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mercredi 1 mars 2017

Bertrand Soubelet, général courage devenu général naufrage…

 


Le 01/03/2017


Alors donc, le général de corps d’armée (2S) Bertrand Soubelet rejoint… Emmanuel Macron.

La nouvelle a été donnée par L’Essor, premier organe de presse de la gendarmerie.
L’Essor dit en avoir eu confirmation de la bouche même de l’intéressé, ce fameux « général courage » dont la notoriété n’aurait jamais dépassé les grilles de caserne de gendarmerie et quelques états-majors feutrés s’il n’avait pas, le 18 décembre 2013, au cours de son audition à l’Assemblée nationale — dans la cadre de la mission parlementaire d’information de lutte contre l’insécurité —, dénoncé publiquement « six mille emplois supprimés, une procédure trop complexe, une justice sans moyens, des délinquants dans la nature malgré l’engagement des gendarmes et des magistrats, des coupables mieux considérés que les victimes ».
La déclaration, qui retentit comme un coup de tonnerre, lui valut la reconnaissance éperdue de ses troupes, le soutien bruyant de la droite, du FN aux LR, et une affectation à la tête de la gendarmerie d’outre-mer – qui n’est pas tout à fait un séjour à la Santé, on en conviendra, mais fut vécue comme une mutation disciplinaire et, comme telle, suscita l’indignation.
Il a franchi le Rubicon, comme disait Malraux, mais c’était pour y pêcher à la ligne.
Il dit avoir rencontré Macron et le rejoindre parce que celui-ci se situe « au-delà des clivages ».
Au-delà des clivages, ce n’est rien de le dire.
Et même au-delà du suivage, pour l’Homo logicus moyen : Bertrand Soubelet se mettra donc « en marche » avec Daniel Cohn-Bendit, qui pourra, sur la route, lui apprendre — ce sera drôlement sympa et ça fera passer le temps — à scander en rythme « CRS, SS ».

Le discours de Macron était déjà, de l’avis général, aussi creux qu’illisible — voyant dans la colonisation, en novembre, « des éléments de civilisation » et, en février, « un crime contre l’humanité », inventant donc le concept audacieux de « crime contre l’humanité avec des éléments de civilisation »… —, c’est, à présent, tout son entourage aux allures d’auberge espagnole qui résonne comme une calebasse vide : qui veut tout dire ne veut rien dire.
Certains s’étaient posé des questions dès la parution du livre de Soubelet, intitulé lourdement Tout ce qu’il ne faut pas dire – comme ces boutiques de province qui s’appellent « Au chic français » ou ces coupe-tifs surannés « Coiffure moderne » -, parce que, pour qui jette un œil à l’intérieur, cela ne tombe pas sous le sens : mis à part quelques constats de bon sens inhérents à son travail sur le terrain, il offrait plutôt du général courage l’image d’un général bien sage.
Il avait eu, du reste, les honneurs de Paris Match, où il avait pu s’employer à se laver du soupçon de « faire partie de l’extrême droite » : « Pas du tout. Je me retrouve même parfois davantage dans les idées de gauche que de droite. Et quand je constate qu’aux dernières régionales, six millions de Français ont voté FN, cela me glace le sang. »
Dont acte.
L’Essor nous annonce un deuxième tome qui traitera de tout ce qu’il n’a pas « pu aborder la fois précédente », étant encore en fonction, « et notamment les faillites des gouvernements successifs sur un certain nombre de politiques publiques concernant l’immigration, la laïcité ou l’islam ».
L’œuvre, en somme, de ceux qu’ils s’apprêtent à rejoindre.

 Pas sûr que les mêmes lecteurs soient cette fois au rendez-vous du général naufrage…

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