié au téléobjectif.

« Difficile de ne pas voir la patte de Hollande »

L’espionnage politique au sommet de l’État semble être devenu une manie, tout comme les nominations au sein de l’appareil judiciaire, pour pouvoir “être branché” en permanence avec les affaires politico-financières du moment.
À lire les trois auteurs, les écoutes téléphoniques et la diffusion de leurs transcriptions sur des “blancs” se sont presque généralisées.

Plus accablant : la production de ces notes blanches sur la vie privée de concurrents et sur les affaires judiciaires touchant à la politique a même explosé depuis 2012.

Méthodiquement, chaque adversaire politique fait l’objet d’un traitement individuel avec une utilisation systématique de leviers variés : campagnes de presse, divulgations de procédures judiciaires, révélations et menaces sur la vie privée de candidats potentiels à la présidentielle.
Les auteurs du livre ne l’affirment-ils pas ?
« Derrière ces ennuis à répétition qui ciblent les principaux rivaux du président sortant, difficile de ne pas voir la patte de Hollande. »

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Pas vraiment classés à droite, Didier Hassoux, journaliste au Canard enchaîné, Christophe Labbé, qui a rejoint le “palmipède” il y a quelques mois après avoir été au Point pendant de longues années, tout comme Olivia Recasens, qui a quitté l’hebdomadaire il y a quelques semaines, publient cette enquête implacable nourrie aux meilleures sources.
S’ils révèlent que le chef de l’État ne s’était pas préparé à prendre en main l’appareil policier, ils racontent comment toutefois il se serait servi d’un cabinet noir pour discréditer ses concurrents à la présidentielle de 2017.
Election à laquelle il s’était préparé à concourir en duel face à Nicolas Sarkozy, avant de se prendre les pieds dans le tapis et de finalement disparaître du jeu.

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François Hollande et Jean-Pierre Jouyet, son secrétaire général de l'Elysée et ami de promotion de l'Ena. Les informations sensibles transitent par lui. Photo © AFP
La technique des “poupées russes” ou des “filets dérivants” se révèle d’une efficacité redoutable

En octobre 2013, lorsque Valeurs actuelles révèle l’existence d’un cabinet noir à l’Élysée, personne n’imagine ce qui va être écrit moins de quatre ans plus tard dans ce livre, qui prouve et même aggrave — si les informations sont confirmées — les charges pesant contre l’Élysée.
Une cellule aux ramifications profondes, dans les plus hautes sphères de l’appareil de l’État, a été mise en place par François Hollande.
Objectif : empêcher par tous les moyens que Nicolas Sarkozy puisse se présenter à l’élection présidentielle.
Écoutes abusives, fuites de dossiers judiciaires (en théorie protégés par le secret de l’instruction), publication des comptes rendus de ses auditions devant les juges et de ses conversations téléphoniques.
Les policiers et les magistrats qui nourrissent la presse, en violation de la loi, ne seront jamais inquiétés.
Sous la pression, Nicolas Sarkozy sera même obligé d’ouvrir une ligne sous un faux nom — Paul Bismuth — afin d’échanger avec son avocat — un comble ! — pour échapper aux écoutes.
Même ce téléphone finira par être identifié par la justice et finalement placé, lui aussi, sur écoute.
Le système médiatique, aidé par une partie de l’appareil judiciaire et de certains fonctionnaires de police, participe ainsi au petit jeu de massacre.

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Alors qu’arrive la fin du quinquennat, les langues se délient.
Et les acteurs de la présidence Hollande livrent les secrets les plus inavouables.
Déjà, dans l’Élysée off , Stéphanie Marteau et Aziz Zemouri, en 2016, confirmaient : « Oui, il y a bien un cabinet noir à l’Élysée. »
Selon eux, les informations collectées transitent par Jean-Pierre Jouyet, le secrétaire général de l’Élysée, qui les « distille ensuite au président de la République ».
Sans surprise, François Fillon est depuis le début de sa campagne sous le feu nourri du même système qui ne veut pas de candidat de droite à la présidentielle.

Qu’il s’appelle Sarkozy ou Fillon.

Le candidat aura mis du temps à établir les liens.
Il a affaire aux mêmes juges que Nicolas Sarkozy : Serge Tournaire, Aude Buresi ; au même service d’enquête, l’OCLCIFF ; au même parquet, le PNF ; les journalistes qui bénéficient de la violation du secret de l’instruction pour publier leurs scoops sont aussi précisément les mêmes.

La technique des “poupées russes” ou des “filets dérivants” se révèle d’une efficacité redoutable : une affaire permet d’en ouvrir une autre, et ainsi de suite.
Diaboliquement efficace pour convaincre l’opinion publique de la culpabilité d’un homme politique. Mais aussi, de moins en moins discrète, c’est l’objet de cette enquête : montrer comment, depuis le sommet de l’État, sont orchestrées les cabales politiques, judiciaires et médiatiques.

Extraits.

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"Sarkozy, je le surveille, je sais tout ce qu'il fait". Photo © e-pressphoto.com

Seize mois après avoir quitté l’Élysée, Nicolas Sarkozy a été placé sur écoute.
Pendant près d’un an, la police judiciaire a espionné ses conversations.
Une première dans les annales de la Ve République.
Depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir, c’est comme si une malédiction judiciaire s’était abattue sur son prédécesseur.
En 2017, cinq ans après sa défaite électorale, ce sont pas moins de treize affaires judiciaires qui empoisonnent Nicolas Sarkozy ou son entourage.
Au point que les sarkozystes, prompts à s’afficher en victimes, y voient la main d’un cabinet noir.

Comment Hollande utilise la chancellerie et Tracfin

Plusieurs observateurs bien placés dans l’appareil policier nous ont ainsi décrit par le menu l’existence d’une structure clandestine, aux ramifications complexes, et dont le rayon d’action ne se serait pas cantonné au seul renseignement territorial. […]
Pour orchestrer les affaires judiciaires il existe une mécanique complexe aussi efficace que redoutable.

Hollande a su en tirer profit.

D’abord il y a Tracfin, le service de renseignement financier de Bercy, le ministère piloté durant tout le quinquennat par Michel Sapin, un ami de quarante ans du président.
La plupart des affaires judiciaires qui ont empoisonné Sarko et les siens ont trouvé leurs racines ici, dans cet immeuble ultra-sécurisé du IXe arrondissement de Paris, entièrement classé secret-défense.

Là, cent vingt fonctionnaires sont habilités à fourrer leur nez dans les comptes en banque de n’importe qui.

Chaque semaine, le patron de Tracfin prend le chemin de l’Élysée pour assister, avec les directeurs des six autres services secrets, à la réunion organisée par le coordinateur du renseignement. […]
Afin d’allumer la mèche d’une affaire politico-financière, il suffit que Tracfin pêche au bon endroit, remonte dans ses filets une infraction et la transmette officiellement à la justice.
Ou officieusement à un service enquêteur qui se chargera de mener “une enquête d’initiative” avant qu’un magistrat ne la reprenne à son compte.
Une fois la machine lancée, le dossier emprunte un alambic judiciaire, sous le regard d’un autre ami du président, le directeur des affaires criminelles et des grâces, Robert Gelli, qui a partagé la même chambrée que François Hollande et Michel Sapin lors de leur service militaire. […]
Lorsqu’il dirigeait l’association des procureurs, Gelli en avait fait l’arme de guerre des “petits pois” (expression péjorative de Nicolas Sarkozy pour désigner les juges, qui « se ressemblaient tous ») contre Sarkozy, déclenchant même une pétition chez les parquetiers — une jacquerie sans précédent.
Il avait à cette époque comme adjoint au sein de l’association Bruno Dalles, l’actuel patron de Tracfin.
Depuis la Direction des affaires criminelles et des grâces (DACG), véritable tour de contrôle de la Place Vendôme, Gelli peut suivre en temps réel l’avancement de tous les dossiers politico-financiers. « La DACG n’est pas seulement l’oeil de la chancellerie, c’est aussi un moyen de piloter discrètement les dossiers politiquement sensibles », allègue un parquetier.

Une pratique assumée par la chancellerie.

Sur le papier, pourtant, c’en est fini de l’ère Sarkozy : il n’y a plus d’“affaires signalées”, ces dossiers que le pouvoir exécutif surveille de près et sur lesquels il intervient autant que de besoin, par le biais d’“instructions individuelles” adressées aux magistrats.
« En fait, les choses se font plus subtilement, par exemple, sur l’opportunité d’ouvrir une information judiciaire, des consignes sont données… mais oralement », nous précise un magistrat.
Chaque fois, ce sont les mêmes juges d’instruction qui sont désignés pour les affaires qui intéressent le Château.
Ils sont moins de cinq, dont on retrouve le nom dans tous les dossiers qui concernent Sarkozy.

Des habitués de la méthode des poupées russes.

Hollande informé par des “blancs” : Sarkozy dans le viseur
Un dérapage verbal incontrôlé : « Sarkozy, je le surveille, je sais tout ce qu’il fait », fanfaronne le président devant dix-neuf députés socialistes qu’il reçoit, le 17 février 2014, à l’Élysée.
« Hollande a toujours voulu garder un oeil sur ses ennemis et même sur ses alliés de circonstance qui pourraient devenir ses adversaires », prévient en écho un éléphant socialiste qui a pratiqué à ses dépens l’ancien premier secrétaire du PS.

Un “allié de circonstance” comme Alain Juppé, fidèle de Chirac s’il en est ?

François Hollande n’a-t-il d’ailleurs pas nommé Augustin de Romanet, un des soldats du maire de Bordeaux, à la tête de l’un des plus gros fromages de la République : Paris Aéroport.
Est-ce pour garder un oeil sur lui que Hollande y a également placé l’ex-préfet de Corrèze Alain Zabulon [celui-ci a régulièrement été cité dans les enquêtes de Valeurs actuelles comme une pièce maîtresse du cabinet noir, NDLR], ancien coordinateur national du renseignement ?
Un homme en qui le président a toute confiance et qu’il a suggéré à Augustin de Romanet comme directeur de la sûreté.
Les propos imprudents de Hollande sur la surveillance de Sarkozy, Bruno Le Roux, le patron du groupe PS à l’Assemblée nationale, s’est aussitôt empressé de les démentir : « Le président de la République n’écoute ni ne surveille personne ! »
Celui qui n’était pas encore ministre de l’Intérieur avait sans doute encore à apprendre, du moins si l’on en croit un vieux routard de la PJ : « Quand on branche une personnalité, on sait que les infos récoltées ne partent pas toujours uniquement au bureau du juge. Elles peuvent aussi nourrir des “blancs”. On sait que notre hiérarchie va faire remonter ces informations en haut lieu. C’est une pratique qui a toujours existé… »
Lui comme ses collègues, manifestement rompus à ces méthodes, ne croient pas une seconde au scénario servi par l’Élysée, selon lequel François Hollande aurait découvert la mise sur écoute de Nicolas Sarkozy en lisant le journal le Monde.

Pas plus qu’ils n’imaginent un Manuel Valls laissé dans l’ignorance.

[…] Quant à la Place Beauvau, elle est nécessairement dans la boucle dès le départ, puisque ce sont les fameux policiers de la Division nationale de l’investigation financière et fiscale, devenue l’Office central de lutte contre la corruption, les infractions financières et fiscales, qui ont branché les téléphones de l’ancien président, puis retranscrit ses conversations, tout en le géolocalisant en temps réel.
La police judiciaire de la préfecture de police de Paris pilotée depuis l’Élysée
Le patron de la PJ parisienne [Bernard Petit, NDLR] règne sur deux mille deux cents policiers et voit passer des dossiers politiquement très sensibles.
En lien direct avec l’Élysée, véritable contre-pouvoir au ministère de l’Intérieur, la PJPP est aussi un sacré panier de crabes où les carrières se font et se défont, et les rivalités s’exacerbent.
L’étonnante demande de Bernard Petit
À peine arrivé, [le vallsiste Bernard Petit, patron de la PJ parisienne de décembre 2013 à février 2015, au moment des révélations contre Nicolas Sarkozy, NDLR] aurait demandé au chef de la Crim’ s’il avait quelqu’un pour faire des fadettes en toute discrétion.
Une demande aussitôt ébruitée.
Une cellule de renseignement occulte d’une dizaine de personnes
Afin de prendre le contrôle de la boutique, Jack Bauer [surnom de Bernard Petit, NDLR] se donne six à huit mois.
Et il a un plan.
Dupliquer le service de renseignement criminel dont il avait fait une arme de guerre lorsqu’il était à Nanterre. […]
Pour monter au 36 cette cellule rens’ d’une dizaine de personnes, Petit recrute même à la DGSE. Avec, en appui opérationnel, des hommes fiables qu’il dissémine dans différents services de la PJ sous la casquette de “documentaliste”.
Des “Imsi-catchers” utilisés contre Nicolas Sarkozy ?
Comment le portable caché de Sarkozy, le “toc”, comme on dit dans un jargon commun aux flics et aux voyous, a-t-il été repéré ?
Quand Thierry Herzog achète dans une boutique SFR, à Nice, deux puces téléphoniques prépayées, avec la carte d’identité de l’un de ses anciens copains de lycée, Paul Bismuth, les deux hommes sont persuadés d’avoir parfaitement sécurisé leurs communications secrètes d’autant qu’ils n’utilisent ces lignes que pour échanger entre eux.

D’où la sidération de l’avocat, lorsque des policiers se présentent à son domicile à la recherche du toc en question.
« Les collègues lui ont ordonné de présenter ses téléphones. Il leur en a donné deux ou trois. Ils ont demandé s’il en avait un autre. Herzog a répondu “non”. Ils ont alors composé le numéro du téléphone de Bismuth, qui s’est mis à sonner dans la poche de son peignoir. L’avocat était livide… », raconte avec gourmandise un officier de la PJ de Nanterre. […]


 
En se présentant à la primaire de la gauche, Arnaud Montebourg et Benoit Hamon, persuadés d'être dans le viseur d'officines, n'ont plus communiqué que sur Telegram, la messagerie cryptée censée échapper aux grandes oreilles. Photo © AFP

« Savoir que la personne “branchée” utilise aussi un toc est une chose, identifier le numéro caché en est une autre, ajoute notre OPJ. […] le plus simple est d’utiliser un Imsi-catcher. »
Des appareils [utilisés dans les affaires de terrorisme, NDLR] dissimulables dans un sac à dos ou une valise qui, en imitant le fonctionnement d’une antenne relais de téléphonie mobile, avalent à distance les communications de tous les portables qu’ils identifient y compris en mode veille.
La plupart des Imsi-catchers sont en dotation à la DGSI et à la DGSE : les espions des deux services secrets en possèdent au moins une douzaine.
Une cellule chargée des surveillances discrètes dans les domaines sensibles

Pour placer des hommes fiables à des postes clefs dans l’appareil sécuritaire, des “flics” chiraquiens sont appelés à la rescousse.
Le plus marqué est sans conteste Philippe Klayman. […] [Il] a tout de suite dit “oui” lorsque, quatre mois après l’élection de Hollande, le nouveau pouvoir lui a proposé de devenir patron des CRS.
Un poste ultra-sensible parce que le maintien de l’ordre est une matière politiquement explosive, encore plus sous la gauche.
Et puis les CRS ont une autre mission, plus confidentielle, celle de protéger en deuxième rideau l’intimité du président et des membres du gouvernement.
C’est cette même proximité avec la Chiraquie qui conduit la gauche à nommer directeur du renseignement territorial Jérôme Léonnet.
À cette place stratégique, cet ancien conseiller sécurité de Dominique de Villepin […] a pour mission de redéployer une force susceptible de collecter autant d’infos que les ex-Renseignements généraux. […] Il dote ce nouveau service d’un bras armé, la Division nationale de la recherche et de l’appui (DNRA).
Forte d’une soixantaine de personnes, la DNRA, ou “D7” pour les intimes, est officiellement chargée des surveillances discrètes dans les domaines sensibles.
[…] Léonnet nourrit la curiosité du Château avec des notes “qui n’ont jamais existé” sur des sujets politico-financiers.

Le chef de cabinet de Valls photographié soudainement par la police
À l’époque où François Hollande n’a pas encore renoncé à être candidat à sa propre succession, un autre rival potentiel que Sarkozy est dans son collimateur : Manuel Valls.
Le chef de l’État ne va pas se priver de brider les ambitions de son Premier ministre.
Le 5 septembre 2014, Sébastien Gros et Serge Kasparian, attablés au Caméléon, un bistrot chic de la rive gauche parisienne, ne se doutent pas un seul instant qu’ils sont photographiés au téléobjectif.

Les policiers des Courses et Jeux qui immortalisent la scène savent que leurs clichés vont faire date. Le chef de cabinet du Premier ministre Manuel Valls est surpris en grande conversation avec le patron de l’un des cercles de jeux parisiens visés par une opération mains propres.
Sébastien Gros, trente-cinq ans, est l’homme de confiance de Valls.
[…] Ce jour-là, il rencontre un drôle de zigoto.
Serge Kasparian, la cinquantaine, silhouette massive et visage buriné, dirige le Cercle Cadet, un établissement de jeux du nord parisien où l’argent coule à flots.
En toute logique, le parquet de Paris [a ouvert] une enquête préliminaire le 28 décembre 2012 [concernant le Cercle Cadet].
Six mois plus tard, l’embryon de dossier [était] transmis à Serge Tournaire.

Ce juge d’instruction est apprécié à l’Élysée pour son opiniâtreté dans les affaires mettant en cause Sarkozy.
Star du pôle financier, il est l’un des premiers à découvrir les surprenantes photos de Sébastien Gros mais aussi à entendre ce qui se dit au cours du déjeuner. […]
À la Direction des affaires criminelles et des grâces, Robert Gelli, proche de Hollande, suit avec attention le déroulé des événements.
Si la volonté de l’Intérieur est de nettoyer les cercles de jeux, considérés à juste titre comme des lessiveuses à argent sale, l’Élysée y voit sûrement un autre avantage.
[…]  avec cette opération main propres, qui touche un proche conseiller de Manuel Valls, l’Élysée double la mise.

L’entourage de Manuel Valls en est pour sa part totalement persuadé : le Château fomente des coups bas.

Comme cette fâcheuse rumeur d’une liaison entre le chef du gouvernement et sa ministre de l’Éducation qui alimente les conversations dans les salles de rédaction.

L’ami Stéphane Fouks est illico appelé à la rescousse pour éteindre l’incendie médiatique.
Le pape de la communication de crise, patron de Havas Worldwide, ex-Euro RSCG, est un copain de fac du Premier ministre.
C’est le même qui joue le pompier volant, lorsque l’épouse de Manuel Valls, Anne Gravoin, est épinglée dans l’Obs.
Un article décrit les conditions de financement de l’orchestre de la jeune femme par un curieux attelage : un mystérieux homme d’affaires algérien représentant en France un conglomérat koweitien, un marchand d’armes sud-africain, qui préside le plus grand groupe d’armement du continent, et l’homme de confiance du président congolais Denis Sassou Nguesso, un ancien de la Françafrique décoré en catimini de la Légion d’honneur par Manuel Valls.

Dans les couloirs de Matignon, on fait remarquer aux curieux que cette enquête à charge a été conduite par une société d’intelligence économique proche de l’Élysée, qui travaille en sous-main avec la DGSE…

Valls à son tour victime de Hollande ?

 

Photo © ABACA

En octobre 2016, alors que Manuel Valls caresse l’idée de se présenter à la présidentielle, sort un livre qui déstabilise un de ses amis.
Dans Nos très chers émirs, consacré aux liens entre la France et les monarchies du Golfe, le secrétaire d’État chargé des Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen est accusé d’avoir reçu des pots-de-vin de l’ambassade du Qatar.
Le jour même de la publication, le chef du gouvernement dénonce sur les ondes de France Inter une « campagne de déstabilisation » à son encontre.
 Dans sa tête, les munitions contre Le Guen ont été, en partie, fournies par le Château avec l’aide d’un dévoué artificier, Bernard Bajolet, le directeur de la DGSE.
La cible était d’autant plus idéale que Le Guen, censé consacrer tout son temps aux députés et aux sénateurs, accompagne Valls dans nombre de ses déplacements à l’étranger.
Avec une prédilection pour les destinations africaines.

Parce qu’il se croyait intouchable, le Premier ministre n’a pas vu venir le coup…

“Bienvenue Place Beauvau, Police : les secrets inavouables d’un quinquennat”, d’O. Recasens, D. Hassoux et C. Labbé, Robert Laffont, 264 pages, 19,50 €.

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